Lorsque vous serez dans l'isoloir, n'oubliez pas ...
Ce document a été rédigé pour nous aider à réfléchir sur les programmes des candidats à l'élection présidentielle sur la base d'une seule question : celle de la pauvreté !
Parce que voter est non seulement un droit mais aussi un devoir, qui nous donne la possibilité d'exprimer notre opinion par notre bulletin de vote.
Parce que Dieu n'a pas d'étiquette politique.
Parce que nous sommes appelés à examiner toutes choses à la lumière de ce que nous comprenons de la Bible et à faire preuve de sagesse et de discernement.
Alors, autrement dit, lorsque vous serez dans l'isoloir, n'oubliez pas les pauvres.
1) La France, avec 188 autres pays, s'est engagée à l'ONU en l'an 2000 à réduire, dans le monde, l'extrême pauvreté de moitié avant 2015 (Objectifs du Millénaire pour le Développement).
Même si des progrès notables ont eu lieu, beaucoup reste à faire et à l'heure actuelle, la France ne respecte pas ses engagements concernant l'Aide Publique au Développement (APD) : verser 0,7 % du Produit National Brut à l'aide au développement. Elle ne respecte donc pas la parole donnée.
Pour chaque candidat : Le candidat évoque-t-il dans son programme la pauvreté dans les pays du Sud et en particulier les Objectifs du Millénaire ? Si oui, quelle est sa position, en particulier concernant l'Aide Publique au Développement promise ?
2) En matière de lutte contre la pauvreté, il faut saluer le travail effectué pour mettre en place une taxation des transactions financières (taxe qui a pour objectif de réduire la spéculation financière et dont les revenus, à l'origine, devaient servir à l'aide au développement).
Malheureusement, les produits de cette taxe semblent de plus en plus destinés à combler nos propres déficits. Alors, combien va-t-il rester pour les plus pauvres ? Nous craignons qu'il ne reste rien.
Pour chaque candidat : Soutient-il une taxe sur les transactions financières ? Pense-t-il verser une part substantielle des sommes collectées à l'aide au développement ? Cette aide s'ajoutera-t-elle aux 0,7 % d'APD déjà promis, ce que nous souhaitons, ou s'y substituera-t-elle ?
3) Le développement durable est un des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement. Les problèmes liés à l'accès à l'eau et à l'assainissement, l'épuisement des ressources, le réchauffement climatique sont-ils encore à l'ordre du jour ?
Pour chaque candidat : Quelles sont ses propositions pour réduire le réchauffement de la planète, quels remèdes ou solutions apporter pour lutter contre la désertification, comment permettre que le plus grand nombre accède à l'eau potable et à un système sanitaire de base et que la santé de tous soit préservée ?
4) Bonne Gouvernance.
Il n'y a pas de définition officielle de la bonne gouvernance, ni d'unanimité des grandes institutions à ce sujet. Nous prendrons comme base celle du PNUD : « La bonne gouvernance est, entre autres, participative, transparente et responsable. Elle est également efficace et équitable et favorise l'Etat de droit. La bonne gouvernance s'assure que les priorités politiques, sociales et économiques sont basées sur un large consensus au sein de la société et que les voix des plus pauvres et des plus vulnérables sont entendues dans la prise de décisions sur l'affectation des ressources pour le développement. »*
Quelle importance le candidat accorde-t-il, dans ses paroles et dans ses actes, à la bonne
gouvernance ?
Pour chaque candidat : à propos de deux thèmes à l'ordre du jour de l'Union Européenne, Quelle est sa position concernant la suppression des paradis fiscaux et judiciaires, dont certains sont à nos frontières ?
Est-il pour la transparence financière des industries extractives (pétrole, gaz, minerais) qui
ont des intérêts dans les pays du Sud et sont cotés sur les marchés boursiers européens ?
5) Trafic humain. Cela concerne 2 à 4 millions de femmes, d'hommes et d'enfants chaque année.
Les personnes sont ainsi achetées, vendues, kidnappées ou trompées pour entrer dans l'exploitation sexuelle, travailler dans les ateliers clandestins, être mariées de force, être contraintes à la mendicité, à l'esclavage moderne (au Nord comme au Sud), etc.
On estime à plus de 250 000 le nombre d'enfants exploités aujourd'hui comme enfants soldats dans une trentaine de zones de conflit dans le monde. L'organisation internationale pour les migrations estime que chaque année, 700000 femmes, filles, hommes et garçons font l'objet d'une traite transfrontalière et sont réduits en esclavage. On estime à 5,7 millions le nombre d'enfants soumis à un travail forcé et asservi.
Pour chaque candidat : S'exprime-t-il à ce sujet ? Que propose-t-il pour renforcer la lutte contre ces trafics ?
6) Tout le monde s'accorde à dire que la pauvreté en France s'accroît de plus en plus et qu'elle engendre des situations dramatiques.
La France compte aujourd'hui 7 millions de pauvres (calcul par rapport au revenu médian). Pauvreté et exclusion vont souvent de pair : l'exclusion calculée d'après l'ISE (Institut d'Exclusion Sociale) touche entre 6 % et 11 % de la population française.
Pour chaque candidat : Comment le candidat compte-t-il répondre à ce problème particulier ? Au chômage, celui des jeunes et des seniors en particulier. À la précarité, dans le travail en particulier, avec les C.D.D. et autres formes de contrats précaires qui se multiplient. Au mal logement, aux inégalités en fonction de l'origine sociale et raciale des personnes, ...
D'une manière générale, en rédigeant ce questionnaire, le Défi Michée constate combien la plupart de ces thèmes sont absents des discours des candidats et cela l'inquiète profondément. La justice et la miséricorde envers les plus vulnérables doivent-elles être mises de côté en ces temps de crise ?
De même que le souci de Dieu envers les plus démunis est présent dans la Bible, de même il devrait aussi être pris en compte par les chrétiens au moment de l'élection de celui/celle à qui sera confié la charge de la gestion de la France. C'est à chacun de déterminer quelle importance ont les sujets que nous évoquons ici. Néanmoins nous prions pour que ce document soit une de vos boussoles morales pour vous aider dans votre choix politique.
Patrick Guiborat, Président du Défi Michée France
et Thierry Seewald, Coordinateur du Défi Michée France
*Pour une étude des différentes formulations de la bonne gouvernance : www.venice.coe.int/do