Soyons des Serviteurs fidèles et avisés
Nous devons comprendre les temps que nous vivons. Comment comprendre, et que comprendre quand on connaît notre temps ?
Nous voyons dans Actes 17 que Paul bouillonnait en voyant l'idolâtrie de ceux qui l'entouraient. Ses contemporains passaient le plus clair de leur temps à écouter les nouvelles en dehors de leur temps de travail. A qui donnons-nous le plus de temps, à la télé, au journal, ou à la Parole de Dieu? On peut parfois s'interroger devant l'incompréhension de frères et soeurs en Christ, dont je suis, qui devraient comprendre en quels temps nous sommes.
Voyons ensemble ce que le Seigneur attend de nous dans ces temps.
Le chapitre 24 de l'Evangile de MATTHIEU est une prophétie du temps dans lequel nous vivons. Jésus a dit, dans ce chapitre, que le ciel et la terre passeraient, mais que sa Parole ne passerait point. Personne ne sait le jour de son retour, sauf le Père. Il nous a dit une chose inquiétante : lors de la venue du fils de l'homme, les choses se passeront comme du temps de Noé. En effet, à l'époque qui précéda le déluge, les gens étaient occupés à manger, à boire, à se marier, à marier leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche. Ils ne se doutèrent de rien, jusqu'à ce que vienne le déluge qui les emporta tous. Nous savons, parce que nous sommes disciples du Seigneur, en quel temps nous sommes.
Jésus a dit que nous savions observer la météorologie et en parler, mais que nous étions peu formés à comprendre le temps dans lequel nous vivons, et à en informer ceux qui ne se doutent de rien.
On sait que le Seigneur va venir. Que veut dire " se tenir prêt ", en pratique ?
Nous avons des oreilles pour entendre. On écoute, on parle, on prie, on chante, on prêche, mais est-ce que l'on vit ?
Le Seigneur connaît nos interrogations. Il sait que ce qu'Il dit oblige à poser des questions, parce qu'Il dit parfois des choses qui nous étonnent, nous irritent, nous inquiètent, nous angoissent. Le Seigneur veut nous expliquer les choses.
Jésus, par cette parabole, nous dit qu'il y a une vocation adressée à des serviteurs. Cette vocation est d'abord d'être en éveil et prêt. On peut être en éveil et ne pas être prêt, ou être prêt mais pas en éveil. Il faut réfléchir aux mots de la Parole. S'Il arrivait ce soir, est-ce que je serais prêt. Nous sommes tous ses serviteurs et ses servantes, et nous avons tous la même vocation, qui est de nous tenir en éveil et prêts.
Tout de suite, Jésus met en scène deux sortes de serviteurs. Le premier est appelé un serviteur fidèle et sensé. S'il est fidèle, c'est qu'il est attaché au Maître. Il sait pour qui il vit. Un serviteur, en général, attend de son maître des ordres, et se réjouit, quand il a bien travaillé, de rendre compte au maître de ce qui lui avait été confié. Un serviteur avisé est intelligent. Il a appris comment agir. Il a reçu une vocation très claire. Il doit veiller sur l'ensemble du personnel, pour distribuer à chacun sa nourriture au moment voulu. Quelle est notre commune vocation ? Etre prêt, avisé.
On attend tellement des pasteurs, mais les pasteurs sont limités. Chacun est serviteur. Nous sommes disciples. Les chrétiens ont aussi à veiller sur l'église. C'est beau de se dire bonjour, mais demandez-vous de temps en temps : " Es-tu toujours en service ? ". Nous sommes tous embauchés. Sommes-nous tous engagés ? Vous devez veiller sur vos frères et soeurs. Cela est demandé aux responsables, mais cela nous concerne tous.
Nous sommes là à distribuer à chacun la nourriture. Serviteur, c'est distribuer la nourriture. On chante des cantiques, on prie, on donne aux offrandes, c'est bien ! Mais est-ce que entre nous, il y a plus ? Y a-t-il de l'affection dedans ou est-ce l'habitude ?
