Adorer en esprit et en vérité (Page 2 / 3)

Une étude de Claude & Julia Payan

Culte d'adoration ou foire charismatique ?

Bien que cette petite histoire soit agrémentée d'un brin d'humour, toute ressemblance avec des situations connues ou vécues n'est absolument pas fortuite.

C'est dimanche matin, 10 h, le culte commence...Déjà une partie de l'église arrive en retard, quelques membres de l'équipe de louange également. Les premiers chants ont pour but d'attendre que tout soit en place en bas comme en haut de l'estrade. 
Le temps de louange commence à devenir consistant, nos coeurs veulent s'élever vers le Seigneur aidés par la musique, quelques fausses notes, nous en empêchent car elles reviennent à intervalles trop réguliers de la part de deux musiciens dont il est évident qu'ils ne connaissent pas bien les morceaux. Elles sont suffisamment agressives pour nous faire redescendre chaque fois qu'on semblait commencer à décoller.

Ensuite il y a cet autre musicien, qui lui connaît très bien les morceaux, mais semble utiliser tous les créneaux qu'il arrive à trouver pour placer le maximum de notes pour montrer qu'il est un bon. C'est vrai c'est un bon, mais ce qu'il fait ne fait qu'affaiblir le temps de louange au lieu de le rendre plus fort. Deux autres membres du groupe ne se regardent pas, sinon pour se jeter des regards de reproches, car il ne sont pas d'accord quant à la direction qu'a pris le temps de louange. Ils n'étaient pas d'accord déjà sur le choix des morceaux, donc cette tension est palpable dès le début. Ils pensent que « d'en bas » ça ne se voit ni ne se ressent », mais tout se voit et tout se ressent « d'en bas » ; du moins par ceux qui sont vraiment venus adorer en ce jour.

La pianiste et le bassiste, qui sont maris et femmes, tirent aussi une drôle de tête. Il semble qu'ils se sont "pris la tête" avant de venir au culte. Des enfants jouent en plein devant l'estrade et leur parents ne jugent pas nécessaire de les arrêter. Il semble qu'à partir du moment où ils sont entrés dans l'église ils ne s'en sentent plus responsables, comme si c'était à l'église de les prendre en charge de a à z. Attitude pas toujours cohérente car si vous reprenez leurs enfants certains vont mal le prendre. Les enfants font plusieurs fois l'aller retour du bas de l'estrade à leurs parents, en faisant du bruit, ce qui distrait les personnes qui se trouvent aux premiers rangs.

Plusieurs autres ont même saisi des bannières trop grandes pour eux. Deux se battent déjà avec.

 Après le temps de louange la soeur....se lève et donne... ce qu'elle croit être une prophétie : elle parle d'une colombe qui vole au dessus de nous, les ailes déployées et qui se pose sur l'estrade. Le problème est qu'elle donne toujours la même « parole », à deux mots près. Ensuite, si elle voyait vraiment quelque chose, vu le contexte, ce serait plutôt la colombe qui s'en va et non qui se pose. 
Le frère...... renchérit, il parle du petit troupeau que Dieu s'est réservé et lui dit de ne pas craindre. Cette parole, il a entendu d'autres la donner dans d'autres églises et il la répète un peu tous les dimanche aussi dans la sienne. Pour les nouveaux ça fait de l'effet. Pour les habitués, à l'instant où il se lèvent on entend même murmurer : « C'est reparti pour le petit troupeau ».

Puis une autre soeur décide de prier. Elle commence à déverser un flot de paroles qui ne sont pas vraiment de la prière, elle parle de ce qui s'est passé cette semaine quand elle a rencontré madame une telle et lui a parlé de Monsieur un tel, qui lui-même avait créé des problèmes dans le voisinage, etc., etc. C'est long, trop long. Elle conclut que même si rien ne s'est arrangé depuis, elle a vu que Dieu était avec elle et qu'elle Lui rendait grâce. Tout cela n'avait pas sa place dans la prière, mais bon on ne lui a jamais rien dit, donc elle a pris l'habitude d'attendre le moment de prière pour faire savoir à tout le monde qu'elle existe et qu'elle a une vie sociale. 
Une fois qu'elle a clôturé par un « amen » retentissant, une autre lui emboîte le pas. Celle-ci parle vite, très vite et ponctue ses moitiés de phrase par « père... oui père... tu sais père... car père... ». Elle conclut par un « amen père » qu'on attendait tous pour être délivré du stress communiqué par sa prière. 
C'est au tour de cet homme, qui se lève et se tient bien droit, de prier : l'introduction est importante pour lui et il prend son temps pour bien la développer avec une voix solennelle : « Si nous sommes assemblés ici ce matin Seigneur c'est afin de... et de... pour que... Seigneur mon Dieu... ». Et chez lui les « père » sont remplacés par « les Seigneur mon Dieu... car Seigneur mon Dieu... et Tu vois Seigneur mon Dieu...». Il prend toute la place et tout le temps. Une fois fini, ça serait difficile de caser beaucoup d'autres prières.

