Révolution dans les missions mondiales (Page 6 / 31)

Un e-book de K. P. Yohannan

Ce n'est que le début

Le silence de la grande salle à Cochin n'était brisé que par de doux sanglots étouffés. L'Esprit de Dieu remplissait la salle avec puissance, donnant une conviction de péché à des hommes et des femmes qu'Il appelait à son service. Avant la fin de la rencontre, 120 des 1 200 pasteurs et leaders chrétiens présents se sont avancés près de l'autel pour répondre à l'« appel du Nord ».

Ils ne disaient pas : « Je veux y aller », mais bien : « J'y vais ». Ils ont fait le choix de quitter maison, village et famille, entreprise et carrière pour aller là où ils seraient haïs. Entre temps, 600 autres pasteurs se sont engagés à retourner dans leur congrégation pour inciter davantage de missionnaires qui quitteraient le sud de l'Inde pour aller au nord.

Je me tenais muet dans un saint silence, priant pour les pasteurs assemblés autour de l'autel. Je me sentais très humble dans la présence de Dieu.

Pendant que je priais, mon cœur était triste pour ces hommes. Combien seraient battus, combien auraient faim et froid, et combien connaîtraient la solitude au fil des années? Combien d'entre eux seraient emprisonnés à cause de leur foi? J'ai prié Dieu pour qu'il leur accorde sa protection et sa bénédiction, et pour qu'un plus grand nombre de donateurs d'outre-mer apportent leur soutien.

Ils abandonnaient le confort matériel, leurs attaches familiales et leurs ambitions personnelles. Une nouvelle vie avec des étrangers les attendait. Mais je savais qu'ils seraient témoins d'une victoire spirituelle lorsque des milliers de gens se tourneraient vers le Christ et aideraient à fonder de nouvelles églises dans les villages éloignés du nord de l'Inde.

David Mains, un animateur de radio aux États-Unis et un étudiant sérieux des réveils spirituels, était avec moi lors de cette rencontre. Il était venu à Cochin en tant que conférencier. Par la suite, il a témoigné de la manière étonnante dont le Seigneur avait dirigé cette réunion.

Plus tard, il a écrit : « Cela n'aurait pas été différent si Jésus lui-même avait été physiquement parmi nous. L'esprit d'adoration inondait la salle. Les chants étaient électrifiants. » La puissance de l'Esprit Saint est descendue sur l'auditoire. Des hommes sont même allés jusqu'à gémir à voix haute. J'avais lu à propos de ce genre d'élan de conviction dans l'histoire des débuts de l'Amérique, lors des deux grands réveils, mais je n'avais jamais pensé vivre un jour une telle expérience.

Mais le Seigneur n'appelle pas seulement des grandes foules de missionnaires natifs. Dieu est à l'œuvre en sauvant des gens en nombres tels que nous n'aurions jamais pu imaginer. Les gens en Asie viennent à Christ à un rythme accéléré, partout où le salut est proclamé. Dans certaines régions, comme en Inde, en Malaisie, au Myanmar et en Thaïlande, il n'est pas rare pour la communauté chrétienne de croître autant en un seul mois qu'elle le faisait auparavant en un an.

La presse occidentale minimise l'importance des conversions en masse et de la croissance de l'Église. L'excitante réalité de ce que Dieu fait en Asie n'est pas racontée, principalement à cause de l'accès limité de la presse. À l'exception de quelques pays comme la Corée et les Philippines, la véritable histoire n'est pas connue.

Le ministère d'un frère du sud de l'Inde est l'exemple typique des mouvements de missionnaires natifs en Asie qui sont apparus du jour au lendemain. Un officier militaire a abandonné une vocation et une carrière dans l'armée pour aider à former une équipe d'évangélistes dans le nord de l'Inde. Il dirige maintenant une équipe de plus de 400 missionnaires qui oeuvrent à temps complet.

Comme d'autres leaders de missions locales, il a formé dix « Timothée » qui dirigent maintenant l'œuvre avec une précision presque militaire. Chacun de ces hommes sera capable à son tour de former des douzaines d'autres ouvriers qui auront leurs propres disciples.

