Révolution dans les missions mondiales (Page 22 / 31)
L'eau de vie dans une coupe étrangère
Considérant le défi extraordinaire que représente l'Asie, ce n'est pas exagéré de demander une nouvelle vague de missionnaires pour atteindre ces nations pour Christ.
Et actuellement, le Seigneur appelle déjà des dizaines de milliers de missionnaires asiatiques dans toutes les nations du tiers-monde. De ce nombre, plusieurs habitent déjà au milieu de la nation que le Seigneur les appelle à évangéliser, ou à une centaine de kilomètres des villages qui n'ont pas encore entendu la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
La situation des missions mondiales n'est déprimante que si on la compare au colonialisme occidental du 19e siècle. Si l'évangélisation du monde repose sur l'envoi de « missionnaires blancs », il devient, chaque jour, de plus en plus impossible de réaliser la grande mission. Mais Dieu soit loué, le mouvement des missionnaires natifs est en plein essor et prêt aujourd'hui à accomplir la tâche.
Le message que je veux communiquer aux chrétiens, aux pasteurs et à tous les dirigeants d'œuvres missionnaires, c'est qu'un jour nouveau vient de se lever dans les missions. Il y a seulement quelques années, personne n'aurait cru que l'Église d'Asie était prête à prendre son envol, mais des évangélistes natifs commencent à aller présenter Christ à leurs semblables.
Ce qui est encore plus excitant, c'est que Dieu nous appelle tous à participer à Son œuvre en Asie. Nous pouvons faire en sorte que des millions de pieds bruns et jaunes aillent présenter l'Évangile libérateur de Jésus. Par les prières et le soutien de croyants du monde entier, ils pourront prêcher la Parole à des multitudes d'âmes perdues. Pour cela, la famille de Dieu au grand complet est invitée à se mettre à la tâche. Des milliers de missionnaires asiatiques iront vers les perdus si les chrétiens de l'Ouest veulent bien les soutenir.
Je crois que c'est pour cette raison que le Seigneur m'a appelé à venir en Occident. Je reste dans ce pays dans le seul but de servir mes frères asiatiques en présentant leurs besoins au peuple de Dieu. Une génération nouvelle de chrétiens doit apprendre que l'œuvre missionnaire a subi un changement radical. Il faut que les croyants du monde occidental sachent qu'on a besoin d'eux en tant qu'« envoyeurs », pour prier et pour soutenir leurs frères d'Asie afin qu'ils puissent aller prêcher la Bonne Nouvelle.
Les eaux des missions ont été brouillées. Beaucoup de chrétiens, aujourd'hui, n'arrivent plus à réfléchir clairement à ce qui a réellement de l'importance parce que Satan a envoyé un esprit trompeur pour les aveugler. Je ne dis pas cela à la légère. Satan sait que pour mettre fin à l'évangélisation mondiale il doit semer la confusion dans la pensée des chrétiens occidentaux. C'est exactement ce qu'il a fait, et il a très bien réussi. Les faits parlent par eux-mêmes.
En Amérique du Nord, le chrétien moyen ne donne que 50 cents par semaine à une œuvre missionnaire. Songez un peu à ce que cela représente. La mission constitue la première responsabilité de l'Église. C'est le dernier commandement que notre Seigneur nous a donné avant de monter au ciel. En mourant sur la croix, Jésus a institué le mouvement missionnaire. Il est venu partager l'amour de Dieu, et nous sommes là pour poursuivre cette mission. Pourtant, la tâche la plus importante de l'Église ne reçoit même pas un pour cent de toutes nos finances.
Souvenez-vous que, parmi les missionnaires occidentaux qui sont envoyés outre-mer, beaucoup n'ont pas comme tâche principale la prédication de l'Évangile et l'implantation d'Églises. De plus, 85 pour cent des fonds missionnaires servent aux missionnaires occidentaux qui oeuvrent dans les Églises déjà établies sur le terrain, et non pour évangéliser les gens perdus.
Par conséquence, la majeure partie de ce 50 cents que le chrétien nord-américain donne hebdomadairement aux missions sert à financer des projets ou des programmes qui n'ont rien à voir avec la proclamation de l'Évangile.
Toutefois, les missions se sont métamorphosées depuis une soixantaine d'années. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, presque tout le travail missionnaire était effectué par une poignée d'hommes blancs venant d'outre-mer. Pour ces dirigeants de missions chrétiennes, il était impossible d'envisager d'atteindre chacun des quelques milliers de groupes culturels distincts. Ils se sont donc concentrés sur les plus grands groupes culturels dans les centres économiques et les gouvernements faciles d'accès.
Dans la plupart des nations asiatiques, 200 années de travail missionnaire avaient été menées sous la surveillance étroite des gouverneurs coloniaux jusqu'à ce que cela prenne fin en 1945. Pendant ces deux siècles, les missionnaires occidentaux semblaient constituer une partie importante de la fibre du gouvernement colonial occidental. Même les quelques églises qui avaient été établies parmi les groupes culturels dominants semblaient faibles. Le gouvernement local et l'économie étaient également sous la domination d'étrangers. Très peu des missionnaires étaient des indigènes ou indépendants des missionnaires occidentaux. Pas étonnant que la majorité d'entre eux rejetait ces drôles d'établissements où l'on pratiquait une religion étrangère, de la même manière que les Américains aujourd'hui évitent les « missions de Krishna » et les « missions islamiques » dans leur pays.
