Urgence au Sahel

Un texte de SEL

Aggée K., radiologue, nous rapporte des nouvelles du Sahel. Dans les villes comme dans les villages, les habitants sont face à des choix terribles, et beaucoup sont obligés de fuir. Leur seule façon d'agir est de crier à Dieu !

Aggée K. est Président de l'association partenaire du SEL au Burkina Faso. "Pour Christ et pour le prochain". Il explique que l'année dernière, il y a eu un mois et demi de pluie, soit moitié moins que d'habitude. Par conséquent, les récoltes ont brûlé. De plus, la crise au Mali a destabilisé la région : le Burkina Faso a du accueillir un grand nombre de réfugiés... qui doivent aussi manger ! Famine, c'est le mot qui convient. La sonnette d'alarme avait été tirée l'année passée. L'État burkinabè avait pris quelques mesures, en achetant des stocks de céréales pour les revendre à prix sociaux, mais ça n'est pas suffisant.

« Cette crise est plus grave que toutes celles que j'ai connues (sauf peut-être celle de 1974). J'ai vu de mes propres yeux le maïs qui a séché sans avoir poussé. C'est effroyable. Même les zones habituellement excédentaires sont touchées. »

Conséquences dans les villages
Dans les villages, beaucoup de paysans ont vendu leur outil de travail (charrue, boeuf) pour acheter de la nourriture. Comment vont-ils travailler la terre ? « Le paysan, tout ce qu'il a de plus cher c'est sa vache, sa charrue. S'il est obligé de vendre jusqu'à sa peau pour s'acheter à manger, c'est dramatique. », explique Aggée.

Certains avaient emprunté à une société qui fournit des produits remboursables en fin de saison. Comme les récoltes ont été mauvaises, les gens n'ont pas de quoi rembourser. Ils n'ont d'autre choix que fuir le pays, plus ou moins cachés des créanciers.

Arrivés à l'extérieur du pays, deux alternatives s'offrent à eux :
- etre ouvrier dans le champ d'un autre. On est payé à l'année, à la récolte. En attendant, il faut se débrouiller pour trouver à manger (le plus souvent dans la plantation ou dans la forêt).
- certains partent pour créer leur propre champ. Ça prend beaucoup du temps pour que ça produise, au moins 5 ans... Il s'agit de cultures comme le cacao.

Conséquences dans les villes
La crise a aussi un énorme impact dans les villes. A Ouagadougou, beaucoup ont à peine un repas par jour. Les prix augmentent même dans les villes. La situation des travailleurs est précaire, certains doivent trouver un nouveau travail chaque jour. Les habitants des villes qui ne trouvent plus de travail sont eux aussi obligés de fuir. On note un important exode rural.

Santé
Au centre de santé le Chandelier, l'affluence a chuté. Les gens préfèrent taire leur maladie. Il faut bien manger pour prendre les médicaments. Si les gens prennent leur médicament à jeun, ça pose problème. De façon plus générale, Aggée confie que lorsqu'il n'y a plus de patients à l'hôpital, c'est que ça ne va pas en ville : « C'est notre baromètre. »

Les familles doivent vivre avec des revenus très faibles. Cela vaut même pour les médecins. Quand on demande à Aggée comment on peut vivre avec si peu, il répond : « Par miracle. On prie pour ne pas tomber malade. Sinon c'est fini. Si tu tombes malade (même si tu es médecin), tu meurs. »

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