Quel regard chrétien sur le SIDA ?

Un texte de SEL

Le sidaction 2012 a eu lieu les 30,31 mars et 1er Avril dernier, avec une campagne de mobilisation qui rappelle que le sida est " l'affaire de tous". Les chrétiens qui travaillent avec les plus pauvres font face à cette réalité notamment en Afrique, continent ravagé par cette pandémie. Quelle position adopter sur un sujet si douloureux et si sensible ?

Regarder le sida avec les yeux d'un chrétien

Le dernier rapport de l'ONU sur le sida nous donne des chiffres effrayants. En voici quelques-uns :

- 34 millions de personnes vivent avec le VIH/sida dans le monde. La grande majorité d'entre elles habitent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
- 2.7 millions de personnes ont été infectées par le virus en 2010
- il a fait, à ce jour, plus de 30 millions de morts.
- chaque année 1,8 million de personnes meurent du VIH/sida.
- 3,4 millions le nombre d'enfants qui vivent avec le VIH/sida. La plupart d'entre eux vivent en Afrique subsaharienne et ont été infectés par leur mère au cours de la grossesse, de l'accouchement ou de l'allaitement au sein.
- près de 1100 enfants sont infectés par le VIH chaque jour.
 

Ces chiffres représentent des personnes bien réelles. J'ai eu l'occasion d'en rencontrer plusieurs, des malades et des orphelins. En tant que chrétiens, qu'allons-nous faire ?

Rappelons les deux principes suivants :

• Celui que Dieu met sur mon chemin est mon « prochain ». Il m'est proche. Je ne peux pas me désintéresser de lui, ni le regarder de haut. Mettons-nous à l'écart ceux qui souffrent du sida et de ses conséquences ? Sommes-nous indifférents aux risques de contamination que prennent ceux qui ne respectent pas les principes bibliques en matière de sexualité ?
• Nous devrions toujours tourner les yeux vers Dieu et vers sa Parole. Les chrétiens sont appelés à rappeler le message de l'Écriture sur la fidélité dans le mariage et l'abstinence en dehors du mariage.

Au cours d'un de ses discours sur le sida et les preservatifs qui avait fait polémique, le pape avait appelé à un « double engagement » :

• Une « humanisation de la sexualité » : apprendre à vivre la sexualité de manière responsable.
• La présence auprès de ceux qui souffrent.


Quand l'idéal n'est pas de ce monde, que fait-on ?

• Dans le monde, de nombreuses femmes fidèles à leur conjoint sont contaminées par le VIH. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'homme, de son côté, n'a pas été fidèle.
• Des jeunes filles sont mariées plus ou moins de force, à des hommes plus âgés qui sont séropositifs sans le savoir.
• Il y a encore le drame des enfants qui sont contaminés par leur mère à la naissance.

Combattre le sida, ce n'est pas seulement soigner, c'est aussi prévenir :
• Dire comment la maladie se transmet
• Proposer des tests de dépistage
• Expliquer comment on peut éviter de contaminer les autres

L'usage de préservatifs réduit considérablement la transmission du VIH (ceci est incontestable, quel que soit le degré exact de fiabilité du préservatif). On pourrait souhaiter que son usage soit inutile, mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. La protection de la vie des autres est en jeu : le préservatif est l'un des moyens de lutter contre la transmission du sida.

L'idée n'est pas d'encourager la désobéissance aux principes bibliques (abstinence en dehors du mariage, fidélité au sein du mariage) mais de préserver des vies souvent innocentes. Prendre en compte la réalité telle qu'elle est (avec la « dureté du coeur de l'homme »), ce n'est pas forcément céder à un compromis.

Dans son intervention, le pape n'a pas abordé cet aspect du problème. Il n'a pas dit s'il y avait des cas où le préservatif serait une solution ou même simplement le moindre mal. On peut le regretter. C'est peut-être la position de l'Église catholique sur la contraception qui l'en a empêché. Si on estime que le fait d'empêcher la conception par le port du préservatif est forcément un péché, on aura du mal à conseiller de pécher, même pour protéger la vie d'autrui. On dira plutôt qu'il faut pratiquer l'abstinence.

Certains ont été jusqu'à dire que des millions de personnes seraient contaminées à cause de ce que le pape a dit sur le préservatif :

• Il faut reconnaître que les propos du pape peuvent éloigner certaines personnes de l'utilisation du préservatif, alors même qu'elles ont un comportement sexuel risqué. Il n'est pas possible, à ma connaissance, de dire combien de personnes sont concernées.
• Si quelqu'un adopte une attitude irresponsable en matière de sexualité après avoir entendu les paroles du pape, il le ferait en déformant les propos de ce dernier.


Que penser de l'idée que la distribution de préservatifs risque d'augmenter le problème que pose le sida ?

Si l'on entend par là que l'utilisation du préservatif augmente le risque de transmission du VIH, c'est bien sûr faux et absurde. Seulement, le pape n'a pas dit cela...

Même si l'usage du préservatif fait partie de la lutte contre le sida, c'est une réponse « technique » à ce problème. On ne peut pas s'en tenir là : il faut aussi une « humanisation de la sexualité », c'est-à-dire une sexualité réconciliée avec son Créateur.

La question serait peut-être alors : est-ce qu'on aggrave le problème que pose le sida si on le traite uniquement de façon « technique » ?

• Certains pensent que oui parce que cela augmente dans les faits des comportements à risque (voir ici).
• Je pense que oui parce que je crois que l'humanisation de la sexualité est l'un des enjeux du sida. Même si nous réussissions à éradiquer la pandémie, si le résultat était une sexualité encore plus égarée, alors nous aurions renforcé le problème.

S'engager face au VIH / sida est au fond très difficile. On risque plus souvent qu'on ne le pense d'aggraver la situation. Mais ne rien faire est encore pire : nous pouvons être encouragés par les initiatives de chrétiens travaillant auprès des pauvres pour soigner, prévenir, recueillir les orphelins... et répandre la Parole de Dieu.

Un sujet qui fait débat, en tout cas ! Et vous qu'en pensez-vous ?

Photo de SEL
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