La puissance d'en haut (Page 13 / 13)

Une étude de Charles Grandison Finney

La foi véritable

Au moment de ma conversion, lorsque j'exerçai la foi véritable, je me rendis alors compte de ma tragique erreur. Je compris que la foi n'était pas la conviction intellectuelle que tout ce que la Bible affirmait sur Christ était vrai, mais la confiance de mon coeur en la personne de Christ.

Je me suis efforcé jusqu'ici de montrer que la sanctification est produite dans l'âme par l'Esprit de Christ, par la foi, avec notre propre coopération, qui est indispensable. Je voudrais à présent attirer l'attention sur la nature de la foi véritable. Mon professeur de théologie soutenait que la foi est un acte intellectuel, une conviction, une pleine persuasion que les doctrines de la Bible sont vraies. Pour autant que je pouvais m'en rendre compte, c'était la définition de la foi que j'entendais partout.

Je fis remarquer que des convictions intellectuelles n'étaient pas volontaires, qu'elles ne pouvaient pas être produites par un effort de la volonté, et que nous ne pouvions donc pas être obligés d'exercer la foi. Dans ces conditions, si la foi était un acte intellectuel, elle ne pouvait pas être une vertu.

On me répondit que nous contrôlons notre intelligence par un effort de notre volonté, et que nous avons la responsabilité de rechercher les arguments et les preuves capables de convaincre notre intelligence. Dans ces conditions, l'incrédulité était un péché, car elle ne faisait que prouver notre négligence à rechercher et à accepter les preuves des vérités de la révélation. La foi était donc bien une vertu, car elle impliquait un effort de notre volonté pour chercher la vérité.

Depuis le début de mon ministère, j'ai été presque constamment confronté à ce faux enseignement concernant la nature de la foi chrétienne. Je me suis rendu compte à ce moment-là que l'on insistait beaucoup sur la nécessité de "croire les articles de foi." On affirmait que la foi consistait à croire toute la doctrine de Christ, avec une inébranlable conviction. La foi était donc une pleine acceptation des doctrines, des doctrines de l'Evangile.

Cependant, j'avais moi-même été conduit à accepter intellectuellement ces doctrines, avant même d'être converti. Lorsqu'on me demandait de croire, je répondais que je croyais. Aucun argument ne pouvait me convaincre que je ne croyais pas à l'Evangile. Je n'ai jamais pu être convaincu de mon erreur, jusqu'au moment où je me suis converti.

Au moment de ma conversion, lorsque j'exerçai la foi véritable, je me rendis alors compte de ma tragique erreur. Je compris que la foi n'était pas la conviction intellectuelle que tout ce que la Bible affirmait sur Christ était vrai, mais la confiance de mon coeur en la personne de Christ.

Je compris que le témoignage de Dieu concernant Christ devait me conduire à faire confiance à Christ. Je devais me confier entièrement en Sa personne, en L'acceptant comme mon Sauveur. J'avais commis une erreur fatale en me contentant de croire simplement ce qui était écrit sur Christ. Cela me laissait inévitablement dans mes péchés. C'était comme si j'avais été presque mourant de maladie, et que quelqu'un m'ait recommandé un médecin capable de me sauver la vie. Si je m'étais simplement contenté d'écouter ce conseil, en étant pleinement convaincu que ce médecin voulait et pouvait me guérir, j'aurais répliqué: "Je crois en lui, et je ne doute absolument pas de sa compétence. Je crois chaque parole que vous m'avez dite concernant cet homme." Si j'en étais resté là, je serais certainement mort ! Il ne m'aurait pas suffi d'avoir la ferme conviction intellectuelle de sa compétence et de sa volonté de me guérir. Mais il aurait été essentiel que je fasse appel à lui, que je me rende chez lui, que je lui fasse confiance personnellement, et que j'accepte son traitement! Après avoir cru ce qui était dit de lui, il m'aurait fallu faire un acte volontaire de confiance en sa personne, lui remettre ma vie, et accepter sans discussion le traitement qu'il m'aurait donné pour guérir de ma maladie !

Ceci illustre la vraie nature de la foi dans notre conscience. Elle ne consiste aucunement en une connaissance intellectuelle, ni en l'acceptation des doctrines de la Bible. On peut être parfaitement convaincu que chaque parole de la Bible concernant Dieu ou Christ est vraie, mais cela n'est pas la foi. Ces vérités et ces doctrines, qui nous révèlent Dieu en Christ, ont pour seule fonction d'apprendre à l'âme à Le découvrir, par un acte de confiance en Sa personne.

