Document : un livre événement sur Asia Bibi

Le site internet de l'hebdomadaire catholique Famille Chrétienne a fait paraître hier un très intéressant entretien avec la journaliste Anne-Isabelle Tollet dont l'ouvrage consacré à Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise condamnée à mort pour “blasphème” et emprisonnée dans d'immondes conditions depuis 2009, a paru le 30 mai dernier chez Oh ! sous le titre Blasphème.

En buvant l'eau du puits, Asia Bibi savait-elle qu'elle courait un risque ?

Les chrétiens au Pakistan savent qu'ils doivent faire profil bas. Asia Bibi a bu de l'eau dans la timbale commune. Cela fait des années qu'elle cueille des fruits rouges dans les champs avec les autres femmes sans avoir jamais eu le moindre problème. Elle a toujours vécu en bonne entente avec les quatre cents habitants de son village, tous musulmans, qu'elle respecte.

Elle avait travaillé pendant cinq ans chez une famille musulmane : ils n'étaient pas dégoûtés qu'elle fasse la vaisselle ou la cuisine. Ce jour-là, il s'est agi d'un règlement de compte personnel : peu de temps auparavant, un buffle qu'elle gardait lui avait échappé et avait piétiné la mangeoire d'une voisine. C'est cette même voisine qui lui a reproché d'avoir rendu l'eau du puits impure. Asia s'est défendue : « Je ne crois pas que le Prophète soit d'accord avec ce que tu dis ».

Les musulmans ne supportent pas que les chrétiens, qu'ils appellent intouchables, leur tiennent tête. Ni qu'ils s'expriment au nom du Prophète ! Asia savait qu'elle prenait un risque en répondant, mais ne s'attendait pas à être condamnée à mort !
La dispute a dégénéré : les habitants du village lui ont demandé de se convertir à l'islam, ce qu'elle a refusé au nom de sa foi en Jésus. Elle a alors été accusée de blasphème, qui n'est pas un mot galvaudé comme chez nous, mais une marque indélébile, un mot qui signifie peine de mort, paria. Asia n'est que la victime d'une loi qui sert trop souvent à régler les querelles de voisinage.

Quelles sont ses conditions de détention ?

Elle est recluse dans une cellule microscopique, sans fenêtre, dont elle touche les murs de ses deux bras. Elle s'ankylose, car elle n'a pas le droit de se promener, une mesure destinée à la protéger. Sa cellule est infestée de moustiques. Un trou au sol lui sert de sanitaires.
Quand il ne pleut pas dans sa cellule, la température y est proche de celle d'un four... Les deux personnes habilitées à lui rendre visite, son mari et son avocat, ne la voient qu'à travers une grille au maillage très serré.

Daniel Hamiche

En voici deux extraits (le texte intégral ici).
 

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