Je me demande si je donne de la nourriture à ceux qui sont proches de moi ? Est-ce qu'ils reçoivent ce que je suis censé leur donner ? Reçoivent-ils toutes sortes de nourritures lorsqu'ils me rencontrent, car nos contemporains ont besoin de plusieurs nourritures : d'attention, de compassion, d'affection, de ma main, de mon argent, d'un coup de téléphone.
Je devrais demander cela à ceux qui vivent autour de vous. Comment nos enfants, nos amis sont-ils nourris ? Il faut se faire des amis avec les richesses injustes.
La nourriture doit convenir à chacun au moment voulu. Cela demande de l'intelligence, du discernement, de l'écoute. Lorsque nous ne parlons pas à tort et à travers.
Est-ce que le dimanche matin, vous recevez chacun ce qu'il convient, parce que c'est le moment qu'on vous le donne. On se fatigue parfois de venir au culte, et il en est qui le déserte. Serait-ce parce qu'ils n'ont pas reçu la nourriture dont ils avaient besoin au moment voulu ? Le Maître nous a confié des responsabilités.
J'aimerais bien recommencer mon ministère. Je changerais les choses le dimanche matin. Je mettrais le culte à trois heures différentes, parce qu'on est d'âges différents. De un à sept ans, un enfant vit en copiant ce que font ses parents. De sept à quatorze, on nous apprend la loi, à prendre nos responsabilités. L'enfant juif à douze ans était censé devenir un homme, c'est pour cela qu'on lui donnait la liberté de lire la Parole. De quatorze à vingt et un ans, on use de la liberté et de ce que l'on a appris. Dieu veut nous rendre libres. Il ne veut pas nous attacher. Il veut que nous soyons dans la liberté des serviteurs intelligents, responsables et que nous sachions donner. Les parents adultes savent ce qu'il faut donner à leurs enfants. On ne donne pas de beefsteak à un bébé.
Je me demande, parfois, si nous ne donnons pas des beefsteaks à des bébés. Quel âge avez-vous spirituellement ? Je me suis converti à 31 ans, mais j'ai été longtemps un gamin dans la foi. On n'est pas tout de suite un adulte. Jésus a mis trois ans pour former ses disciples. Sommes-nous formés ? Billy Graham, à qui on a demandé ce qu'il ferait si on lui confiait une paroisse, a dit qu'il mettrait trois ans à en former douze. Est-ce que l'on ne devrait pas faire trois années différentes, pour ceux qui ont de un à sept ans, de sept à quatorze ans, puis pour ceux qui ont de quatorze à vingt et un ans, avec des responsabilités différentes, des nourritures différentes. Or, vous le savez, dans nos églises ce n'est pas comme cela, et je me demande si ce n'est pas pour cela que les gens se fatiguent au point qu'il arrive qu'on déserte, qu'on s'en aille. Cela demanderait une réflexion personnelle. A quelle classe est-ce que je me joindrais ? Avec la remarque, cependant, que de temps en temps la famille se réunit, alors on pourrait avoir les trois âges, par exemple deux dimanches sur quatre. Un dimanche, ce serait pour les petits, les grands viendraient aussi parce qu'ils surveillent les petits. Ils seraient tous là, mais ils écouteraient le message qui serait pour les petits. Cela vous gêne d'être un petit ? Il y a tout un cheminement qui se termine par : " Heureux ce serviteur que le Maître à son retour trouvera en train d'agir comme Il le lui a demandé ". Il y a une béatitude qui annonce celle qui nous parle du ciel :" C'est bien, bon serviteur.... entre dans la joie de ton Maître ". Quelle perspective !
Comprendre dans quel temps je suis, c'est comprendre que je suis serviteur et servante. Quelle que soit l'heure où le Seigneur reviendra, cela n'a pas d'importance, il doit me trouver en service. C'est apaisant. Cela me met en repos. Dieu ne veut pas nous angoisser par l'idée de son retour. Nous ne devons pas être là à regarder l'horizon, à scruter tous les petits signes. Nous avons autre chose à faire : à servir. C'est à notre portée. C'est merveilleux d'être appelé à ce ministère.
