Index Mondial de Persécution (Page 37 / 43)

Une étude de Portes Ouvertes

Malaisie

Les personnes désirant changer leur affiliation religieuse sur leur carte d'identité doivent maintenant passer devant un tribunal islamique.

Contexte 

La Malaisie est un pays qui tend à préserver ce qu'il considère comme un héritage national et culturel. Être Malais signifie être musulman et vice versa. Les citoyens ayant d'autres origines ethniques comme les Chinois ou les Indiens peuvent être bouddhistes, hindous, chrétiens ou autres, mais un Malais doit être musulman. Parallèlement, le discours et l'action islamiques sont entrés dans la politique. S'appuyer sur l'islam permet gagner des voix, et plus encore.

Aux yeux du premier ministre Najib Razak, l'islam « supplantera » toujours la politique. Il a appelé le peuple à « protéger l'islam, la foi de ses fidèles, ses enseignements, sa loi et l'infrastructure islamique ». Sa déclaration a eu lieu au cours de la fête du ramadan en août 2012 après que deux Européens aient tenté de parler de leur foi dans l'État du Penang. Le Conseil Religieux Islamique du Penang a été poussé à prendre les mesures nécessaires contre les touristes étrangers non musulmans qui partageaient leur foi dans le pays. Lors d'un autre discours, Najib Razak a déclaré qu'un trop grand libéralisme présentait un danger pour le pays. « Pluralisme, libéralisme ? Tous ces mots en "isme" sont contre l'islam et nous devons les combattre » a-t-il déclaré devant plus de 10 000 chefs islamiques, quelques jours avant le début du jeûne. Le soutien des droits de l'homme a ses limites car, selon Najib, ces droits doivent rester « dans le cadre instauré par l'islam ».

Officiellement, la Constitution prévoit la liberté de religion. Cependant, ces dernières années, les juges du pays ont apporté leur interprétation personnelle à certaines parties de la Constitution. Les personnes désirant changer leur affiliation religieuse sur leur carte d'identité doivent maintenant passer devant un tribunal islamique. La situation réelle dans le pays est différente de ce qui est prévu par la Constitution. En mars 2012, un membre du Parlement a poussé le gouvernement fédéral à établir une loi contre l'apostasie en réponse à une présumée augmentation de l'apostasie parmi les musulmans. De plus, 21 organisations non gouvernementales musulmanes ont insisté pour que le gouvernement introduise des lois contre l'apostasie.

Par ailleurs, la Malaisie est activement engagée dans l'islamisation de l'État du Sarawak en apportant des fonds et en soutenant la politique de la « Da'wah » (Stratégie de Mission Islamique). Ce programme est appelé « Unit Saudara Kita » (USK) ce qui signifie « Unité de Notre Frère ».

Sources de persécution

L'extrémisme islamique représente la principale source de persécution dans le pays. Même s'il est possible d'établir des églises et qu'il existe une liberté religieuse appréciée des croyants, les chrétiens ont le sentiment qu'ils doivent être très prudents, car leurs réunions sont surveillées et les livres publiés sont contrôlés par les autorités.

Pour les chrétiens, parler librement de sa foi reste très difficile. Il est strictement interdit aux églises d'intégrer de nouveaux convertis. Ces derniers sont ceux qui subissent le plus de persécution en Malaisie. La conversion à d'autres religions est autorisée dès qu'une personne est majeure, sauf pour les Malais.

Il est presque impossible pour un musulman malais de se convertir au christianisme. Dans cinq États, au Perak, au Malacca, au Sabah, au Terengganu et au Pahang, la conversion est un crime passible d'une amende ou d'une peine de prison. Au Pahang, les chrétiens condamnés peuvent recevoir jusqu'à six coups de bâton.

Si de nouveaux chrétiens sont découverts, ils sont envoyés et détenus en centre de rééducation jusqu'à ce qu'ils acceptent de se reconvertir. De nombreux chrétiens d'origine musulmane doivent donc quitter leur famille et leur communauté; certains ont même dû quitter le pays.

Perspectives

L'islam servant de signe d'identification et d'unité dans le pays, on ne doit pas s'attendre à une évolution favorable pour la minorité chrétienne. Selon les résultats des prochaines élections prévues en 2014, en cas de victoire de l'opposition modérée, la situation pourrait s'améliorer. Mais même dans ce cas, une position plus libérale sur la question de la conversion n'est pas à prévoir.

La présence de la Malaisie est relativement récente dans l'Index Mondial de Persécution. Elle y est apparue en 2004. Sa position s'explique par un discours de plus en plus hostile, particulièrement en politique, et une conviction affirmant que les Malais doivent être musulmans. La pression croissante exercée sur les chrétiens envoyés en camp de rééducation est en augmentation. La minorité chrétienne jouit d'une liberté religieuse relative, mais elle doit être constamment vigilante. Les chrétiens ne jouissent pas d'une liberté religieuse au sens propre et la position du pays évolue défavorablement dans la liste.

Informations sur l'Eglise

  • Les chrétiens représentent 9 % de la population.
  • Des missionnaires sont arrivés en Malaisie dès le 16ième siècle. Plus tard, des églises ont été établies, principalement pour les Britanniques. Non autorisés à travailler parmi les musulmans, les missionnaires se sont tournés vers les tribus animistes.
  • Dans les années 1970, un changement de la politique migratoire a provoqué le départ de la majorité des missionnaires. Malgré cela, l'Eglise a poursuivi sa croissance.

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Pour plus d'information concernant la persécution en Malaisie, visitez le site Portes Ouvertes

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