Biographies de Revivalistes, hommes et femmes de réveil (Page 6 / 32)

Biographie de William Carrey

William Carey est né le 17 août 1761 dans un village du comté de Northampton au centre de l'Angleterre dans le même district que Shakespeare, Wycliffe et Bunyan. Son père était tisserand. Aîné de cinq enfants, il fut élevé par sa grand-mère, et il eut son grand-père comme maître d'école. De très bonne heure, son intérêt pour les langues anciennes ou étrangères s'éveilla; il aimait la nature, et dans la forêt près de son école, il cherchait et observait, avec une rare patience que rien ne pouvait lasser, les fleurs, les insectes et les oiseaux. Déjà apparaissaient cette soif de savoir et cette persévérance à atteindre le but fixé, qui devaient le caractériser jusqu'à la fin de sa vie.

LA PREPARATION DU SERVITEUR

A douze ans, quand il quitta l'école, il connaissait le latin qu'il avait appris tout seul. De même, il se fit initier au grec et à l'hébreu par un camarade qui fréquentait l'école et par le pasteur de son village. Successivement et très vite, le français, l'allemand, le hollandais et l'espagnol lui devinrent familiers. Et cela était d'autant plus étonnant pour un jeune homme qui ne semblait pas devoir en tirer avantage, enfermé dans son village avec pour perspective d'être tisserand ou paysan ou maître d'école. Il aurait voulu être jardinier, mais le soleil lui déclenchait une inflammation si douloureuse de la peau du visage et des mains, qu'il dut renoncer à cette carrière, non sans avoir persévéré pendant deux ans, ce qui altéra gravement sa santé. Il fut placé comme apprenti chez un cordonnier où une faute qu'il commit fut, par la providence divine, le point de départ de sa conversion.

Chargé par son patron de porter à domicile des chaussures réparées, il détourna un shilling pour un achat personnel. Au lieu d'être congédié, comme il s'y attendait, il fut pardonné. Travaillé dans sa conscience, il se repentit et s'humilia. Un camarade apprenti exerça sur lui une profonde influence, et l'entraîna dans des réunions de prières. A dix-sept ans et demi, il se convertit et il ne sut en fixer ni l'heure ni le jour. Le chemin qui le conduisit à Christ fut long. Après trois ans de recherches et d'efforts persévérants, il trouva la réponse aux besoins de son esprit, et son expérience profonde de la vérité chrétienne, soigneusement mise à l'épreuve, fit de lui un chrétien très enthousiaste tout au long de sa vie pour la cause de Jésus Christ. Plus qu'aucun autre peut-être de ses contemporains, il trouva la nourriture spirituelle de son âme dans la Bible, et se consacra à sa propagation, sa traduction, jusqu'à la fin de sa carrière.

En 1781, à peine âgé de vingt ans, il épousa une jeune femme dont il eut plusieurs enfants. Elle fut bientôt atteinte d'une maladie mentale qui s'aggrava rapidement et l'emporta au bout de vingt ans. Prédicateur dans une église, il exposait la Parole de Dieu, étudiant chaque jour la Bible dans les langues originales. Et cela tout en travaillant chez un patron, son beau-frère, qui mourut et lui laissa en plus de ses propres enfants la charge de sa veuve et de ses quatre enfants.

Il prêcha l'Evangile partout où on l'appelait. La pensée de partir au loin porter l'Evangile l'habita très tôt. L'idée de partir comme missionnaire fut manifeste dans ses prières, où il intercédait pour les contrées lointaines où l'oeuvre de Christ était ignorée. Il s'informa exactement de la géographie du monde païen. Il ouvrit une école, et ses élèves le virent aux leçons de géographie pointer souvent sur la carte ces pays mal connus et pleurer en disant: ce sont des païens. Son émotion était alors si vive, qu'il en restait sans mouvement. Parlant à ses collègues de son souhait de partir comme missionnaire, il fut tenu pour un fou, et ne trouva qu'incompréhension et répréhension.

