Index Mondial de Persécution (Page 20 / 43)
Turkménistan
Le régime dictatorial veille à ce qu'aucun mouvement indépendant, comme des églises, ne se forme.
Contexte
Le Turkménistan est un pays dirigé par un régime autocratique qui impose un contrôle strict de l'État pour empêcher l'émergence de tout groupe économique, social ou culturel indépendant, y compris les églises.
Sources de persécution
L'État est de loin le plus grand persécuteur des chrétiens, avec comme principale cause la paranoïa dictatoriale. L'élite, aux côtés du président Berdimuhamedow, fera tout ce qu'elle jugera nécessaire pour rester au pouvoir, en neutralisant tous les groupes qu'elle considère comme dangereux.
La seconde source de persécution est la corruption organisée. Le Turkménistan fait partie des pays les plus corrompus du monde. Il est riche en ressources naturelles, grâce à de grandes poches de gaz dont certaines ont été découvertes récemment. Seule une petite minorité du pays bénéficie de ces richesses potentielles. Tous ceux qui osent s'élever contre cette injustice sont immédiatement réprimés. Les chrétiens sont victimes de cette persécution dès qu'ils dénoncent le système.
Les chrétiens d'origine musulmane subissent une pression supplémentaire de leur famille et leur communauté. Tous les chrétiens peuvent être victimes de méfiance et de pression sociale, en particulier dans les régions rurales, mais ceux d'origine musulmane souffrent de bien d'autres problèmes, y compris de violence physique.
À cause du contrôle strict de l'État, toutes les assemblées chrétiennes doivent être officiellement déclarées. Toute activité religieuse non déclarée est illégale et le gouvernement utilise le Conseil aux affaires religieuses pour surveiller et faire pression sur les églises. Il y aurait des informateurs dans les églises. Les chrétiens doivent donc toujours prendre garde à ce qu'ils disent et comment ils le disent, que leur assemblée soit déclarée ou non. La police et les services secrets surveillent également l'Église. Des rafles durant les cultes ont débuté dans presque toutes les régions du Turkménistan. Les groupes déclarés subissent aussi des fouilles et des interrogatoires. Selon un récent rapport, la fréquence des rafles a augmenté. La déclaration officielle est un processus administratif. Pour les communautés turkmènes indigènes, elle est impossible à obtenir et pour les autres, c'est presque impossible.
L'enseignement religieux est interdit, mis à part l'éducation de base à petite échelle dans certaines mosquées et églises orthodoxes russes. Les communautés religieuses ne peuvent pas organiser de cours, d'études approfondies ou de formations menant à des diplômes. Comme le gouvernement l'a déclaré dans son rapport de janvier 2010 au Conseil des droits de l'homme des Nations unies sous le Pacte international relatif aux droits civils et politiques : « L'enseignement de la religion en privé est interdit. » En plus de cela, toute publication ou impression religieuse est prohibée. L'importation et la distribution de littérature nécessitent une autorisation qui est rarement accordée.
En général, l'église orthodoxe russe est moins harcelée que les autres groupes. Mais tous les chrétiens, ainsi que d'autres groupes « déviants » subissent l'influence du livre de l'ancien président Niazov, intitulé Ruhnama, qui lie les Turkmènes à l'islam et à une interprétation particulière de l'histoire du pays. Le Ruhnama ainsi que d'autres textes écrits par le président actuel seraient encore utilisés dans les programmes scolaires et universitaires du pays. Toutefois, l'attention se dirige vers le président actuel. Le culte de la personnalité a changé d'homme et de nom, mais pas de nature.
Tous les moyens de communication sont surveillés, les maisons et les lieux de culte déclarés ou non sont fouillés par la police. Les bibles et la littérature chrétienne sont alors confisquées et les chrétiens sont accompagnés au poste de police pour un interrogatoire. Ils sont menacés, intimidés et reçoivent parfois une amende. Ils risquent d'être expulsés de chez eux ou de perdre leur emploi. Leurs enfants peuvent être renvoyés de l'école. Les proches des chrétiens subissent également des intimidations et sont menacés de perdre leur emploi.
Perspectives
Au Turkménistan, rien n'a vraiment changé ces dernières années. La pression et le harcèlement de la minorité chrétienne restent élevés, le régime dictatorial est très répressif, la corruption s'étend et les chrétiens d'origine musulmane souffrent dans leur famille et leur communauté. Après l'Ouzbékistan, c'est le pays d'Asie centrale le plus répressif pour les minorités religieuses. En dehors de la minorité chrétienne, les groupes musulmans minoritaires et les témoins de Jéhovah souffrent aussi de l'oppression du gouvernement.
Après avoir passé la moitié de sa peine de quatre ans de prison, le pasteur Ilmurad Nurliev a été libéré grâce à une amnistie en février 2012. Les accusations portées contre lui avaient été inventées et les rapports du tribunal étaient incomplets. Aujourd'hui, il doit se présenter au poste de police chaque semaine. Son expérience reflète l'avenir de la minorité chrétienne. Traitement arbitraire, rafles, amendes et frais de justice continueront tant que l'élite au pouvoir considèrera les groupes qu'elle ne peut pas contrôler comme une menace à son pouvoir absolu. Le Turkménistan restera donc un exemple des régimes les plus répressifs pour les chrétiens.
Informations sur l'Eglise
- Le gouvernement et les autorités locales contrôlent fermement la population turkmène et les chrétiens en particulier. Même si la Constitution prévoit la liberté de religion, toutes les communautés religieuses doivent être déclarées auprès du Conseil aux affaires religieuses.
- L'enseignement privé de la religion est interdit par la loi. Ceux qui s'y engagent peuvent en subir les conséquences légales.
- La publication et la distribution de littérature religieuse sont interdites et son importation est surveillée et censurée. Une autorisation du Conseil aux affaires religieuses est nécessaire pour chaque titre et chaque quantité, mais elle est rarement accordée.
- Les Turkmènes qui font le choix de devenir chrétiens sont accusés de renier leur identité turkmène. Une politique pro-ethnique est mise en oeuvre dans la société et les chrétiens turkmènes sont accusés de trahir leur « foi ancestrale ».
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Pour plus d'information concernant la persécution au Turkménistan, visitez le site Portes Ouvertes