Index Mondial de Persécution (Page 28 / 43)

Une étude de Portes Ouvertes

Laos

Outre le bouddhisme, vu comme une part de l'identité du pays, aucune religion n'est reconnue.

Contexte

Le Laos fait partie des cinq derniers Etats communistes au monde. C'est aussi un pays (avec la Birmanie, le Cambodge, la Thaïlande et le Sri Lanka) où la religion majoritaire est le bouddhisme theravada.

Le gouvernement ne reconnaît aucune religion d'Etat, mais le bouddhisme theravada (pratiqué par les deux-tiers de la population) a tout de même un statut particulier : il est exempté de bon nombre des restrictions prévues par le Décret 92. Ses lieux de culte sont subventionnés par l'Etat, des rituels et cérémonies bouddhistes sont associés aux cérémonies publiques. Le bouddhisme est considéré comme un élément de l'identité culturelle et spirituelle du pays. Le gouvernement promeut la culture laotienne, y compris les pratiques bouddhistes et leur enseignement.

Sources de persécution

La spécificité du Laos illustre bien les deux principales causes de persécution :

  • D'une part, l'Etat et le Parti communiste au pouvoir exercent de fortes pressions sur la petite communauté chrétienne.
  • D'autre part, surtout au niveau local, certains responsables de la religion dominante persécutent aussi les chrétiens. Si ceux-ci refusent de participer aux fêtes et cérémonies traditionnelles, ou tout simplement s'ils souhaitent quitter la religion établie, ils sont pris à partie par les bouddhistes.

Le gouvernement du Laos favorise le bouddhisme theravada en tant que religion autochtone. Les chrétiens, au contraire, sont perçus comme des « agents au service de puissances étrangères » et le christianisme comme une idéologie occidentale qui s'oppose au communisme.

Les autorités locales considèrent les chrétiens comme des ennemis. Cette perception occasionne de nombreux problèmes. Les croyants sont obligés d'être extrêmement prudents lorsqu'ils parlent de leur foi. Ils doivent se soumettre à des directives non écrites qui limitent leur liberté d'expression. Le pouvoir justifie son contrôle sur la communauté chrétienne par l'attitude majoritairement hostile de la société à son égard. Les responsables bouddhistes et les chamanes de village exercent également une surveillance soutenue.

Un rapport récent a signalé qu'un fonctionnaire du bureau des affaires religieuses a empêché l'expulsion de 10 familles chrétiennes, ordonnée par les autorités du district. Même s'il ne s'agissait que d'un conflit d'intérêts, cela met deux choses en évidence : les chrétiens ne sont pas systématiquement visés et la situation dépend beaucoup du pouvoir local.

Les chrétiens issus des ethnies minoritaires sont davantage persécutés. Ils peuvent être arrêtés, emprisonnés et poussés à renier leur foi. Les croyants des ethnies Katin et Hmong sont parfois tués, souvent par l'armée.

Perspectives

La liberté d'exprimer sa foi dans le domaine public, bien qu'autorisée en théorie par le décret de 2002 sur la pratique religieuse, est en réalité interdite car elle provoquerait des divisions sociales. Le Décret 92 du Premier ministre reste la principale référence juridique sur la pratique religieuse. Même si, depuis sa promulgation en 2002, ce décret a ouvert la voie à une plus grande tolérance, les autorités ont utilisé ses nombreuses clauses pour restreindre divers aspects de la pratique religieuse, particulièrement au niveau régional et local. Le département d'Etat américain rapporte que la Constitution et le Décret 92 affirment tous deux que la pratique religieuse devrait servir l'intérêt national en favorisant le développement et l'éducation et en enseignant les croyants à être de bons citoyens.

Alors que plus que 50% des chrétiens appartiennent à la minorité khmu, il n'existe pas encore de Bible dans leur langue. Le besoin est très important. Aucune école biblique n'a été autorisée à ouvrir depuis que le Laos est devenu un Etat communiste en 1975. Par ailleurs, l'alphabétisation des croyants ruraux reste une priorité pour l'Eglise.

Informations sur l'Eglise

  • Les chrétiens ne représentent que 2% des Laotiens. Il y a autant de catholiques que de protestants. 
  • Il n'y a que trois dénominations chrétiennes enregistrées (catholique, évangélique et adventiste du 7° jour) et de petites paroisses protestantes indépendantes qui, n'ayant pas pu obtenir la reconnaissance du gouvernement, sont marginalisées.
  • L'Eglise catholique, surtout présente dans les cinq provinces les plus peuplées du centre et du sud, peut généralement opérer en toute liberté. En avril 2010, un évêque catholique laotien a été ordonné.
  • L'Eglise Evangélique Laotienne ( EEL) est officiellement reconnue. Elle compte environ 400 églises et 100 000 adhérents. Une forte proportion des catholiques est issue de l'ethnie majoritaire, alors que la majorité des protestants (pour la plupart membres de l'Eglise Evangélique Laotienne) appartient aux minorités ethniques, notamment Hmong, Monkhmer, Khmu et Yao.
  • Les activités des églises non reconnues sont considérées comme illégales ; leurs membres et responsables sont régulièrement harcelés, arrêtés et emprisonnés sous toutes sortes de prétextes. Par exemple, dans certaines régions, les protestants méthodistes n'ont pas le droit de se réunir pour une célébration, de construire un lieu de culte ou d'organiser un enterrement chrétien. Les méthodistes et d'autres dénominations protestantes aspirent toujours à être reconnus.

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Pour plus d'information concernant la persécution dans la région de Laos, visitez le site Portes Ouvertes

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