Quand nous nous confions fermement en Sa personne, quand nous Lui remettons notre âme, quand nous Lui faisons entièrement confiance, pour tout ce que la Bible affirme de Lui, nous sommes dans la foi véritable. Nous Lui faisons confiance, sur la base du témoignage de Dieu. Nous Lui faisons confiance, sur la base des doctrines et des faits que la Bible nous déclare sur Lui. Cet acte de confiance en Lui unit notre esprit à Lui, dans une union si étroite que nous recevons directement de Lui un courant de vie éternelle. La foi agit comme si elle permettait au courant divin de circuler. Elle communique instantanément la vie de Dieu à notre âme. La vie de Dieu, la lumière, l'amour, la paix et la joie semblent s'écouler en nous aussi naturellement et spontanément que le courant électrique passe d'une batterie à un appareil branché sur elle.

Pour la première fois, nous comprenons alors ce que Christ a voulu dire quand Il a affirmé que nous étions unis à Lui par la foi, comme le sarment est uni au cep. C'est ainsi que Christ nous est révélé comme Dieu. Nous sommes conscients de notre communion directe avec Lui. Nous Le connaissons comme nous nous connaissons nous-mêmes, par Son action directe en nous. Nous savons directement dans notre conscience qu'Il est notre vie, et que nous recevons de Lui, instant après instant, la communication de la vie éternelle.

L'intelligence de certains est relativement obscurcie. Leur foi est donc relativement faible, quand elle commence à se manifester. Ils peuvent encore avoir beaucoup d'opinions personnelles, avoir encore une foi intellectuelle sans grande conviction. Leur confiance en Christ ne sera donc pas plus grande que leur conviction. Avec une foi aussi petite, le courant de vie divine sera si faible qu'ils en seront à peine conscients. Mais quand notre foi devient grande et forte, elle laisse pénétrer dans notre âme un courant de vie divine et d'amour tellement puissant qu'il semble saturer entièrement notre âme et notre corps. Nous sommes alors réellement conscients d'avoir l'Esprit de Christ en nous. Nous savons qu'Il est une puissance capable de nous sauver du péché. Il nous permet de marcher droit sur le chemin de l'obéissance et de l'amour.

J'ai parlé à des centaines, et même des milliers de chrétiens. J'ai été frappé de voir à quel point les paroles de Jésus s'appliquaient à leur expérience :

39 Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. 40 Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

Ils n'étaient pas allés plus loin que l'étude de l'Ecriture. Ils se contentaient de croire ce que l'Ecriture affirmait sur Christ. Mais ils n'avaient pas profité de la lumière qu'ils avaient reçue pour venir à Lui, dans un acte d'amour et de confiance en Sa personne. Je crains qu'il en soit aujourd'hui comme il en a été dans le passé. Les multitudes se contentent de connaître les faits et les doctrines de l'Evangile. Mais elles ne font pas confiance à la personne de Christ pour venir à Lui, auquel est rendu tout ce témoignage. C'est pour cela que la Bible est mal comprise et que l'on en fait un mauvais usage.

De nombreux chrétiens pensent que leur "confession de foi" résume les doctrines de la Bible. Ils négligent complètement l'étude de la Bible et se reposent sur leur connaissance de certains articles de foi. D'autres sont plus prudents et plus sérieux. Ils sondent les Ecritures pour y voir ce qu'elles disent de Christ. Mais ils en restent là. Ils se contentent d'acquérir quelques opinions théologiques correctes. D'autres encore aiment ardemment les Ecritures, parce qu'elles rendent témoignage de Christ. Ce sont les seuls à être sauvés. Ils sondent et dévorent les Ecritures parce qu'elles leur montrent qui est Jésus, et pourquoi ils peuvent Lui faire confiance. Ils ne se contentent pas de connaître le témoignage de Jésus. Mais ils vont directement à Lui, à Sa personne, dans un acte d'amour et de confiance. Ils unissent leur âme à Lui, dans une union qui leur permet de recevoir de Lui les choses pour lesquelles ils Lui font confiance. C'est Lui qui les leur communique directement. C'est cela la véritable expérience chrétienne. C'est recevoir de Christ la vie éternelle que Dieu nous donne en Lui. C'est cela la foi qui sauve.

Il y a de nombreux degrés dans la puissance de cette foi. Nous pouvons en être à peine conscients. Elle peut au contraire laisser entrer dans notre âme un tel flot de vie éternelle que notre corps en perdra toute force. Quand la foi est à son maximum, les nerfs de notre corps semblent céder sous l'influence puissante de nos pensées. Cette expérience n'est peut-être pas courante. Si nous restons dans les limites de notre corps physique, notre âme ne peut supporter que très peu de la lumière et de l'amour de Dieu. J'ai eu parfois l'impression qu'une lumière un peu plus grande aurait fait sortir complètement mon âme de mon corps. J'ai rencontré de nombreux chrétiens qui avaient bien connu ces souffles puissants de l'Esprit. Mais mon propos se limite ici à expliquer en quoi consiste la foi véritable, et quels sont les effets de la foi qui sauve.

