À la recherche des leaders
Quelqu'un a déjà dit : « aucun de nous n'aurait une bonne raison pour vivre s'il n'avait pas une cause pour laquelle il serait prêt à mourir. »
Je ne suis pas certain si je serais prêt à mourir pour la cause de l'Institut Biblique du Québec mais je crois quand même, avec tout mon coeur, à l'importance de ce que nous faisons qui consiste en la formation de pasteurs, missionnaires, évangélistes, « implanteurs » d'églises, prédicateurs et écrivains pour le monde francophone.
Je crois que ça vaut tout l'effort et le sacrifice que nous pouvons y mettre car j'ai une conviction profonde à l'intérieur de moi que la clé pour un meilleur avenir spirituel pour « la francophonie » demeure dans le recrutement, la formation et l'envoi d'ouvriers efficaces et capables pour le ministère aujourd'hui.
L'Évangile de Matthieu au chapitre neuf nous raconte l'histoire de Jésus ému de compassion pour une civilisation qu'il décrit comme « languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger. »
Matthieu nous dit que Jésus ne s'est pas tout simplement lamenté sur la pénible situation de ce peuple mais il nous révèle la cause du problème ainsi que le remède s'y rapportant en disant : « La moisson est grande mais il y a peu d'ouvriers.
Nous apprenons quelque chose dans cette déclaration de Christ. Selon Jésus, l'Église souffre non d'un problème de puissance mais plutôt d'un problème de personnel. Jésus n'a pas regardé à cette situation critique en demandant à ses disciples de prier pour plus de puissance ou pour le feu et non plus pour le réveil. Il les a appelés à la prière, oui mais à une prière précise en vue de la solution qui était l'obtention de plus d'ouvriers!
L'absence d'ouvriers demeure le problème et non l'absence de puissance ou de réveil. Aux dires de Jésus, ce n'était pas la moisson qui n'était pas prête pour l'Évangile mais plutôt le fait que les croyants n'étaient pas prêts, disponibles ou disposés d'aller et de s'impliquer dans cette moisson.
Deux fois dans ce passage Jésus nomme le manque de ressources humaines et non spirituelles comme étant la cause du dilemme social et spirituel de ces gens que Jésus comparait à des brebis et la moisson. Ils sont « languissants et abattus » faute de bergers et d'ouvriers. Trop peu de gens sont prêts à prendre la responsabilité pour diriger, consoler, nourrir et s'occuper de la santé spirituelle et du bien-être général de la communauté de gens qui consiste en un champ missionnaire, selon Jésus.
Lorsque je regarde le champ missionnaire sous-développé du monde francophone aujourd'hui, j'ai l'impression que le « Maître de la moisson » cherche toujours et encore des bergers et des ouvriers qui prendront à coeur la condition spirituelle, physique et sociale du peuple.
Cette idée d'être « à la recherche d'un homme » est un thème commun retrouvé partout dans les Écritures. J'ai l'impression que Dieu agit rarement envers l'humanité sans se servir d'un homme ou d'une femme comme instrument intermédiaire. Je pense à Dieu qui appela Jérémie, « Parcourez les rues de Jérusalem ... cherchez dans les places, s'il s'y trouve un homme »
ou Ézéchiel qui déclare pour Dieu, « Je cherche parmi eux un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant moi en faveur du pays », ou encore l'histoire trouvée dans le livres des Actes au chapitre dix lorsque l'ange alla dire à Corneille d'envoyer chercher Pierre pour entendre prêcher le message de l'Évangile parce que lui-même, un ange, n'était pas qualifié pour annoncer la bonne nouvelle. Pour une raison ou une autre, Dieu se sert d'instruments humains et non divins. Quel privilège, quelle responsabilité!
Je crois que nous pouvons prier pour le réveil tant que nous voulons mais si ce « réveil » ne nous donne pas des hommes et des femmes qui répondront à l'appel de Dieu pour la moisson, nous n'obtiendrons jamais les résultats espérés que ce réveil pourrait apporter.
