Le Chemin qui mène à Dieu (Page 2 / 9)
L'amour de Dieu et de Jésus Christ
Si les hommes se sont perdus loin de Dieu, il ne s'en suit pas que Dieu les haïsse; il ne hait que le péché.
Nous construisîmes, il y a quelques années, un lieu de culte, et nous désirions fort y enseigner l'amour de Dieu. « Si nos paroles n'y suffisent pas, employons le feu. », pensâmes-nous; et au-dessus de la chaire nous traçâmes en lettres de flammes cette inscription : DIEU EST AMOUR.
Un soir, un passant, en jetant un regard distrait à travers la porte ouverte, vit, tout au fond de la salle, briller cette glorieuse parole. C'était un enfant prodigue. En continuant son chemin, il se disait : « Dieu est amour! Non, pas pour moi; il ne m'aime pas, car je suis un misérable. » Il essaya de se débarrasser de ces trois mots importuns, mais il les voyait toujours flamboyer devant lui. Il continua sa route, puis se retourna, revint en arrière et entra dans la réunion. Il n'entendit pas le discours ; mais ce texte en traits de feu s'était gravé dans son coeur, et c'en fut assez. Peu importe ce que disent les prédicateurs, si seulement la Parole de Dieu s'ouvre un chemin jusqu'à la conscience des pécheurs. Il resta, après la réunion, et je le trouvai assis là, pleurant comme un enfant. Tandis que je lui ouvrais les Ecritures, en lui disant comment Dieu l'avait toujours aimé, quoiqu'il se fût égaré si loin, et comment Il s'apprêtait à le recevoir et à lui pardonner, la lumière de l'Evangile lui apparut soudain, et il s'en alla plein de joie.
Il n'y a rien en ce monde que l'on estime davantage que l'amour. Le plus malheureux des hommes serait celui qui ne serait aimé de personne. Bien des suicides n'ont pas d'autre cause : le malheureux se voit isolé, dédaigné, sans aloi; cela suffit; il préfère mourir que de vivre ainsi plus longtemps.
Il n'y a pas dans toute la Bible une seule vérité qui doive agir sur nous avec plus de puissance et de tendresse que la doctrine de l'amour de Dieu; il n'y en a pas non plus que Satan s'efforce davantage de nous faire ignorer. Depuis plus de six mille ans, tous ses efforts tendent à persuader aux hommes que Dieu ne les aime pas. Il réussit avec nos premiers parents, il réussit trop souvent avec leurs descendants.
L'idée que Dieu ne nous aime pas naît d'une fausse éducation. Les mères se trompent en disant à leurs enfants que Dieu ne les aime que quand ils sont sages. Cela n'est pas enseigné dans l'Ecriture. Vous ne dites pas à vos enfants que vous les détestez quand ils font le mal. Leurs fautes ne changent pas votre amour en haine ; s'il en était ainsi, vous les haïriez plus que vous ne les aimeriez. Vous ne rejetez pas votre enfant comme s'il ne vous appartenait plus à cause de quelque désobéissance; non! il est toujours à vous et vous l'aimez quand même. Si les hommes se sont perdus loin de Dieu, il ne s'en suit pas que Dieu les haïsse; il ne hait que le péché.
Je crois que beaucoup de gens s'imaginent que Dieu ne les aime pas, parce qu'ils le toisent à leur propre mesure et le réduisent à leur niveau. Nous aimons nos semblables tant qu'ils se montrent dignes de notre affection; sinon nous les mettons de côté. Il n'en est pas de même pour Dieu. Il y a un abîme entre l'amour humain et L'amour divin.
Dans l'épître aux Ephésiens, il est parlé de la largeur, de la longueur, de la profondeur et de la hauteur de l'amour de Dieu.
Beaucoup s'imaginent connaître quelque chose de cet amour; mais dans plusieurs siècles d'ici nous confesserons que nous sommes encore bien ignorants sur ce sujet. Christophe Colomb découvrit l'Amérique; mais que savait-il de ses lacs, de ses grands fleuves, de ses immenses forêts de la vallée du Mississipi ? Il mourut sans savoir grand chose de ce monde qu'il avait découvert. Ainsi beaucoup, parmi nous, ont découvert quelque chose de l'amour de Dieu; mais sa hauteur, sa longueur, sa largeur leur sont encore inconnues. Cet amour est un océan immense; il faut s'y plonger tout entier pour en avoir même une faible idée.