Avec sa femme, il a établi un modèle apostolique semblable à celui de l'apôtre Paul. Lors d'une tournée évangélique qui a duré 53 jours, lui et sa famille ont voyagé à bord d'un char à bœufs et à pied dans les régions les plus reculées des districts tribaux de l'état d'Orissa. Là, oeuvrant dans la chaleur intense parmi des peuples dont le style de vie était tellement primitif qu'il ne pourrait être qualifié d'autre chose que bestiale, il a vu des centaines de conversions. Durant leur voyage, des démons ont été chassés et des guérisons miraculeuses avaient lieu quotidiennement. Des milliers de gens parmi ces tribus, esclaves des idoles et adorateurs d'esprits, ont reçu l'Évangile avec passion.

En un mois seulement, ce frère a formé quinze groupes de convertis en de nouvelles églises et a assigné des missionnaires natifs à rester là pour les aider à grandir dans la foi.

Des mouvements miraculeux de ce genre émergent dans presque tous les états de l'Inde et dans d'autres nations d'Asie.

Jesu Das, un missionnaire natif de l'Asie était horrifié en se rendant pour la première fois dans un village où il n'y avait pas un seul croyant. Les gens adoraient des centaines de dieux différents et quatre prêtres les dominaient par leur sorcellerie.

On racontait que ces prêtres avaient recours à leur sorcellerie pour tuer les bœufs des gens et détruire leurs récoltes. Des gens tombaient malades subitement et mourraient sans explication. La destruction et l'esclavage dont ces villageois ont été victimes sont inimaginables. Des cicatrices, la flétrissure et la mort marquaient leurs visages, à cause de la domination totale qu'exerçaient sur eux les puissances des ténèbres.

Quand Jesu Das leur a parlé de Christ, c'était la première fois qu'ils entendaient parler d'un Dieu qui n'exige pas qu'on lui fasse des sacrifices et des offrandes pour apaiser sa colère. Plusieurs ont connu le Seigneur en entendant Jesu Das prêcher au marché public.

Mais les prêtres, furieux, ont averti Jesu Das que, s'il ne quittait pas le village, ils feraient appel à leurs dieux pour qu'ils viennent le tuer avec sa femme et ses enfants. Jesu Das n'est pas parti. Il a continué de prêcher et Dieu continuait de sauver les villageois.

Finalement, au bout de quelques semaines, les sorciers sont allés voir Jesu Das pour lui demander le secret de sa force.

« C'est la première fois que notre pouvoir ne fonctionne pas », lui ont-ils dit. « Après avoir fait des incantations, nous avons demandé aux esprits de tuer votre famille. Mais les esprits sont revenus nous dire qu'il leur était impossible d'approcher de votre famille parce qu'elle était toujours entourée de feu. Nous avons appelé des esprits plus puissants, mais ils sont aussi revenus nous dire que vous étiez non seulement entourés de feu, mais que des anges étaient constamment à vos côtés. »

Jesu Das a parlé de Christ aux sorciers. Le Saint-Esprit a convaincu chacun d'eux du péché qu'ils avaient commis en suivant des démons, et du jugement à venir. C'est en pleurant qu'ils se sont repentis et qu'ils ont reçu Jésus-Christ comme Seigneur. À la suite de cela, des centaines de villageois ont été libérés du péché et de l'esclavage.

Par l'entremise d'une organisation indigène en Thaïlande, où plus de 200 missionnaires natifs font de l'évangélisation dans les villages, un groupe a partagé sa foi avec 10 463 personnes en deux mois. De ces personnes, 171 ont donné leur vie à Christ, et six nouvelles églises ont été instaurées. Durant cette même période, plus de 1 000 autres personnes sont venues à Christ. Souvenons-nous que cette grande récolte s'est produite dans une nation bouddhiste qui n'a encore jamais vu de tels résultats.

Chaque jour, des rapports documentés similaires nous arrivent des équipes de missionnaires natifs dans presque toutes les nations de l'Asie. Mais je suis convaincu que ce ne sont là que les premières gouttes de pluie d'un réveil spirituel imminent. Il nous faut envoyer encore des centaines de milliers d'ouvriers pour obtenir l'impact nécessaire. Nous ne prions plus pour des « pluies de bénédictions ». Je crois plutôt que Dieu nous enverra des « orages de bénédictions » dans les jours à venir.

Ce livre raconte l'histoire de ma participation à ce renouveau spirituel en Asie. Et tout a débuté par les prières d'une mère dans un village.

Photo de K. P. Yohannan
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