La maison de la grâce (Page 5 / 6)

Une étude de Bernard Emkeyes

La maison de la grâce - partie 5

Nous continuons sur le sujet de la grâce, qui est véritablement un thème complexe à comprendre.
L'être humain aime bien mériter ce qu'il reçoit, et notre chair nous pousse sans cesse à rechercher le ciel de gloire par nos propres forces et nos propres mérites.

Mais lorsque nous regardons à Jésus, nous voyons le pardon de nos péchés qui est une grâce imméritée de Dieu.

Je vous rappelle ce passage :

16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce; 17 car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

La grâce est un style de vie !

Une maison qui ne juge pas

Une erreur qui peut amener une église sur une mauvaise voie est de croire que seule une personne sanctifiée peut faire partie du corps de Christ. Ces églises veulent des personnes parfaites et regardent d'un mauvais œil les personnes qui font le moindre faux pas. Elles sont tellement légalistes qu'elles ont oublié la puissance de la grâce de Dieu ; elles ont oublié que Christ a donné sa vie pour que les pécheurs soient pardonnés.

L'Eglise de Jésus n'est pas faite que de personnes sanctifiées ! C'est aussi une Eglise de pécheurs, ouverte à tous car Jésus transforme ces personnes et lave leurs péchés. L'Eglise de Christ est faite de mendiants, d'aveugles, d'adultères car il a le cœur large ! Jésus ne ferme la porte à personne ! Ensuite, petit à petit, ces personnes mettront leur vie en règle devant Dieu, mais c'est par le Saint-Esprit que ce travail se fera. C'est l'amour de Dieu qui amène le pécheur à être transformé, et non pas la condamnation ni les regards accusateurs.

C'est difficile d'être une église de la grâce car cela nous demande d'avoir un regard d'amour dans des situations où nous aurions tendance à avoir un regard de jugement. Mais pour qu'une église grandisse, pour qu'elle puisse correctement annoncer la Parole de Dieu à des personnes qui ne la connaissent pas encore, elle doit faire cet effort d'accueillir et d'accepter en son sein des pécheurs. Non seulement elle doit les accepter, mais elle doit les aimer et les considérer avec un regard de grâce. C'est difficile ce que je vous dis, mais alléluia car de nombreuses âmes seront alors sauvées.

Certaines églises privilégient leur confort et préfèrent rester entre chrétiens plutôt que d'ouvrir leurs portes à des pécheurs. Mais Dieu nous appelle à l'exact inverse : nos portes doivent être ouvertes sans aucune restriction et chaque personne qui ne connait pas encore l'Evangile doit pouvoir être accueillie dans l'amour et la grâce. C'est difficile ! Parfois nous prenons des coups ! Mais tout ce que nous faisons, nous le faisons pour Jésus qui lui, n'a pas hésité à donner sa vie pour nous.

C'est une erreur de penser que seule une personne pure peut s'approcher de Dieu. Cela va même à l'encontre de la grâce. N'oublions pas que Dieu ouvre ses bras à tout le monde, même au plus grand des pécheurs. Jésus aime chaque être humain.

Notre rôle en tant qu'église n'est pas de poser des questions ni de pointer ce qui ne va pas dans la vie des personnes, notre rôle est de manifester l'amour de Dieu et d'amener les âmes aux pieds de la croix pour qu'elles soient transformées par Jésus.

Lorsque nous comprenons que c'est le Saint-Esprit qui transforme les cœurs et non pas nous, nous n'avons plus un regard d'accusation, nous n'avons plus d'excuse pour dire : « Pourquoi fréquentes-tu cette personne… Pourquoi fais-tu encore cela… ». Nous n'avons plus à nous préoccuper de ces choses-là car c'est l'affaire de Dieu. Bien sûr, nous pouvons prier pour une personne qui nous le demande. Nous pouvons aussi prier pour que Dieu la bénisse. Mais nous n'avons pas à juger sa manière de vivre car cela regarde Dieu et la personne en question.

Ensuite, la personne qui a donné sa vie à Dieu ne peut plus se permettre de faire n'importe quoi. Mais là encore, ce n'est pas à nous d'agir. Tout d'abord, même si nous aspirons à marcher chaque jour davantage selon la Parole de Dieu, nous commettrons toujours des péchés et nous ne serons jamais parfaits. Nous aurons donc toujours besoin de la grâce de Dieu pour notre vie, et nous devrons avoir ce même regard de grâce envers notre frère ou notre sœur. Ensuite, c'est à Dieu de reprendre la personne qui pèche. Nous ne sommes pas Dieu pour savoir qui fait le bien ou qui fait le mal ; Dieu est seul juge.