Trop souvent, nous voyons le réveil comme un événement mystique et mystérieux qui réglera tous nos problèmes. Tout d'un coup nos églises seraient remplies, les gens sauvés et la ville au complet serait convertie parce que Dieu agirait soudainement parmi nous.
La réalité est plutôt que nous ne pouvons pas détacher le réveil de l'action concrète et tangible comme la formation et la mobilisation de personnes pour faire et exercer le ministère.
Au lieu d'attendre pour le réveil, il nous faut croire que les éléments et la puissance pour le réveil sont à notre disposition et qu'il est maintenant le temps de s'en servir, de s'impliquer et de faire ce qui est nécessaire pour obtenir les résultats recherchés.
Nous pouvons prier pour le réveil et le changement mais si nous ne faisons rien pour recruter, inspirer, équiper et mobiliser des ouvriers, nous n'arriverons pas à rejoindre la grande moisson; et cette conclusion ne vient pas de moi mais de Jésus lui-même.
Que Dieu puisse nous donner une vision renouvelée des opportunités qui existent pour le ministère puisque Jésus a constaté non uniquement que la moisson était grande mais aussi qu'elle était « prête »!
Il nous dit dans l'Évangile de Jean : « Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la moisson? Voici je vous dit, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson.»
Donc, Jésus constate qu'à part le manque d'ouvriers, il n'y a aucune excuse pour ne pas obtenir de résultats. Nous avons souvent la tendance à blâmer la moisson parce qu'elle ne veut pas être moissonnée ou la condition du terrain pour le manque de productivité dans l'Église, mais Jésus ne nous donne pas cette liberté.
Il nous dit que la moisson est grande et prête et ce que nous avons maintenant besoin ce sont des leaders efficaces qui feront tout ce qui est nécessaire pour faire rentrer la moisson. On ne cherche pas seulement des ouvriers mais aussi des bergers, des dirigeants responsables, des leaders parce que le leadership parle de responsabilité. Nous sommes responsables pour les résultats, les décisions prises, la planification stratégique et l'implantation des systèmes qui feront avancer la cause de Christ.
Il ne faut pas sous-estimer l'importance de la contribution des individus dans l'oeuvre de Dieu et le grand besoin pour des leaders dès aujourd'hui. Pour cette raison, nous ne pouvons pas nous permettre d'être fatalistes dans notre développement du « nouveau talent » pour le ministère. Dans son livre Leadership is an Art (L'art du leadership), écrivain et leader d'affaires, Max DePree mentionne que « Un leader est responsable pour le leadership à venir. Un leader doit identifier, développer et nourrir des leaders futurs. » Je l'appuie à 100%.
Si nous sommes une personne responsable pour une église ou un ministère présentement, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que des leaders naturels et efficaces se présentent tout d'un coup, sans aucun effort de notre part, et passer notre temps à nous lamenter du manque de personnes qualifiées dans notre église.
Il faut plutôt prier, observer et par la suite, recruter et développer ceux que Dieu a appelés et qui sont déjà dans notre église. Il faut être actif dans le développement de leaders, pasteurs et prédicateurs futurs. Il faut dès maintenant voir le potentiel en quelqu'un et non seulement l'état actuel. Regardons ceux avec qui Jésus a travaillé; pas beaucoup de possibilités au départ mais il a été actif et efficace dans son recrutement et dans son développement de disciples et de leaders éventuels.
Je crois que la meilleure description du type de berger que nous avons besoin aujourd'hui pourrait être décrite en deux mots « leader spirituel ». Voici la mission de l'Institut Biblique du Québec et ma prière pour la francophonie. La formation de « leaders spirituels » pour défricher le chemin vers un meilleur avenir spirituel par et avec le Saint-Esprit.
Ron McManus, le président du nouveau Centre pour le Développement du Leadership et l'Église pour les Assemblées de Dieu aux États-Unis, a écrit dernièrement dans un article pour la revue Enrichment Journal « Nous faisons face à une crise de leadership parmi les Assemblées de Dieu. Il faut mieux préparer des pasteurs pour diriger les églises... si nous allons croître des églises, il faut croître des pasteurs. »*
Croissons tous ensemble !