Un mauvais serviteur est quelqu'un qui ne répond pas aux prestations qu'il aurait dû fournir, c'est quelqu'un qui n'a pas été à la hauteur de ce qui lui avait été demandé. Il a trompé son maître, il a été mauvais, inintelligent, et n'a pas réalisé le dessein de Dieu. Comment comprendre qu'on puisse être un mauvais serviteur ?
La première chose qui nous est dit de lui est :" qui se dit en lui-même ". On s'en raconte intérieurement : je trouve, je pense, je dis, j'estime. Qu'est-ce qui divise l'Eglise ? Qu'est-ce qui fait qu'on puisse devenir sectaire ? Qu'on puisse quitter la communion ? C'est : moi je trouve, moi j'estime, moi je pense. On commence à devenir un mauvais serviteur. Le bon serviteur devrait le lui dire. C'est le chemin d'une vraie fraternité : on s'écoute, on s'aime. Même si je ne suis pas d'accord avec toi, on va prier ensemble pour savoir ce que dit le Maître.
Qu'est-ce qu'un homme qui se met à boire et à manger avec les ivrognes ? En Vaudois, on dit qu'un homme est plein quand il a trop bu. L'ivrognerie, c'est un homme plein de lui-même. On se saoule de soi-même, de ses conceptions, de ses idées, de ses pensées. C'est ainsi que parce qu'on est plein de soi-même, on se bagarre avec les autres. La secte naît d'un homme plein. On peut tous être ivres de soi, moi aussi, mais merci pour les frères qui me gardent, qui m'encouragent. On doit veiller les uns sur les autres. Cela demande une attention, une vigilance, un amour fraternel sincère et profond.
Donner la nourriture en temps voulu : est-ce que le pasteur tout seul peut faire cela ? Il y a des églises de maison pour cela, mais sommes-nous prêts à donner aux bébés ? Il faut lui changer les langes, il salit sa bavette. Au culte, on ne voit pas qu'il a la bavette sale, mais quand on vit tout proche de lui, là on le discerne. Nous devons être des serviteurs avisés, intelligents. Ne soyons pas imbus de nous-mêmes! Le serviteur qui ne connaît pas Dieu, raisonne, il est un peu fou, il pense par lui-même.
Nous ne sommes pas là pour être culpabilisés. Certains le sont, puisqu'ils désertent le culte, la réunion de prière. Beaucoup de gens nous quittent, spirituellement ou physiquement. Sommes-nous avec eux en pleine communion ? Beaucoup d'églises se vident. Peut-on dire qu'elles se vident parce qu'ils sont incrédules ? Mais leur avons-nous donné la foi ? Leur avons-nous apporté la nourriture convenable ?
Dieu n'est pas venu pour nous culpabiliser. On l'a trop fait dans les églises, et je vois les gens malades de culpabilité, malades d'accusation, peu aimés parce qu'ils sont pécheurs.
Ce texte commence par une question. " Quel est le serviteur fidèle, avisé ou méchant ? ". C'est une question, non une déclaration. Ce n'est pas non plus une accusation. Le Seigneur attend la réponse. Il nous demande si nous voulons servir. Quel serviteur voulons-nous être ? Ne vous décourageons pas. Le Seigneur nous pardonne, il nous lave dans son amour. Donnons à ceux qui nous entourent la nourriture convenable.
Jésus peut arriver demain, cela n'a pas d'importance, mais l'important est qu'Il nous trouve en habits de travail. C'est tout. C'est cela se préparer, car quelle que soit l'heure à laquelle Il reviendra, nous serons là.
Remercions le Seigneur d'avoir une nouvelle semaine pour mettre en pratique et distribuer autour de nous la nourriture à ceux qui ont faim sans le savoir, à ceux qui ont soif et qui cherchent ailleurs de quoi se saouler d'idolâtries, d'insanités, de mauvaises nouvelles. Nous sommes porteurs du vrai pain de la vie, de la source qui vivifie, et de l'amour dont tout le monde a besoin.