Un jeune Somalien décapité pour être devenu chrétien
Un jeune chrétien de 25 ans a été décapité en public par les islamistes d'al-Shebab en public, le 16 novembre 2012, rapporte Morning Star News dans son édition du lendemain. Le meurtre, qui a eu lieu dans la ville de Barawa, en Somalie, choque et chrétiens et musulmans.
« Quel meurtre brutal ! Pourquoi al-Shebab a-t-il tué cet homme ? Méritait-il ce sort parce qu'il s'était associé aux chrétiens au Kenya ? », se lamentait un pêcheur musulman sur le corps du jeune homme, le lendemain du drame. La dépouille n'avait pas encore été recouverte, les proches de la victime craignaient de se faire tuer par les islamistes qui les auraient considérés comme coupables par association.
Farhan Hadji Mose était surveillé depuis six mois. Il avait déjà attiré l'attention des islamistes lors de son retour en Somalie, en décembre 2011, après un séjour au Kenya, chrétien à près de 83%. Selon certaines sources, Mose, propriétaire d'un commerce de cosmétiques, s'était converti dans le pays voisin en 2010, où il s'était rendu pour affaires.
En ce vendredi 16, jour de la grande prière pour les musulmans, les miliciens d'al-Shebab, le groupe lié à al-Qaïda qui contrôle la moitié sud de la Somalie, ont séparé la tête de Mose du reste de son corps devant une foule assemblée pour le macabre spectacle, avant de l'abandonner sur la plage, rapportent en choeur des témoins musulmans et chrétiens. Ils précisent que les islamistes ont accusé le jeune commerçant d'être un espion et d'avoir « embrassé la religion étrangère chrétienne ».
La conversion ou la « trahison de la communauté », un crime capital
Le séjour de Farhan Hadji Mose au Kenya a pu être interprété par les islamistes comme une preuve d'intelligence avec l'ennemi. Al-Shebab, dont le nom signifie « jeunesse », est connue en France pour la capture de deux agents secrets de la DGSE en 2009 et pour l'enlèvement au Kenya de Marie Dedieu, tétraplégique et gravement malade, en octobre 2011. La Française était, semble-t-il, décédée suite au refus des islamistes de lui donner les médicaments envoyés par Paris. Le groupe terroriste intervenant depuis la Somalie, pour ravir des ressortissants occidentaux en territoire kenyan, Nairobi a appuyé Mogadiscio dans sa guerre contre le terrorisme afin de sécuriser son territoire, en lançant l'opération Linda Nchi (« protéger le pays »). Les shebab ont alors contre-attaqué en commettant des attentats sur le sol kenyan, notamment contre une discothèque peu de jours après. Depuis, les islamistes pénètrent au Kenya pour commettre des attentats dans divers lieux, principalement contre les autorités du pays et les églises. En Somalie, ils tentent de gagner d'autres positions afin de renverser le gouvernement, tentant même de tuer le président le 12 septembre dernier. La guerre est sans concession, et dimanche 18 novembre encore, deux membres des Shebab ont été arrêtés dans le nord de la Somalie. Mose, devenu chrétien au Kenya, était probablement vu comme étant à la solde du voisin, allié de Mogadiscio, puisqu'il partageait désormais la religion de la majorité de ce pays.
Car la supposée trahison de Mose se situe aussi dans son changement de religion. En islam, la communauté des croyants, l'Oumma, prévaut sur la nationalité ou toute autre appartenance ethnique. Apostasier l'islam est considéré comme un crime de haute trahison, plus grave encore que celle à une patrie, car le divin est concerné et bafoué. Quand bien même le jeune nouveau chrétien aurait servi sa cité avec ferveur, il aurait été considéré comme traître, la cité ne pouvant être que musulmane, selon les acceptions strictes de la religion. L'Oumma prévalant sur les frontières et les individus, les Shebab considèrent leurs actions terroristes au Kenya comme tout à fait légitimes, et considèrent que dans les régions musulmanes, il ne saurait y avoir de chrétien. Dans ce pays où il n'y a que de très rares non-musulmans et où les églises sont clandestines, al-Shebab a déjà assassiné plusieurs chrétiens dont des femmes et des enfants.
Cette logique meurtrière est décrite par l'islamologue Mouna Mohammed Cherif dans son étude intitulée « La conversion ou l'apostasie entre le système juridique musulman et les lois constitutionnelles dans l'Algérie indépendante » et dont le propos sur l'appréhension de l'apostasie vaut partout, selon les intégristes : « Ainsi, tout musulman adulte quittant volontairement et publiquement sa religion est jugé apostat. Ce jugement conduit à une sentence et à une condamnation, selon les différentes écoles juridiques. La sentence est définie par la peine de mort pour l'apostat. »
Si des musulmans ont été choqués par le meurtre, la Somalie est également un pays où la persécution des chrétiens n'est pas le seul fait de miliciens d'un mouvement islamiste. La violence à l'encontre des chrétiens trouve aussi un écho dans la population, dans le nord comme dans le sud. En témoigne la mort d'une jeune fille de 17 ans, victime d'un crime d'honneur commandité par ses parents parce qu'elle s'était convertie au christianisme. Et dans les régions contrôlées par le gouvernement, la modération prêtée à ce dernier est toute relative, puisqu'il soutient également l'application de la charia et de tribunaux islamiques, palliant les défaillances de l'Etat, et qui prévoient la peine de mort pour abandon de l'islam.
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