Il écrivit un mémoire qui parut en 1792 sous un titre modeste: "Enquête sur les obligations des chrétiens de travailler à la conversion des païens." Il faut faire connaître à tous la bonne nouvelle que Dieu veut, par la grâce de la croix, guérir et sauver les hommes. Il prêcha avec une puissance convaincante devant une nombreuse assemblée, montrant les grandes perspectives qui, en cette fin de 18ème siècle, s'ouvraient devant les chrétiens, s'ils voulaient être fidèles. "Attendez, disait-il, de grandes choses de Dieu, mais entreprenez de grandes choses pour Dieu."

Une réunion de prière, le premier lundi de chaque mois, groupa ceux qui demandaient sur eux-mêmes et sur le monde une action puissante de l'Esprit de Dieu. Une oeuvre missionnaire allait commencer. La pitié du monde païen, perdu loin de Christ, dans l'ombre de la mort, s'était éveillée fortement dans son âme, et il était poussé d'annoncer l'évangile de la rédemption et de la vie éternelle par Jésus Christ.

LE CHAMP DE LA MISSION

Quelques mois s'écoulèrent avant que William Carrey partît aux Indes. Le voyage dura cinq mois. Sa femme l'accompagna et son fils. Partis sur un bateau danois, essuyant un orage qui détruisit presque le navire, ils arrivèrent à Calcutta le 11 novembre 1793. Les contretemps ne manquèrent pas: les désordres mentaux de sa femme s'aggravèrent, son fils malade de dysenterie paraissait mourir quand ses ressources s'épuisèrent. Un planteur d'indigo, providentiellement placé sur sa route, l'embaucha pour diriger sa plantation et sa fabrique. Pendant six ans, il fut fabricant d'indigo. Il appliquait son principe, selon lequel un missionnaire devait subvenir à ses besoins.

Les matinées suffisaient au travail de l'indigo, et Carrey en profitait pour poursuivre son activité missionnaire. Chaque dimanche et deux à trois fois par semaine, il allait, dans un des deux cents villages de son district, à pied, et grâce à son travail il entrait en contact avec les populations indigènes et apprit à connaître tous les détails de la vie du peuple. Il étudia leur langue "le bengali", et dès 1795, il pouvait prêcher dans cette langue de manière à être parfaitement compris. En même temp, il étudia le "sanscrit" et "l'hindoustani" qu'il put parler couramment et dans laquelle il prêcha dès 1796.

Il fut très éprouvé par la mort d'un de ses enfants et par la maladie de sa femme dont l'esprit sombra tout à fait.

Il traduisit le Nouveau Testament en "bengali", se procura des caractères d'imprimerie et une presse à imprimer. Si des auditeurs se groupaient autour de lui en grand nombre, il constata qu'ils étaient lents à accepter un message que leur milieu social les empêchait de recevoir. Les païens ne se convertissaient pas; les pratiques du paganisme se poursuivaient.

Il vit en 1799 brûler une jeune veuve, sans pouvoir, malgré sa profonde émotion, intervenir pour l'arracher à ce triste sort. Seul un Portugais de Macao, après avoir accepté l'Evangile, était devenu pour Carrey un vrai compagnon d'armes. Il lui fallait toute sa ténacité, sa foi et son amour pour Christ, et le vif sentiment que l'Inde avait besoin de lui, pour le préserver du découragement.

LE TEMPS DE LA MISSION

Ils se retrouvèrent un petit nombre de chrétiens aux compétences variées, et ils mirent en commun leur temps et leurs ressources. Ils achetèrent une maison, dans un petit port de rivière très fréquenté, Sérampore, qu'ils agrandirent avec des dépendances et un grand jardin.

Carrey devint professeur, Marshall ouvrit une pension pour jeunes gens qui prospéra rapidement. Ward fut directeur d'une grande imprimerie qui allait répandre la Bible à profusion dans les différentes langues populaires de l'Inde.

Le 24 avril 1800, la petite société était organisée et les bâtiments de la mission construits.

Ils célébrèrent par un jour d'actions de grâce à Dieu l'achèvement de cette oeuvre préparatoire. Carrey n'avait pas attendu ce moment pour son travail de prédication de la Parole de Dieu. Tous les dimanches, il prêchait pour les nombreux Européens qui peuplaient Sérampore, et deux ou trois fois pour les Hindous.