Dans ce contexte, on a naturellement laissé tomber l'idée d'essayer d'achever la tâche en allant vers d'autres groupes culturels plus petits. Ces multitudes de gens habitant les campagnes, les sous-cultures ethniques, les petites tribus et les minorités devraient attendre. Il faudrait laisser passer encore plusieurs générations avant de pouvoir les enseigner, à moins, bien sûr, que d'autres missionnaires blancs puissent être recrutés et envoyés vers ces peuples.
Mais il n'en était rien. Lorsque les missionnaires de l'ère coloniale sont retournés reprendre le pouvoir dans « leurs » églises, hôpitaux et écoles, ils ont réalisé que le climat politique n'était plus du tout ce qu'il avait été dans le passé. Les missionnaires se sont heurtés à une nouvelle hostilité de la part des gouvernements asiatiques. Il s'était produit un changement radical durant la Seconde Guerre mondiale : les nationalistes s'étaient organisés et mis en marche.
La révolution politique a rapidement submergé le tiersmonde. Une après l'autre, les nations déclaraient leur indépendance, et les missionnaires perdaient leur pouvoir et leurs privilèges. Au cours des 25 années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, 71 nations se sont libérées de la domination occidentale. Avec cette nouvelle indépendance, ils ont décidé qu'un des premiers symboles occidentaux à renvoyer serait les missionnaires. Aujourd'hui, 86 nations, représentant plus de la moitié de la population mondiale, interdisent ou limitent sérieusement l'accès aux missionnaires étrangers.
Mais il y a un côté positif à l'histoire. L'effet que cette réalité a produit sur les Églises émergentes en Asie a été extraordinaire. Bien loin de ralentir la propagation de l'Évangile, le retrait des missionnaires étrangers a libéré l'Évangile des traditions occidentales que ces missionnaires y avaient involontairement ajoutées.
Sadhu Sundar Singh, un pionnier des missionnaires évangélistes asiatiques, racontait une histoire qui illustre bien l'importance de présenter l'Évangile en termes culturellement acceptables.
Un Hindou d'une caste supérieure s'est évanoui un jour sous la chaleur estivale alors qu'il était assis dans un train en gare. Un employé à bord du train s'est empressé d'aller chercher de l'eau dans un gobelet, qu'il a ensuite offert à l'homme dans une tentative de le ranimer. Malgré son état, l'homme a refusé de boire. Il préférait mourir plutôt qu'accepter un verre d'eau d'un homme de caste inférieure. Puis quelqu'un d'autre a remarqué que le passager de caste supérieure avait laissé son propre gobelet sur le siège voisin du sien. Il a pris le gobelet, l'a rempli d'eau et est retourné l'offrir à la victime d'un coup de chaleur qui a aussitôt accepté l'eau avec gratitude.
Ensuite, Sundar Singh disait à ses auditeurs : « C'est ce que j'ai essayé de faire comprendre aux missionnaires qui arrivaient d'outre-mer. Vous avez offert l'eau de vie aux Indiens dans une coupe étrangère, et nous avons été réticents à l'accepter. Si vous voulez bien nous l'offrir dans notre coupe, de forme indigène, nous l'accepterons plus facilement. »
Aujourd'hui, une nouvelle génération de jeunes leaders asiatiques remplis du Saint-Esprit élaborent des stratégies pour finir d'évangéliser notre terre natale. Je connais personnellement, dans tous les pays de l'Asie, des missionnaires natifs, qui réussissent à gagner leur semblables à Christ en utilisant des méthodes et des styles culturellement acceptables.
Bien que la persécution existe toujours sous une forme ou une autre dans la plupart des nations asiatiques, les gouvernements nationaux postcoloniaux ont alloué une liberté quasi illimitée aux missionnaires de leurs pays. Ce n'est pas parce que les Occidentaux ont été expulsés que l'Église doit cesser de grandir. Pour une raison diabolique que nous ne connaissons pas, la majorité des croyants dans nos églises n'ont pas entendu parler de cette métamorphose dans les missions. Alors que l'Esprit de Dieu appelle une armée de nouveaux missionnaires pour continuer l'œuvre de la grande mission, la plupart des croyants en Amérique du Nord sont restés indifférents. Ce que j'ai découvert, c'est que les choses ne sont pas ainsi parce que les chrétiens en Amérique ne sont pas généreux. Quand on leur fait connaître le besoin, ils sont rapides pour réagir. L'unique raison pour laquelle ils ne font rien est qu'ils ne sont pas au courant de ce qui se passe en Asie aujourd'hui.
Je crois que nous sommes appelés à participer à cette grande mission en offrant nos prières et notre soutien financier. Si nous le faisons, nous verrons peut-être s'accomplir cette prophétie :
Cette prédiction est sur le point de s'accomplir. Aujourd'hui, pour la première fois de l'histoire, nous voyons que la poussée finale est donnée alors que les enfants de Dieu s'unissent pour en faire une réalité.
Ce qui devrait nous intriguer, surtout ici, dans l'Ouest, c'est la façon dont le mouvement des missionnaires asiatiques prospère sans l'aide et le savoir de notre planification occidentale. Le Saint-Esprit, lorsque nous lui laissons la liberté d'œuvrer, suscite la croissance et l'expansion spontanées. À moins que nous ne considérions le mouvement des missionnaires natifs comme étant le plan de Dieu pour cette époque de l'histoire, et à moins que nous ne nous ne nous soumettions au service de Son plan, nous risquons fort de compromettre la volonté de Dieu.