On raconte que l'archevêque de Paris, attendant dans sa prison le moment d'être fusillé, vit dans sa cellule une fenêtre en forme de croix. Au sommet de la croix il écrivit : hauteur, au bas : profondeur, et à l'extrémité de chaque bras : longueur.
Si nous voulons connaître l'amour de Dieu, c'est au Calvaire qu'il nous faut aller. Peut-on contempler ce spectacle et dire encore que Dieu ne nous aime pas? Cette croix est la plus éloquente proclamation de l'amour divin. On n'a jamais vu un amour plus grand que celui qui nous parle de là. Pourquoi Dieu a-t-il donné Jésus-Christ? Pourquoi Jésus est-il mort volontairement, si ce n'est par amour? « Personne n'a un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Christ a donné la sienne pour ses ennemis. Christ a donné sa vie pour ses meurtriers ; il l'a donnée pour ceux qui le haïssaient; ce qui descend de la croix, ce qui rayonne du Calvaire, c'est son amour. Que dit-il quand ils se moquaient de Lui, quand ils l'insultaient? « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font! » Voilà l'amour.
En étudiant la Bible vous découvrirez que l'amour de Dieu est invariable. Beaucoup vous ont aimé, qui, peut-être, se sont refroidis à vôtre égard et vous ont même oublié ; qui sait? leur amour est peut-être devenu de la haine. Il n'en est pas de même avec Dieu. Il nous est dit de Jésus, au moment où il se préparait à quitter ses disciples et à monter sur le Calvaire, que, comme Il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu'à la fin (Jean 8:1).
Il savait que l'un de ses disciples le trahirait; pourtant, jusqu'à la fin, il aima Judas. Il savait qu'un autre de ses disciples le renierait, et jurerait de ne pas le connaître, et pourtant il aima Pierre. Ce fut l'amour de Christ pour Pierre qui brisa le coeur de celui-ci, et le ramena, repentant, aux pieds de son Maître. Pendant trois ans, Jésus avait vécu avec ses disciples, essayant de leur enseigner son amour, non seulement par ses paroles, mais aussi par ses oeuvres. La nuit qu'il fut trahi, il prit un bassin, se ceignit d'un linge et fit la fonction d'un esclave en lavant leurs pieds : Il voulait les convaincre de son immuable amour.
Le passage de l'Ecriture que je lis le plus souvent est le 14ème chapitre de saint Jean; il n'en est point qui me soit plus précieux. Je ne m'en lasse jamais. Écoutez ce que dit le Seigneur, et comme il répand, pour ainsi dire, les trésors de son coeur devant ses disciples :
Représentez-vous cela: le grand Dieu, qui créa le ciel et la terre, vous aime et il m'aime aussi !...
Plût à Dieu que nos pauvres esprits pussent saisir cette grande vérité! Le Père et le Fils nous aiment au point de consentir à demeurer avec nous, non pour une heure, ni pour un jour, mais pour jamais!
Il y a un autre passage, plus étonnant encore : c'est :
J'estime que c'est ici l'une des déclarations les plus remarquables qui soient jamais tombées des lèvres du Sauveur. Il n'y avait aucun motif qui pût empêcher le Père de l'aimer. Il fut obéissant jusqu'à la mort; il ne transgressa jamais les lois divines et ne s'écarta pas d'une ligne du sentier de la sainteté. Mais, dans notre conduite, quelle différence ! Pourtant, malgré nos révoltes, notre folie, il déclare que, si nous nous confions en Christ, le Père nous aime comme il aime le Fils. Merveilleux amour! amour sublime ! - Que Dieu puisse nous aimer autant que son Fils, cela paraît trop beau pour être vrai : c'est pourtant ce qu'enseigne Jésus-Christ.
Il est difficile de convaincre un pécheur de cet amour de Dieu pour lui. Il ne sait pas faire la distinction entre le péché et le pécheur : le premier, Dieu le déteste, mais le second, Dieu l'aime. Il déteste le péché, parce que c'est là notre grand adversaire, qui gâte et détruit notre vie.
L'amour de Dieu est non seulement invariable, mais encore immuable. Dans Esaïe 49:15-16, nous lisons :
L'amour le plus fort qui soit sur la terre, c'est certainement l'amour maternel. Bien des choses peuvent intervenir entre deux époux, et les séparer; un père même peut tourner le dos à son enfant; des frères et soeurs peuvent devenir étrangers et même hostiles les uns aux autres; mais l'amour d'une mère dure toujours. Dans la bonne et la mauvaise réputation, sous le mépris du monde qu'elle partage avec son fils, la mère continue à l'aimer, elle espère toujours qu'il se repentira et reviendra au bon chemin. Elle se souvient des sourires du nourrisson, des éclats joyeux de sa voix enfantine; elle ne peut croire que son enfant soit absolument perdu. La mort même ne peut éteindre l'amour d'une mère, il est plus fort que la mort.