Pendant de longs mois, Carrey avait l'impression de labourer le roc, car les Hindous ne paraissaient pas ou ne voulaient pas comprendre les exigences profondes de l'Evangile, et il était souvent comme saisi de désespoir. Mais ce qu'il semait était plus solide qu'il ne pensait. Effectivement, vers la fin de l'année 1780, un charpentier, Krisna Pal, qui connaissait l'Evangile depuis des années, se décida avec un de ses amis. Et sans se laisser arrêter par les menaces que le gouverneur de la ville put seul détourner, il fut baptisé le 28 décembre 1780. Beaucoup d'autres allaient suivre.

LES TRADUCTIONS DE LA BIBLE

W. Carrey avait déjà traduit le Nouveau Testament en bengali. Conscient de l'importance d'une traduction populaire, il se rendait compte que sans elle aucune oeuvre définitive ne pouvait être faite. Ward s'était mis sans retard à l'impression. Le 1 Mars 1801, le premier Nouveau Testament en bengali était imprimé. C'était le fruit de sept années et demi de travail opiniâtre. Ce fut le point de départ d'une oeuvre merveilleuse de traduction des Ecritures dont Carrey fut le principal artisan.

Remarquablement doué, Carrey qui avait appris plusieurs langues hindoues, conçut le dessein de traduire l'Ecriture dans toutes les langues principales parlées aux Indes. Ce travail formidable fut entrepris avec le concours de lettrés ou pundits sous la direction et la révision de W. Carrey. Ne pouvant pas se fier en plusieurs de ses collaborateurs, il devait tout contrôler. En 1804, il écrivit à la Société Biblique Britannique, pour dire qu'il s'était engagé avec ses collègues dans la traduction de la Bible en six langues nouvelles, et qu'il estimait à quinze ans, environ, le temps nécessaire pour mener à bien ce travail.

Après le bengali, il avait abordé le sanscrit. Son zèle à apprendre les langues surprenait tous ses collaborateurs. Aucun travail, à ses yeux, ne l'égalait en importance. Ainsi, pendant quarante ans, il réserva quelques heures de sa journée à ce labeur, sans se laisser détourner à aucun prix. Non seulement ses collègues s'associèrent à cette oeuvre, mais les enfants des missionnaires eurent la charge d'apprendre chacun une langue hindoue en vue de la traduction de la Bible, outre le sanscrit que tous étudiaient comme la clef de toutes les autres. Ils arrivèrent à connaître le chinois et les langues indochinoises.

W. Carrey traduisit lui-même la Bible ou le Nouveau Testament en six langues ,et il surveilla la traduction et l'impression en vingt-huit autres. Au total, trente-quatre langues! Un travail gigantesque! Il n'a point eu d'égal dans toute l'histoire du christianisme. Au fur et à mesure que ces traductions étaient achevées, Ward les imprimait.

Avant la mort de W. Carrey, il avait imprimé 212000 exemplaires de la Bible ou du Nouveau Testament. Mais à son oeuvre de traduction qui apparaît comme suffisante pour la vie de plusieurs hommes, Carrey en ajoutait d'autres. Il était le seul à parler, aussi bien que les brahmanes, le bengali dont il avait fait une langue écrite, et le sanscrit dont il venait de composer une grammaire et un dictionnaire.

En 1801, il fut vivement pressé par le gouverneur Wellesley d'enseigner, au collège qu'il avait fondé, le bengali, auquel s'ajoutèrent successivement le sanscrit et l'hindoustani. W. Carrey accepta, à condition de pouvoir rester missionnaire. Il inaugura ainsi un professorat, qui devait lui assurer jusqu'à sa mort une autorité et des occasions pour la cause de l'Evangile par l'influence qu'il pouvait ainsi exercer sur les nombreux jeunes gens. Il rédigea six grammaires, dont quatre ne l'avaient jamais été, de bengali, sanscrit, mahratti, penjabi, telugu et canarese, trois dictionnaires et un vocabulaire étonnant par le nombre des mots que seule la connaissance du peuple et de ses moeurs lui permettait de savoir. Les leçons du collège lui prenaient trois jours par semaine, et le reste de son temps était pour la mission.