Et c'est alors que l'on croit avoir un peu de répit que le frère..., champion de la prophétie en libère une à l'égard du seul inconverti qui a eu le courage de venir ce matin là. Et, sur le ton d'une parole de connaissance, ça donne quelque chose comme : « Toi qui es venu dans ce lieu... tu as un pull rouge... tu te reconnaîtras... Le Seigneur te dit... et aussi que... ». Rien qui ne corresponde à une révélation « à vous mettre par terre ». Il  y aurait pu y avoir le pull rouge à la rigueur, mais... oui en effet, il a un pull rouge et se trouve dans les premiers rangs ? Mais tout le monde pouvait le voir. Lui il commence à se demander où il est tombé et pourquoi, si c'est pour lui dire des choses aussi banales, il est exposé à la vue de tous. Il se dit qu'il s'est fait piéger par la personne qui l'a invité et qu'il n'est pas prêt de revenir.

Le service continue. Nous sommes dans une église charismatique qui croit à la guérison divine. Le pasteur demande aux malades de s'avancer. Un homme a un problème à la jambe et boîte. Le pasteur lui dit de s'asseoir sur une chaise et que le seigneur va rallonger sa jambe. On ne sait pas si la cause est vraiment dûe à une jambe plus courte que l'autre, mais le pasteur a vu d'autres faire ça dans une convention et il va essayer à son tour. Il tient les deux pieds dans ses mains et prie. Il déclare alors que la jambe repousse. Toute l'assemblée crie de joie. Il demande à l'homme s'il a bien vu que sa jambe a repoussé. Ce dernier bégaye : « Heu, je crois... je pense... on dirait...», puis sous la pression du pasteur qui repose la question et de l'assemblée qui a l'air si contente, de peur d'être taxé d'incrédule, il finit par dire : « oui je le vois... elle a repoussé ». Exultation de joie de l'assemblée. L'homme se sent un peu honteux, il voudrait retourner à sa place le plus discrètement possible, il se lève et repart... en boîtant.

Le pasteur prie alors pour les autres malades. Il invite l'évangéliste à prier pour les malades. Une personne n'entend pas d'une oreille. L'évangéliste prie pour elle avec autorité, puis lui crie dans l'oreille : « Vous entendez maintenant ? ». L'homme fait signe de la tête que « oui ». La congrégation : alléluia ! Néanmoins on le retrouvera dès la réunion d'après toujours aussi sourd.

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Chacune de ces situations semble, au premier abord, exagérée, une espèce de caricature. Or, après relecture il apparaît aux auteurs qu'il n'en est rien et que le texte fait bien allusion à des situations réelles et nullement exagérées pour les avoir toutes vécues ou vues de leurs propres yeux.

Un tel exposé a un but : Nous faire réfléchir sur le sérieux de ce que nous vivons et apportons à Dieu en terme d'adoration en esprit et en vérité, et en terme de réel vécu prophétique.

Plusieurs lecteurs ont certainement dépassé le stade d'un tel vécu depuis longtemps, mais nous savons que beaucoup d'autres y sont toujours confrontés semaine après semaine.

Chers amis, chers pasteurs si vous voulez continuer ou laisser les choses continuer dans cette direction, mon message ne veut pas vous forcer à faire quoi que ce soit, simplement soyez honnêtes et n'appelez plus cela un culte d'adoration. Car ce n'est pas un culte qui est rendu ici à Dieu ! Appelez cela la fête foraine de l'église, la foire charismatique ou un truc comme ça, mais pas un culte. 

Le seul culte qui est rendu, dans une telle ambiance, est rendu à la chair, à son égo et son indiscipline, pas à Christ. Dieu ne peut agréer un tel sacrifice car de toute façon de sacrifice il n'y en a pas !  

Nous avons une autre vocation, entrer dans le réel de l'adoration manifestée en esprit et EN VÉRITÉ.

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