Voyez-la, veillant au chevet de son enfant malade. Comme elle prendrait volontiers la maladie si elle pouvait l'ôter à son bien-aimé. Pendant des semaines entières, elle veillera seule, et si elle ne peut le guérir, du moins elle ne permettra à nul autre de le soigner. Mais laissez-moi vous dire que l'amour maternel lui-même ne peut donner une idée de la hauteur et de la profondeur de l'amour de Dieu. Jamais une mère n'a aimé son enfant comme Dieu nous aime, vous et moi. Pensez à l'amour qu'il lui a fallu pour donner son Fils au monde ! Autrefois, j'exaltais Christ au-dessus du Père. Il me semblait que Dieu était un juge sévère et que Christ venait se placer entre lui et moi pour apaiser sa colère. Mais après que je fus devenu père - pendant plusieurs années, d'un fils unique - je pensais, en regardant mon fils, au Père qui voua le sien à la mort, et il me semblait alors qu'il avait fallu plus d'amour au Père pour donner son Fils, qu'à celui-ci pour subir la mort.
Je n'ai jamais pu prêcher sur ce texte. Je l'ai parfois essayé ; mais il est si grand que je n'ai pu m'élever à sa hauteur : je me contente de le citer et de passer outre. Qui jamais sondera la profondeur de cette parole:
Qu'est-ce qui ramena l'enfant prodigue? La pensée que son père l'aimait encore. Supposez que la nouvelle lui fût parvenue qu'il était rejeté, que son père ne se souciait plus de lui, serait-il revenu? Jamais! Chers amis, l'amour du Père doit nous ramener vers Lui. La chute d'Adam servit à révéler l'amour de Dieu; lorsqu'il eut péché, Dieu descendit moins encore pour le punir que pour préparer son salut. Si quelqu'un est perdu, ce ne sera pas parce que Dieu ne l'aime point, mais parce qu'il aura résisté à l'amour de Dieu.
Qu'est-ce qui constituera la beauté du ciel ? Les portes de perles, les rues pavées d'or? Non. Le ciel sera beau, parce que là nous verrons Celui qui nous a aimés au point de donner son Fils unique, afin qu'il mourût pour nous. Qu'est-ce qui rend le chez-soi si attrayant? Est-ce le bel ameublement? Non, malgré leurs meubles somptueux, certaines maisons ne sont que des sépulcres blanchis.
Une mère était mourante, il fut nécessaire de lui ôter son enfant qui la troublait par son babil, ne pouvant comprendre la gravité de l'état dans lequel se trouvait sa mère. Chaque soir, la petite s'endormait, dans les sanglots, chez les voisins hospitaliers qui l'avaient recueillie; elle voulait retourner chez sa mère! Mais la mère devint plus malade, elle mourut enfin, et l'on ne permit plus à l'enfant de la contempler une dernière fois, couchée dans sa bière. Après l'enterrement, l'enfant, ramenée chez elle, courut dans une chambre en criant : « Maman! maman! » puis dans une autre, et ainsi dans toute la maison : et quand la pauvre petite comprit que sa mère n'était plus là, elle pleura pour être ramenée chez les voisins. La maison, pour elle, c'était sa mère. Le ciel, pour nous, ce sera Christ.
J'imagine que beaucoup se disent en eux-mêmes : « Oui, sans doute, Dieu nous aime si nous l'aimons; Dieu aime ceux qui sont purs et saints. » Laissez-moi vous répondre, mes amis, que Dieu aime non seulement les saints, mais encore les méchants :
Dieu l'a envoyé pour mourir à cause des péchés commis par le monde entier. Vous appartenez au Monde, vous ayez donc part à cet amour qui a été manifesté, dans la croix du Christ. Remarquez ce passage de l'Apocalypse, auquel je pense souvent : « Celui qui nous a aimés et nous a lavés dans son sang. »
Il semble que Dieu aurait dû nous laver d'abord et nous aimer ensuite. Mais non, c'est l'auteur qui est le premier. Il y a huit ans, il y eut en Amérique une grosse émotion au sujet d'un enfant, Charlie Boss, qui avait été volé. Deux hommes, montés dans un cabriolet, passant un jour auprès de l'enfant et de son frère aisé, leur avaient demandé s'ils voulaient venir avec eux, pour avoir du sucre candi. L'aîné refusa, mais le plus jeune partit dans leur voiture. Depuis ce temps, on a fouillé chaque État, chaque territoire de l'Amérique; des agents ont parcouru la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne dans cette vaine recherche. La mère n'a pas perdu courage ; elle espère encore revoir son cher Charlie. Je ne me souviens pas d'avoir vu une telle émotion en Amérique, si ce n'est celle que produisit l'assassinat du président Garfield.
