Pakistan : Faussement accusé de blasphème, soudain acquitté
L'événement est assez rare pour être remarqué. Le 28 mars, un chrétien pakistanais, faussement accusé de blasphème, a été acquitté
Accusé de blasphème après être venu en aide à son neveu qui se faisait agresser, Dildar Masih est aujourd'hui libre.
Ce père de deux enfants témoigne qu'il s'est appuyé sur Dieu tout au long de son emprisonnement. Plusieurs fois, des codétenus auraient même pris sa défense et l'auraient ainsi protégé des attaques d'autres de prisonniers et des gardiens.
Au cours du procès, il a été convoqué trois fois devant la Cour, mais ses accusateurs ne se sont présentés à aucune audience. Dildar a donc été acquitté par manque de preuves, ce qui est très rare. En général, ce type de procès dure des années, or là, il aura duré moins d'un an.
Neveu de 8 ans roué de coups
Avant sa détention, Dildar Masih, âgé de 26 ans, vivait dans un village dans la province du Pendjab où il travaillait comme peintre. Le 10 juin 2011, son neveu Ihtesham Masih (8 ans) sortait pour s'acheter une glace quand plusieurs étudiants de l'école coranique l'ont interpellé. Ils exigeaient qu'il récite le «Kalma Tayyaba», la confession de foi musulmane. Devant son refus, ils ont commencé à le rouer de coups. Dildar, qui observait la scène, est accouru pour secourir son neveu.
Dildar passé à tabac et livré à la police
Peu de temps après cet incident, des musulmans assiégeaient la maison de Dildar et réclamaient que le « blasphémateur » leur soit remis. Ils affirmaient que l'imam de la mosquée du village en personne avait été témoin des insultes que Dildar aurait proférées publiquement contre l'islam. Le chrétien était ensuite appréhendé, passé à tabac et livré à la police.
Les musulmans des villages voisins étaient appelés par haut-parleur à se réunir après la prière du vendredi afin de « défendre l'islam ». Des troubles éclataient et l'ambiance devenait si explosive que les chrétiens de la région craignaient pour leur vie. Dix familles s'enfuyaient avec quelques effets personnels rassemblés à la hâte pour trouver refuge dans d'autres localités.
Chaque année, des centaines de chrétiens sont accusés de blasphème au Pakistan, la plupart du temps, sous de fausses accusations. La cas le plus médiatisé est celui d'Asia Bibi, première femme condamnée à mort pour blasphème au Pakistan.
En savoir plus sur le Pakistan