Quel que soit le péché que vous commettez, la grâce de Dieu l'efface et nous, Eglise, nous n'avons pas à condamner ni même à en parler. La maison de la grâce n'ébruite pas les problèmes personnels, elle ne parle pas de la vie de chacun, elle ne commente pas sans cesse la façon de vivre de ses membres et elle ne garde pas en mémoire les péchés de chacun car elle sait que Dieu les a effacés. Sachez ceci : quelle que soit la situation que vous vivez, vous êtes sous la grâce du Seigneur et personne ne peut vous juger.

La maison de la grâce ne peut pas se focaliser sur le péché de ses membres parce que Dieu ne s'est pas focalisé sur le péché de l'homme. Le sentiment qui domine en Dieu est l'amour : s'il s'était focalisé sur la méchanceté de l'homme, il n'aurait pas envoyé son Fils sur la terre ; mais comme son amour pour nous surpasse nos transgressions, il a donné son Fils Jésus pour effacer nos péchés.

J'entends souvent des chrétiens parler ensemble et juger ! Parfois, ils ne s'en rendent même pas compte, mais la façon dont ils donnent leur avis sur une situation ou sur la manière dont une personne se comporte n'est autre que du jugement : « Il aurait dû agir ainsi… Ce n'est pas bien ce qu'il a fait… ». Ces personnes se focalisent sur ce qui ne va pas, alors que Jésus lui-même n'a jamais regardé aux péchés mais toujours à la personne. Lorsqu'il se trouvait devant quelqu'un qui réclamait son aide, il ne disait pas : « Quel péché as-tu à confesser ? », il demandait : « Que veux-tu que je te fasse ? ». Jésus est l'exemple que nous devons suivre.

Ce n'est pas la condamnation qui libère les âmes de la prison, mais la grâce de Dieu. La loi conduit à la condamnation, mais la grâce de Dieu mène à la libération.

Veillons à ne pas devenir une église trop légaliste, une église qui est tellement « sanctifiée » qu'elle en est devenue sèche parce qu'elle n'a plus l'amour du pécheur ; une église qui est intolérante et qui se contemple le nombril, à tel point qu'elle n'accueille plus d'âmes nouvelles. L'Eglise de Jésus est une Eglise de grâce, une Eglise ouverte à tous, une Eglise où les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres. Cette Eglise est faite pour amener les âmes qui pèchent à devenir des disciples de Jésus.

Le disciple est plus qu'un croyant ! Le disciple est un chrétien qui met en pratique la Parole de Dieu et qui ne cherche plus ses intérêts mais qui se met au service de Dieu et de son prochain. Le disciple donne sans compter et s'il prend des coups, ce n'est pas grave car la mission de Dieu est plus importante. Il sait que cela va être dur pour lui, mais il sait surtout que cela portera du bon fruit. C'est important de faire la distinction entre le croyant et le disciple.

Une Eglise qui recherche à être une maison de grâce évolue. Elle aime les personnes avant de les juger, elle les accepte quelle que soit leur façon de vivre car elle a conscience que Dieu les aime avant tout.

Ainsi, dans l'Eglise de Christ, dans cette maison de la grâce, sachez que personne ne juge personne. Cela est particulièrement important pour les nouvelles âmes qui s'approchent de Dieu et qui sont timides, voire honteuses de venir telles qu'elles sont, avec les difficultés qu'elles vivent dans leur vie.

Nous sommes tous passés par cette période où, découvrant Dieu et étant nouveaux dans une église, nous avions l'impression que les gens nous regardaient et nous jugeaient parce que notre façon de vivre était encore très empreinte du monde : « Qu'est-ce que les gens pensent de moi ? Qu'est-ce qu'ils vont dire si je leur raconte ma manière de vivre… ». Mais l'esprit de grâce se réjouit de les accueillir.

D'ailleurs, j'aimerais dire à toutes les personnes qui sont nouvelles dans une église ou qui se sentent jugées que ce sentiment est faux parce que Dieu est un Dieu de grâce et que son Eglise manifeste cet esprit de grâce. Au contraire, vous n'avez pas à cacher vos défauts mais à les révéler au Père pour qu'il puisse vous transformer. Sachez que personne ne vous jugera car nous sommes tous passés par cette étape : lorsque nous sommes venus à Dieu, nous avons tous traversé cette période pendant laquelle Dieu a purifié notre vie pour la mettre en ordre. C'est normal et personne ne peut vous le reprocher. L'église ne vous juge pas, Dieu ne vous condamne pas, alors vous devez bannir cette crainte de votre pensée.

Une maison de grâce a également pour vocation de fortifier. Elle enseigne les principes de Dieu qui renforcent l'âme et l'esprit, elle aide le peuple de Dieu à grandir dans le Seigneur, elle donne les clés d'une vie forte. Elle prie pour les pécheurs car elle désire que le plus grand nombre soit sauvé.

Le désir naturel d'un chrétien est que toutes les âmes soient sauvées. Mais pour atteindre cet objectif, encore faut-il que ces âmes perdues puissent être accueillies convenablement dans une assemblée. C'est pour cela que je refuse l'idée d'une église sèche, dont le regard est tellement focalisé sur la sanctification qu'elle en oublie la nature humaine et pécheresse des êtres et rejette tous ceux qui n'ont pas encore été purifiés par Dieu. Ces personnes ont justement besoin de s'approcher de Dieu pour être purifiées ; si on les en empêche, comment feront-elles ?