Quand je regarde à quel point des multitudes de chrétiens connaissent si peu Christ, quand je vois comment ils se comportent envers Lui, je suis profondément choqué et étonné, car ils possèdent la Bible. Nombreux sont ceux qui semblent se contenter d'avoir une opinion théologique plus ou moins solide. Ils croient que c'est de la foi. D'autres sont plus sérieux, mais ils se contentent d'être plus ou moins convaincus des vérités de la Bible concernant Christ. D'autres sont fortement impressionnés par les commandements de la loi. Ils s'engagent sérieusement dans une vie d'oeuvres qui les conduit dans l'esclavage. Ils prient par devoir. Ils ont conscience de leurs devoirs, mais ils ne les accomplissement pas par amour. Ils ne font pas confiance à Dieu. Ils n'ont aucune paix ni aucun repos, sauf quand ils ont réussi à se persuader qu'ils ont accompli leur devoir. Ils sont constamment stressés et dans l'agonie.

Ils suivent la raison et pèsent ses avis, en approuvant tout ce qu'elle dit. Il leur est pourtant dur d'y conformer leur vie, et plus dur encore d'aimer!

Ils lisent et peut-être sondent les Ecritures pour y apprendre ce qu'elles disent de Christ. Mais ils obéissent par devoir. Ils croient intellectuellement tout ce qu'ils comprennent dans la Bible. Mais quand il s'agit de faire confiance à Christ, ils ne le font pas par un acte d'amour et de foi. Ils ne s'en remettent pas à Lui pour unir à Lui leur âme, et pour recevoir de Lui le flot de Sa vie, de Sa lumière et de Son amour. Ils ne le font pas par un simple acte de foi et d'amour en Sa personne, ce qui leur permettrait de recevoir Sa vie et Sa puissance dans leur âme. Ils ne s'emparent pas de Sa force. Ils n'attachent pas tout leur être au Sien. En d'autres termes, ils n'ont pas la foi véritable. Ils ne sont donc pas sauvés. Oh! Quelle erreur! Je crains qu'elle soit très fréquente. Ou plutôt, je suis certain qu'elle est très fréquente. C'est consternant! Comment pourrait-on autrement expliquer l'état de l'Eglise? Est-ce là tout ce que Christ pourrait faire pour Son peuple, si les chrétiens croyaient vraiment? Non, non! C'est une grande erreur! On n'a pas compris ce qu'était la foi véritable. On a confondu la conviction intellectuelle que l'on a en l'Evangile avec la foi. Ceux qui possèdent cette fausse foi se contentent de leur philosophie et ne peuvent pas exercer la foi véritable.

Que personne ne croit que je sous-estime la valeur des faits et des doctrines de l'Evangile. Il faut les connaître et les croire. Ceci est d'une importance capitale ! Je n'ai aucune communion avec ceux qui les dévaluent et qui considèrent le fait de prêcher la doctrine comme étant d'une importance mineure. Je n'approuve pas non plus ceux qui ne voudraient que prêcher Christ, sans exposer les doctrines qui Le concernent. Ce sont les faits et les doctrines de la Bible qui nous enseignent qui est Christ, pourquoi et pour quelles raisons nous pouvons Lui faire confiance. Comment pouvons-nous annoncer Christ sans prêcher les doctrines qui Le concernent ? Et comment pouvons-nous Lui faire confiance sans savoir pour quelles raisons nous devons Lui faire confiance ?

L'erreur sur laquelle je veux attirer l'attention consiste non pas à mettre trop l'accent sur l'enseignement des faits et des doctrines de la Bible, mais à négliger de faire confiance à la personne de Christ, après avoir connu ces faits et ces doctrines. Elle consiste à se satisfaire de cette connaissance, au lieu de remettre notre âme à Christ, dans un acte de foi et d'amour.

Le témoignage que Dieu a donné de Christ a pour but de nous donner confiance en Lui. Si nous n'avons pas pu unir notre âme à Lui, par un acte de confiance implicite en Lui, nous avons entendu l'Evangile en vain. Nous ne sommes pas unis à Lui comme le sarment est uni au cep. Nous ne sommes pas sauvés. Nous n'avons pas encore reçu de Lui la vie éternelle, que la foi véritable est la seule à pouvoir nous communiquer.

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