Vers la Sainteté (Page 23 / 22)
Encore une occasion pour vous! (Chapitre 23)
« Ceux qui étaient là, s'étant approchés, dirent à Pierre: Certainement, tu es aussi de ces gens-là . . . Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme ». (Matthieu 26:73-74)
Pierre avait fait devant ses compagnons le serment de mourir avec Jésus plutôt que de Le renier. Quelques heures plus tard, au moment de tenir sa promesse, il faiblit, oublia son voeu et perdit cette occasion unique de prouver son amour pour son Sauveur.
Lorsque le coq chanta, et que Jésus, se retournant, l'eut regardé, Pierre se rappela son infidélité à sa promesse et, étant sorti, pleura amèrement. La douleur d'avoir ainsi traité le Seigneur, s'ajoutant sans aucun doute à son cuisant regret, fut certainement la cause de ses larmes amères. Son amour dût lui suggérer de lourds reproches, sa conscience l'aiguillonner et le diable le railler! Je ne m'étonnerais pas qu'il ait été tenté de perdre tout espoir et de s'écrier: "C'est en vain que je m'efforcerai de devenir meilleur, j'ai misérablement échoué et j'y renonce". Jour et nuit, seul et en compagnie, le diable doit lui avoir rappelé son échec, pour lui persuader qu'il était inutile d'essayer à nouveau. Et Pierre aura soupiré en lui-même, pensant qu'il donnerait le monde entier pour avoir une fois encore cette occasion. Trop tard, elle était à jamais perdue!
Cependant, Pierre aimait Jésus, et le Maître lui permit de manifester à nouveau son amour. La scène n'avait rien de comparable à la grandiose, dramatique occasion de mourir avec son Maître, celle, toute simple, presque banale, qui s'offrit au disciple. Mais le monde et la cause du Christ en bénéficièrent peut-être plus largement. Dans la contrée qu'avait habitée Jésus, il existait sans doute nombre d'âmes à la foi faible et vacillante. Elles avaient besoin d'être fidèlement nourries de toutes les vérités concernant le Seigneur et de celles qu'Il avait directement enseignées. Aussi Jésus appela-t-Il Pierre à Lui pour lui adresser à trois reprises cette pressante question: "M'aimes-tu ?" Comme elle dut rappeler douloureusement à l'esprit de Pierre son triple reniement de Jésus! En réponse à l'affirmation de Pierre, Jésus, par trois fois, lui commanda de paître Ses agneaux et Ses brebis, lui annonçant aussi qu'il mourrait sur une croix- comme il serait mort probablement s'il n'avait pas renié son Seigneur.
Aujourd'hui encore, parmi les disciples de Jésus il se trouve, je le crains, beaucoup d'imitateurs de Pierre. Beaucoup dans nos rangs, après avoir promis de suivre Jésus et de faire ce que Son esprit dicterait à leur conscience, après avoir affirmé qu'ils mourraient pour Lui, ont oublié leurs voeux à l'heure critique de l'épreuve, renié Jésus par leurs paroles ou leur conduite, Le laissant de nouveau seul sur le chemin du Calvaire.
Je me souviens d'une expérience analogue que je fis, il y a bien des années, avant mon entrée dans l'Armée, bien que déjà sanctifié. Je ne péchais pas en commettant des actes répréhensibles, mais plutôt en omettant d'accomplir ce que le Seigneur me demandait. Il s'agissait d'une chose sortant de l'ordinaire, mais non extravagante. La certitude que je devais agir me saisit subitement; il me sembla que le Ciel entier s'abaisserait vers moi pour me bénir si j'obéissais et que l'enfer s'entrouvrirait pour m'engloutir si je m'y refusais. Sans répondre négativement, il me sembla simplement que la chose ne m'était pas possible et je ne le fis pas. Mais quelle humiliation ensuite! Que de larmes amères j'ai versées, implorant le pardon de Dieu et L'assurant que je serais vrai! Dieu m'avait présenté, je le comprenais bien, une occasion que j'avais laissé échapper et qui ne reviendrait pas. Jamais, me sembla-t-il alors, je ne serai cet homme, puissant par la foi et l'obéissance, que j'aurais pu devenir en me montrant fidèle. Je promis à Dieu d'obéir, ce que je fis, et plusieurs fois, mais nulle bénédiction n'en découla pour moi. Satan triompha, me raillant et m'accusant par ma conscience au point que la vie me devint un fardeau intolérable; j'eus enfin l'impression que j'avais contristé le Saint-Esprit pour toujours, qu'Il m'avait quitté et que j'étais perdu. Je rejetai loin de moi le bouclier de la foi, perdant confiance en l'amour de Jésus, et, pendant vingt-huit jours, je connus, à ce qu'il me sembla, les tourments de l'enfer. Je priais toujours, mais comme sous un ciel d'airain. Je lisais ma Bible, mais les promesses fuyaient loin de moi, tandis que les commandements et les menaces s'abattaient sur ma conscience troublée comme des flammes de feu et des épées à deux tranchants. La nuit, je soupirais après le jour, et le jour, je désirais la nuit. Je fréquentais des réunions, mais sans en tirer la moindre bénédiction. La malédiction de Dieu semblait m'accompagner, et pourtant, à travers tout cela, je sentais que Dieu était amour.
Comme la femme de Job. Satan m'incita à pécher, à maudire Dieu et à mourir. Mais la miséricorde et la grâce me gardèrent et me donnèrent la force de dire au diable: "Non, je ne pécherai pas! Et, si je dois aller en enfer, ce sera en aimant Jésus, en essayant de Lui gagner des âmes. Dans l'enfer même je déclarerai que le sang de Jésus purifie de tout péché". Je me croyais condamné. Les déclarations de l'épître aux Hébreux (chapitres 6 et 10) semblaient s'appliquer à mon cas et je disais: "Je suis perdu à jamais".