Cette mentalité touche les chrétiens : ils finissent par avoir un regard de condamnation avant d'avoir un regard de grâce. Mais « chrétien » n'est pas un titre, c'est une disposition de cœur. Un chrétien qui est disciple doit rechercher à imiter Christ, c'est-à-dire à avoir un cœur rempli d'amour et de compassion. N'oubliez pas que Jésus fut ému de compassion lorsqu'il vit la foule sans berger.

34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Jésus n'a pas rejeté cette foule qui vivait sans berger, c'est-à-dire loin de la Parole de Dieu ; il ne l'a pas condamnée ; au contraire, il a été ému de compassion parce qu'il ressentait sa détresse et son besoin de la Parole. Il en est de même pour nous. Lorsque nous faisons face à une âme qui vit loin de Dieu, nous faisons face à une âme en détresse qui a besoin, non pas d'être condamnée parce qu'elle vit loin de Dieu, mais d'être accueillie à bras ouverts.

L'Eglise doit sortir de cette sècheresse et doit arrêter de condamner le pécheur. Comment pouvons-nous donner envie à ceux qui ne connaissent pas Dieu de devenir chrétiens si nous disons sans cesse que ce qu'ils font n'est pas bien ? Ce n'est pas possible. La personne qui est dans le monde est aveuglée et ne comprend pas qu'elle vit dans le péché. Lorsque nous condamnons sa façon de vivre sous prétexte qu'elle n'est pas conforme à la Parole de Dieu, elle ne comprend pas car elle n'a pas encore conscience de son péché. Alors, face à ce jugement, elle s'éloigne de Dieu.

Bien sûr qu'une personne qui vient à Dieu à besoin de purifier se vie, mais l'erreur est de le faire nous-mêmes et de ne pas laisser Dieu agir et transformer le nouveau converti. N'oublions pas que c'est le Saint-Esprit qui, petit à petit, convainc de péchés.

Je prie pour que la francophonie vive le réveil. Pour cela, l'Eglise doit retrouver ce cœur de chair et redevenir une maison de grâce. Je prie pour que chaque personne soit touchée par le Seigneur. Ensuite, l'Esprit de Dieu pourra faire son travail dans chacune de ces vies, comme il l'a fait pour nous.

Nous devons rechercher la sanctification, mais elle ne doit pas devenir un absolu au risque d'en devenir un poids et de faire l'effet inverse. Un chrétien qui tombe dans l'excès de sanctification s'impose des contraintes telles qu'il finit par considérer sa vie chrétienne comme difficile et pesante, et peut même en arriver à penser que la vie dans le monde est meilleure. Mais c'est absolument faux ! Si je vous demande ce que vous préfèreriez entre être sales et boueux ou propres et sentir bon, j'imagine que vous me répondriez : propres et sentir bon. C'est la même chose avec Dieu : dans le monde, nous étions salis par le péché, et en tant qu'enfants de Dieu, nous avons été lavés par le sang de Christ. Alors, ne pensez pas que la vie dans le monde soit plus simple ou meilleure, mais soyez heureux de votre vie chrétienne. Ne tombez pas dans un excès de sanctification qui vous emprisonne et vous éloigne de la grâce de Dieu.

Si beaucoup d'églises sont vides, c'est parce qu'elles jugent plus que ce qu'elles n'encouragent ; elles condamnent plus que ce qu'elles pardonnent. Le résultat est que les gens du monde pensent que s'ils vont à l'église, ils recevront plus de reproches que d'encouragements ; ils vont même jusqu'à penser que Dieu les rejetterait parce que leur vie est trop en désordre. Mais dans la maison de Dieu, tous sont les bienvenus, et personne, quoiqu'il ait fait, n'est rejeté. Dieu accepte tout le monde car sa grâce surpasse tout.

Une clé pour conserver ce regard de grâce est de veiller à son cœur et faire attention à ce qu'il ne s'endurcisse pas. La vie est compliquée, et nous prenons tous des coups, y compris les chrétiens. Parfois même, les contrariétés peuvent venir de la part d'autres frères ou sœurs. Et si nous ne prenons pas du recul, si nous n'apprenons pas à nous garder face aux flèches de la vie, alors notre cœur s'endurcit et devient comme de la pierre. Cette réaction est humaine : une personne qui prend des coups s'endurcit pour ne plus souffrir.

Nous savons que nous recevrons tous des gifles, mais ce n'est pas grave ! Les tempêtes et les jours de pluie font partie de la vie. Nous devons apprendre, non pas à devenir insensibles comme une pierre, mais à être régénérés par l'amour de Dieu.

Photo de Bernard Emkeyes
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