Eh bien ! supposez que la mère de Charlie Boss soit présente dans cette réunion, et tandis que l'orateur parle, qu'elle aperçoive dans l'auditoire son fils, son pauvre enfant perdu. Supposez qu'elle le retrouve pauvre, sale, en haillons, sans souliers et sans habits, que fera t-elle? Attendra-t-elle pour le reconnaître qu'il soit lavé et vêtu décemment ? Non, elle s'élancera de l'estrade, courra vers lui et le prendra dans ses bras. Après seulement elle s'occupera de le rendre présentable. Il en est de même de Dieu : Il nous a aimés et nous a lavés. Mais j'entends quelqu'un objecter : « Si Dieu m'aime, pourquoi ne me rend-il pas bon? » Dieu veut des fils et des filles, non des machines ou des esclaves. Il pourrait briser nos coeurs rebelles, mais Il préfère nous attirer vers Lui par les cordeaux de son amour.
Peut-être quelqu'un demande-t-il : « Comment puis-je aller à Lui? » Comme vous iriez à votre mère. Avez-vous offensé votre mère, lui avez-vous fait du tort ? Aussitôt vous allez vers elle et vous dites : - « Mère, pardonne-moi! » Traitez Christ de la même manière. Allez à lui aujourd'hui en confessant que vous ne l'avez pas aimé, que vous ne l'avez pas traité comme vous le deviez; confessez vos péchés, et vous verrez avec quelle promptitude il vous pardonnera.
Je me souviens de l'histoire d'un jeune soldat qui avait été jugé par une cour martiale et condamné à mort. Le coeur du père et de la mère fut brisé à cette nouvelle. Ils avaient une petite fille. Elle connaissait Abraham Lincoln de nom et de réputation, et elle se dit : « Si Lincoln, président de la République des États-Unis, savait combien mon père et ma mère aiment leur fils, il ne laisserait pas fusiller mon frère». Elle supplia son père d'aller à Washington pour tâcher d'obtenir la grâce du condamné. Mais le père dit : « Ce n'est pas la peine; la loi doit suivre son cours. On a déjà refusé plusieurs grâces, et le président a déclaré qu'il n'interviendrait plus, que les sentences des cours martiales seraient désormais exécutées. » Le père et la mère ne croyaient pas que leur fils pût être gracié.
Mais la petite fille ne perdit pas l'espoir; elle prit le train qui la conduisit du Vermont à Washington. Quand elle arriva à la Maison Blanche, les soldats voulurent l'empêcher de passer, mais elle raconta la lamentable histoire, et on lui ouvrit le passage. Le secrétaire particulier du président Lincoln refusa de l'introduire auprès de celui-ci, mais la petite commença son récit et le coeur du secrétaire fut touché; il l'introduisit devant le président. Quand elle entra dans le cabinet de Lincoln, il y avait là des sénateurs, des généraux, des gouverneurs, des hommes politiques; tous occupés des grandes affaires du moment; l'enfant n'osait avancer, mais le président la vit, debout près de la porte: « Que veux-tu? » lui demanda-t-il, et l'enfant raconta son histoire, dans son simple langage. Il était père, et des larmes coulèrent bientôt sur les joues du grand Lincoln. Il écrivit un télégramme pour faire venir à Washington le jeune condamné. Quand il fut arrivé, le président le gracia, lui donna trente jours de congé, et l'envoya chez lui avec la petite fille pour réjouir le coeur du père et de la mère.
Voulez-vous savoir comment aller à Christ? Exactement comme cette enfant alla auprès de Lincoln. Peut-être avez-vous un triste récit à faire. Racontez tout, ne gardez rien sur la conscience! Si Lincoln eut pitié de la petite fille, écouta sa requête et l'exauça. croyez-vous que le Seigneur Jésus n'écoutera pas votre prière? Croyez-vous qu'Abraham Lincoln, ou tout autre homme ici-bas, ait jamais eu autant de compassion que Christ? Il est miséricordieux quand tous sont lassés de l'être! Il a pitié de ceux que tous jugent indignes de pitié. Allez à lui, confessant vos péchés, et il vous sauvera.