Index Mondial de Persécution (Page 34 / 43)

Une étude de Portes Ouvertes

Algérie

La petite minorité chrétienne doit rester très discrète et fait face à de multiples pressions de la part de l'Etat et de la société.

Contexte

L'Algérie est de plus en plus le théâtre de violences, orchestrées par des mouvements islamistes, notamment par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Al-Qaïda fait pression sur le gouvernement pour qu'il adopte une législation plus proche des principes islamiques, au détriment de la petite minorité chrétienne.

En 2011, d'importantes manifestations contre le régime autoritaire ont mené à la levée de l'Etat d'Urgence imposé il y a 19 ans pour permette aux autorités de prendre le dessus lors du violent conflit qui les opposait aux rebelles islamistes (FIS) dans les années 90.

Les manifestations, qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés, ont duré quelques mois, avant d'être massivement réprimées par la police. A la différence des pays voisins, ces manifestations n'ont pas abouti à un changement de régime. Le gouvernement militaire dirigé par le président  Abdelaziz Bouteflika est toujours en place et sa continuité n'a jamais été vraiment menacée par la levée de l'Etat d'Urgence.

Ces derniers temps, la politique algérienne a été marquée par une forte instabilité. Malgré tout, la persécution à l'égard des chrétiens reste constante. D'après les responsables d'églises, la pression que subissent les chrétiens s'est même intensifiée et autour d'eux de nombreuses portes se ferment. La très jeune Eglise algérienne (composée principalement de chrétiens qui se sont convertis depuis l'islam) est discriminée à la fois par le gouvernement, et par leur famille.

Place dans l'Index

Les groupes islamistes, encouragés par « le Printemps arabe » accentuent leur pression sur le gouvernement, qui pourtant, travaille déjà avec des partis politiques islamiques. Cependant, le Front Islamique du Salut (FIS) reste interdit. Les islamistes sont de plus en plus visibles et ils surveillent les activités des chrétiens.

En 2012, la situation des chrétiens en Algérie s'est légèrement détériorée. Même si aucun chrétien n'a été tué ou emprisonné, les menaces à l'encontre des églises et des médias chrétiens se sont multipliées et les journaux sont très critiques à l'égard des chrétiens. L'impression générale qui se dégage est celle d'un pays où la situation des chrétiens va en se dégradant.

L'église de Ouargla, dans la partie arabe du pays, a été attaquée et la croix qui ornait le bâtiment a été détruite. Les gens sont entrés de force dans la cour de l'église. Le pasteur, sa femme et leur jeune fils se trouvaient à l'intérieur du bâtiment...

Début février 2012, une chrétienne a été enlevée dans la province de Béjaïa à cause des activités évangéliques de son mari. Elle a été menacée avec un couteau. Ses ravisseurs voulaient qu'elle se convertisse à l'islam, mais elle a refusé. Elle a heureusement été relâchée deux heures plus tard sans avoir été maltraitée.

Perspective

Aucune amélioration significative de la situation n'est attendue dans un futur proche. L'avenir de l'Eglise va dépendre en grande partie de la situation politique. En 2014, les Algériens éliront un nouveau président. Les islamistes ont une réelle chance de gagner cette élection.

Informations sur l'Eglise

Depuis l'entrée en vigueur de l'ordonnance 06-03 de février 2008, qui restreint la liberté religieuse, le gouvernement n'a autorisé la construction d'aucune nouvelle église. En conséquence, beaucoup de chrétiens se réunissent les uns chez les autres ou dans des bureaux, formant ainsi des "églises de maison" illégales. Certains de ces groupes se réunissent ouvertement alors que d'autres sont obligés de le faire secrètement.

En 2011, l'Eglise Protestante d'Algérie (EPA) avait enfin obtenu un statut officiel, or ce qui semblait être une bonne nouvelle est vite devenu une déception. On ne sait pas exactement ce qui a motivé le gouvernement à reconnaitre l'EPA en tant que Conseil des Eglises protestantes, mais il est probable qu'il ait seulement voulu faire bonne impression aux yeux de la communauté internationale. Cette reconnaissance officielle n'a pas débouché sur d'avantage de liberté et au niveau local, chaque église doit tout de même se battre pour obtenir sa propre autorisation de fonctionnement.

Au niveau local, la persécution s'est intensifiée et aucune des églises faisant parties de l'EPA n'ont obtenu de reconnaissance légale. De plus, le gouvernement a même renforcé son contrôle sur l'Eglise en 2011 et 2012. Il a, par exemple, refusé de délivrer des visas aux pasteurs étrangers, les pasteurs algériens, quant à eux, reçoivent régulièrement des coups de téléphone de la police et le nombre de policiers en civil qui assistent aux cultes se sont multipliés.

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Pour plus d'information concernant la persécution en Algérie, visitez le site Portes Ouvertes

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