Cette journée m'a secouée !
Les récents événements aux Philippines m'ont rappelé une visite que j'avais faite là-bas, il y a quelque temps... Ce n'était pas un pays que je rêvais de visiter. J'aurais préféré la Thaïlande, le Bangladesh, même l'Indonésie...et pourtant, ce voyage m'aura beaucoup marqué !
Dès ma première journée à Manille, en visite dans un centre d'accueil d'enfants parrainés Compassion*, je ne regrette pas d'être là !
Une éducation pour les enfants et leurs parents
Linda, directrice du centre depuis 10 ans, nous accueille dans la chaleur étouffante de son bureau. Avec 6 équipiers et une vingtaine de bénévoles elle encadre 300 enfants parrainés. C'est samedi et le centre est ouvert de 8h à 20h pour accueillir les enfants le matin ou l'après-midi.
Ils sont une vingtaine dans chaque salle de classe que nous visitons. Chaque samedi, Linda et ses collègues proposent un culte puis une réunion d'information aux parents des enfants parrainés. Elle y aborde
tous les sujets utiles, comme la santé, l'hygiène, les abus (les abus verbaux et physiques des enfants sont fréquents, nous dit Linda, qui
n'hésite pas à aborder ces thèmes avec les parents). Nous voyons la
salle pleine, surtout de mamans, souriantes qui nous saluent.
Avec deux collègues et une responsable du centre, nous partons rendre
visite à la famille de John Padilla, 6 ans, un des enfants parrainés de ce
centre. Moi qui m'étais fait une idée des Philippines comme un pays relativement développé, j'ai été bien surprise...
Une "maison" de 3m²
Pour arriver chez John, il faut rentrer dans un bidonville où les « maisons » ont été construites l'une après l'autre, à côté ou par-dessus, en bois, en tôle, en ciment. C'est un labyrinthe où il fait tout noir, nous nous donnons la main pour avancer à droite, à gauche, dans des couloirs étroits, je ne peux m'empêcher de penser à « Fort Boyard » et je suis contente d'avoir écouté le conseil de la responsable : mettre des chaussures fermées !
C'est mouillé par terre, il y a des trous, et je ne vois pas où je mets les pieds. Puis nous montons une échelle très raide, et arrivons dans une petite pièce que j'estime à 2m x 1,5m, c'est la « maison » de John et ses parents. Ses 4 frères et soeurs âgés de 9 à 18 ans vivent dans d'autres villes chez des parents. Les seuls meubles sont
2 grandes étagères, et à cinq debout dans la pièce, nous sommes un peu serrés...
Tina, la maman de John, a allumé une bougie derrière moi pour nous
éclairer, et j'espère que mes cheveux ne sont pas trop près de la flamme... Franklin, le papa, travaille occasionnellement comme maçon, la maman n'a pas de travail. Tina et Franklin ne s'expriment qu'en tagalog et grâce à notre interprète du centre d'accueil, nous pouvons échanger un peu et nous proposons de prier ensemble.
Beaucoup d'émotions
Après ce moment émouvant d'échange et de prière, nous repartons, laissant John visiblement content des bonbons et ballons apportés, mais toujours très timide, collé à sa maman. Cette première journée m'a secouée, je me rends compte que j'avais des préjugés sur ce pays. Les jours suivants, j'ai l'occasion de visiter d'autres centres d'accueil et d'autres maisons. Chaque rencontre est aussi touchante.
Je suis impressionnée par le travail accompli et le dévouement des équipiers de Compassion, et aussi par les Eglises qui ont ouvert leurs portes au parrainage d'enfants. Je suis contente et fière aussi d'être un maillon dans cette chaîne, de travailler pour ces enfants mais à « l'autre bout », auprès des parrains, en France.
*Depuis 1982, le SEL a choisi de travailler avec Compassion International pour libérer des enfants de la pauvreté grâce au parrainage individuel.
Ann,
Directrice du parrainage au SEL (www.selfrance.org)