Mais l'amour de Dieu. . .
est un amour sublime;
Il est plus haut que la plus haute cime
Et que l'azur insondable des cieux.
Au bout de vingt-huit jours, Il me retira de la fosse de destruction, du fond de la boue, par ces paroles: "Tiens pour certain que les pensées qui font naître l'inquiétude procèdent non de Dieu, Prince de paix, mais du diable, de l'amour-propre ou de la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes."
Ce fut un trait de lumière. Oui, Dieu est le Prince de la Paix. Les projets qu'Il a formés sur nous sont "des projets de paix et non de malheur" (Jér. 29:11). Puisque je n'ai ni amour-propre, ni suffisance, et n'aspire qu'à être délivré de moi-même, c'est donc le diable qui me trompe. Instantanément il me sembla que les liens dont il m'enlaçait se dénouaient et qu'il s'enfuyait, me laissant en liberté.
Le samedi et le dimanche suivants, je vis environ cinquante personnes venir au banc des pénitents pour chercher le salut et la sainteté; dès lors, le Seigneur m'accorda partout de Lui attirer des âmes. Comme à Pierre, Il m'adressa ces paroles: "M'aimes-tu?" Le coeur purifié, libéré, je répondis: "Oui, Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je t'aime", Il m'ordonna alors tendrement de paître Ses agneaux et Ses brebis, c'est-à-dire de vivre à fond l'Evangile et de l'annoncer dans toute sa plénitude, de telle sorte que le peuple de Dieu, recevant inspiration et réconfort, reste persévérant dans la foi, l'amour et le service.
Il m'avait donné une nouvelle occasion. Il y en a de même une pour quiconque l'a renié dans le passé.
Il ne faut pas chercher à faire quelque action d'éclat, mais paître les agneaux et les brebis du Seigneur; prier et travailler pour le salut de tous les hommes. Etudier la Bible, s'entretenir beaucoup et souvent avec Dieu, et Lui demander Son inspiration, chaque fois qu'il faudra parler, afin qu'il en résulte une bénédiction: pour encourager un frère abattu, fortifier un faible, instruire un ignorant, consoler un affligé, avertir l'égaré, éclairer celui qui est dans les ténèbres et réprimander le pécheur.
Remarquez que Pierre fut appelé à paître non seulement les agneaux mais les brebis. Nous devons chercher à amener les pécheurs au salut et, après qu'ils ont passé par la nouvelle naissance, les nourrir,-nourrir les jeunes convertis des promesses et des instructions de la Parole de Dieu propres à les conduire à une entière sanctification. Nous devons leur montrer que telle est la volonté de Dieu à leur égard.
Jésus ne leur a-t-Il pas frayé "une libre entrée dans le sanctuaire"? (Héb. 10:19). Nous devons les avertir de ne point retourner en Egypte, de ne point redouter les géants de la Terre Promise et de se garder de toute alliance impure avec les Ammonites au désert. Ils doivent s'éloigner des pécheurs, s'en séparer pour devenir saints. C est là leur grand et glorieux privilège, leur devoir solennel, puisqu'ils ont été rachetés non par des choses périssables, telles que l'argent et l'or, mais par le précieux sang du Christ (1 Pi. 1:18-19). Ils ne doivent pas se laisser abattre par les châtiments du Seigneur, ni se lasser de faire le bien. Ils doivent veiller et prier, rendre grâces, être toujours joyeux. Ce n'est pas après maints efforts qu'ils obtiendront la bénédiction d'un coeur pur, et seulement à l'heure de la mort, mais sur-le-champ, par la simple foi en Jésus.
Nous devons nourrir les brebis déjà sanctifiées de l'aliment fortifiant de l'Evangile. Nourrissez un homme robuste de pain et de thé seulement et il sera bientôt inapte à tout travail. Mais donnez-lui du bon pain bis, du beurre, du lait, des fruits et des légumes et, plus il travaillera, plus il sera fort et robuste. De même pour les chrétiens. Présentez-leur de vieux sermons rassis, qui n'éveillent plus aucun écho même dans votre propre coeur, et vous les affamez. Mais nourrissez-les des choses profondes de la Parole de Dieu qui révèlent Son amour éternel, Sa fidélité, Sa puissance de salut, Ses soins tendres et attentifs, l'éclat de Sa sainteté, l'impartialité de Sa justice, Son horreur du péché, Sa piété pour le pécheur, Sa compassion pour les faibles et les égarés, Ses jugements éternels sur les impénitents et les impies, Sa gloire et Sa bénédiction éternelles réservées aux justes, ils deviendront si forts qu'un seul en poursuivra mille et que deux en mettront dix mille en fuite (Deut. 32:30).
Apprenez à connaître Jésus et vous serez à même de nourrir Ses agneaux et Ses brebis. Vous les nourrirez en Le leur révélant, tel que, par le Saint esprit, le Père Le révèle dans la Bible.
Vivez avec Lui. Entretenez-vous avec Lui. Sondez les Ecritures à genoux; demandez au Seigneur d'ouvrir votre entendement, comme Il ouvrit celui des disciples sur le chemin d'Emmaüs, vous enseignant ce que l'Ecriture dit de Lui, et vous aurez une nouvelle occasion, que les anges eux-mêmes pourraient vous envier, de prouver votre amour pour Lui et d'être en bénédiction à vos semblables.