Le secret d'un tel sacrifice de soi-même, offert à Dieu avec une grande humilité, se trouvait dans l'amour brûlant pour l'oeuvre de Dieu et dans la communion qui existait avec les autres missionnaires. Leur but commun dans la prédication était d'imiter l'apôtre Paul en ne prêchant que "Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié".

Après la conversion de Krisna Pal, des hommes et des femmes, et parmi elles une veuve, une de ces victimes de la cruauté brahmanique qui avait échappé par miracle, un maître d'école, des mahométans, des brahmanes se convertirent à Jésus-Christ. En 1804, la mission comptait quarante-huit convertis, baptisés. En 1810, ils étaient plus de trois cents.

Carrey ouvrit, partout où il le put, des écoles qui donnaient l'enseignement élémentaire, l'instruction évangélique dans la langue des indigènes. En 1818, cent vingt-six écoles indigènes groupaient plus de 10 000 élèves.

OPPOSITIONS ET SOUFFRANCES

Il est facile de comprendre que tout ce travail ne se fit pas sans soulever une opposition souvent violente. Aux luttes du dehors s'ajoutaient les craintes du dedans. Plus que des craintes, des épreuves fort douloureuses, dont il semble que W. Carrey ait goûté toute l'amertume. La maladie due au climat atteignit tous les membres de la mission. Elle mit maintes fois W. Carey aux portes de la mort, et causa la mort de ses meilleurs amis dans le service.

En 1821, il perdit sa seconde épouse, une femme exceptionnelle qui s'était associée de toute son âme à la cause de la mission et de l'Evangile. En 1822 et 1823, le choléra emporta trois de ses plus intimes collaborateurs, dont le premier converti Krisna Pal et l'imprimeur Ward.

En 1822, un immense incendie détruisit la mission et l'imprimerie qui fut réduite à un tas de cendres.

Vers 1830, des catastrophes économiques s'abattirent sur le pays qui fut ruiné au point de vue industriel et agricole.


Malgré tous les obstacles, alors que la carrière de W. Carrey touchait à sa fin, il eut la joie de constater que la moisson levait partout. Des jeunes gens pleins de foi venaient prendre rang à côté des anciens.

En Juin 1832, il termina la révision de sa traduction de la Bible en Bengali. Incapable de faire autre chose que de lire et de corriger des épreuves d'imprimerie, il s'affaiblit sans souffrances, et il resta jusqu'au bout en pleine possession de ses moyens. "En ce qui concerne mon salut personnel, disait-il vers la fin, je n'ai pas l'ombre d'un doute: je sais en qui j'ai cru... mais, quand je pense que je suis sur le point de comparaître devant le Dieu saint ...je tremble ..." Il ne put en dire d'avantage, les larmes coulèrent de ses yeux. Les dernières lettres à ses deux soeurs, en Angleterre, furent des messages d'amour et d'espérance.
Le 9 juin 1834, il entrait dans la joie de son maître. Des milliers d'Hindous s'étaient convertis par son moyen. Mais le résultat immédiat de l'activité de W. Carrey fut la fondation de nombreuses missions étrangères. Il restera l'exemple de ce qu'un homme appelé par Dieu peut faire dans une vie entièrement consacrée. A sa suite, la mission s'est développée, et cette parole du Seigneur Jésus aux siens est venue trouver un aboutissement: "Allez dans le monde, et prêchez l'évangile à toute la création."

Le monde païen s'est couvert d'un réseau de stations missionnaires aux mailles de plus en plus serrées. La Bible a été traduite en d'innombrables langues et dialectes. Travail qui apparaît comme le prolongement et le couronnement de l'oeuvre entreprise, avec une détermination et une volonté exemplaire, par ce serviteur de Dieu, dont le témoignage a été rendu qu'il était "d'une humilité enfantine".

Au jour du tribunal de Christ, tout sera mis en lumière pour ce chrétien que Dieu a employé pour Son oeuvre. On reste impressionné par la puissance et la capacité de travail de ce croyant qui a pu mener de front autant d'activités. Que la vie de cet homme soit en encouragement pour chacun de ceux qui, engagés dans le service chrétien, pourront rendre grâce à Dieu d'avoir choisi et qualifié de tels missionnaires, afin que l'Évangile retentisse "jusqu'au bout de la terre" (Actes 1, 8).
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