Ne parle pas trop vite !

par Jonathan Bersot • Il y a 7 ans

On a posé un jour une question à Pierre, une question polémique qui semblait faire un reproche à Jésus. Pierre, voulant bien faire, répond du tac au tac pour prendre la défense de Jésus. Il aurait mieux fait de réfléchir avant de répondre aussi vite

24 Lorsqu'ils arrivèrent à Capernaüm, ceux qui percevaient les deux drachmes s'adressèrent à Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paie-t-il pas les deux drachmes ? 25 Oui, dit-il. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, et dit : Que t'en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils des tributs ou des impôts ? de leurs fils, ou des étrangers ?

De retour à la maison, Jésus reprend Pierre et l'invite à réfléchir : Que t'en semble, Simon? (Mt 17:25). Jésus invite Pierre à avoir une autre perspective différente de sa réponse instantanée : il est nécessaire de prendre du recul.

De la même manière, nous devons, nous aussi, être plus lent à répondre quand on est défié, voire provoqué, pour ne pas comme Pierre dire le contraire de ce que Jésus aurait voulu que Pierre dise.

En effet, Pierre répond que Jésus va évidemment payer les deux drachmes, comme tout le monde ! Pour Pierre, Jésus ne va pas se soustraire à cet impôt et honorer son devoir légal. Cependant, la réponse de Pierre va à l'encontre du message que porte Jésus. Il fallait dire non Pierre ! Jésus ne doit pas payer cet impôt-là !

Avant de développer cette mystérieuse réponse – gardons un peu de suspense – considérons le moment où, un peu plus tard, on avait posé à Jésus la question concernant l'impôt à César : faut-il payer l'impôt à un empereur romain (Mt 22:17) ? Jésus, qui savait que la question était un piège, avait répondu oui en faisant référence à l'effigie qui était sur la pièce d'argent :

21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

À la lumière de cette réponse, la réponse de Pierre pourrait paraître raisonnable si, et seulement si, on était dans le même contexte. Car ceux qui percevaient les deux drachmes ne collectaient pas un impôt romain, mais une contribution aux frais du temple. Pierre, avant de t'empresser à répondre, considère le contexte!

25 Oui, dit-il. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, et dit : Que t'en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils des tributs ou des impôts ? de leurs fils, ou des étrangers ? 26 Il lui dit : Des étrangers. Et Jésus lui répondit : Les fils en sont donc exempts.

Jésus invite Pierre à réfléchir

Jésus invite Pierre à réfléchir et à comprendre que les fils des rois de la terre ne payent pas l'impôt destiné à leur père, les fils en sont exempts ! De la même manière, Jésus, le fils de Dieu est exempt de l'impôt qui concerne la maison de son Père. Si Jésus reprend Pierre, c'est pour qu'il comprenne bien – tout comme nous d'ailleurs – que Jésus est le fils de Dieu avec toutes les prérogatives royales. De ce fait, Jésus n'a pas à payer cet impôt, tu as parlé trop vite Pierre!

Avec honnêteté, nous devons reconnaître que nous ressemblons souvent à Pierre et que si nos déclarations sont sincères, elles peuvent être quelquefois erronées parce que l'on n'a pas pris le temps d'analyser la situation. Notre théologie ne doit pas être le produit d'une réponse rapide à une question polémique, mais le fruit d'une réflexion théologique éclairée par la personne de Jésus (il est la lumière), son rôle et sa mission.

Pour conclure

Ce qui est rassurant dans cette histoire, c'est que Jésus va néanmoins aller dans le sens de la réponse de Pierre :

27 Mais, pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l'hameçon, et tire le premier poisson qui viendra; ouvre-lui la bouche, et tu trouveras un statère. Prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi.

Ainsi, le miracle de cette pêche prodigieuse permet à Pierre de payer ce qu'il doit au Temple et de payer aussi pour Jésus, même si cela n'est pas nécessaire. Le miracle n'est pas ici la preuve du bien-fondé de la réponse de Pierre, mais une preuve d'amour de Jésus qui couvre la bourde de Pierre et lui sauve la mise de sa réponse irréfléchie.

Sachons apprendre du Maître

Pour notre part, apprenons à ne pas parler trop vite (surtout quand cela implique ce que Jésus fait ou pas), mais sachons apprendre du maître à avoir la bonne perspective pour chaque situation polémique. Sachons premièrement écouter Jésus et le laisser nous conduire dans sa sagesse avant d'ouvrir notre bouche pour répondre trop promptement.

Photo de Jonathan Bersot
Pasteur, Doyen de l'Institut Biblique du Québec
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