Recueil de Sermons (Page 1 / 11)

Un e-book de Charles Spurgeon

Recueil de Sermons

L'ouvrage que nous présentons aujourd'hui aux lecteurs de langue française a été édité pour la première fois en 1863. Le traducteur, qui, par une modestie excessive, a gardé l'anonymat, s'est montré non seulement fidèle au texte, pour autant que nous en avons pu juger, mais encore à la pensée de l'auteur, ce qui prouve qu'il était en communion d'esprit et de foi avec lui. Tous les deux sont depuis longtemps réunis dans le repos céleste, où ils contemplent "à visage découvert" Celui qu'ils ont aimé, adoré et servi pendant leur course terrestre.

Il serait impertinent de notre part de recommander l'oeuvre de Charles Haddon Spurgeon, elle se recommande d'elle-même. Dieu merci, ce grand nom n'est pas encore oublié, ni près de l'être. Il faut reconnaître, cependant, que la doctrine de Spurgeon - qui est celle des Réformateurs, celle des Apôtres et de Jésus-Christ lui-même - n'est guère à la mode aujourd'hui. Le ciel et l'enfer, l'impuissance de tout effort social ou même religieux pour sauver l'humanité, sans le ressort de la foi, dans l'amour et la puissance de Dieu manifestés au Calvaire, et par le tombeau ouvert de Jésus-Christ, - tout cela semble banni presque entièrement de la prédication contemporaine. L'expérience, hélas ! montre ce que les Eglises ont perdu en renonçant à "la folie de la croix" dans le futile espoir de conquérir le monde. C'est le monde qui les a conquises. Vouloir établir ici-bas le royaume de Dieu autrement que par la prédication de la grâce, par laquelle seule sont créés des hommes nouveaux capables de vivre la vie sainte, c'est tromper les âmes, c'est trahir la sainte cause de la vérité, pour laquelle les Réformateurs ont lutté et souffert, c'est se rendre prévaricateurs à l'égard de Celui dont on se permet de mutiler le message, pourtant si clair et si précis. Que Dieu nous préserve de cette erreur et de ce crime !

L'auteur de ces lignes considère comme l'un des plus grands privilèges que Dieu lui ait accordés d'avoir entendu maintes fois le grand prédicateur dans cet immense édifice, le "Tabernacle Métropolitain" de Londres, rempli deux fois chaque dimanche, et une fois au moins en semaine de cinq à six mille auditeurs, venus de tous les quartiers de la grande ville pour entendre prêcher simplement, sobrement, sans efforts d'éloquence, l'Evangile du salut par grâce et par la foi : et, privilège encore plus grand, de l'avoir vu dans l'intimité de son foyer, et dans les réunions de la Conférence pastorale qu'il avait créée afin de maintenir l'union fraternelle entre les 5 ou 600 jeunes pasteurs (mais quelques-uns étaient aussi âgés que lui), qu'il avait formés dans son "Pastors' College". Bien que je n'eusse pas été de ces élèves, Spurgeon avait bien voulu me proposer de faire partie de la Conférence, ce que j'acceptai de grand coeur, on le devine.

Je n'oublierai jamais l'impression que produisit sur nous tous, sur moi en particulier, son discours intitulé : "Le plus grand Combat du Monde" , qu'il prononça à la dernière de ces conférences annuelles à laquelle il put assister (en 1891). Déjà, à cette époque, apparaissait ce qui était le plus grand danger de l'Eglise, ce qu'on appelait alors le "Down-grade movement", et n'était autre chose que le début de l'hérésie moderniste. Avec une émotion qu'il avait peine à maîtriser, Spurgeon nous prédisait l'apostasie qui ne tarderait pas à devenir générale, et nous conjurait de lutter de toutes nos forces pour la défense de la foi qui a été donnée aux saints une fois pour toutes. Sa mort prématurée en 1892 (à l'âge de 58 ans) fut en grande partie occasionnée par le chagrin que lui causèrent certaines défections, qui paraîtraient aujourd'hui bien anodines.

Je ne crois pas commettre une indiscrétion, après tant d'années écoulées, en rapportant ici une confidence de Spurgeon, à l'une de mes dernières visites à Norwood, où il habitait. " Voici", me dit-il, à propos de l'efficacité de l'Evangile quand il est prêché avec amour et avec foi, "voici mon expérience. Je ne la publie point, pour des motifs que vous comprenez ; mais je vous la dis pour vous encourager : depuis dix ans, il ne s'est pas passé un seul jour - dimanche ou semaine - sans que j'aie reçu, de vive voix ou par lettre, le témoignage d'une ou de plusieurs personnes, me remerciant d'avoir été l'instrument de leur conversion, soit par ma parole, soit par mes écrits."

Les sermons sténographiés de Spurgeon - plus de quatre mille, car il ne prêchait pas seulement dans son Eglise, et il ne se répétait jamais - ont été imprimés chaque semaine, pendant de longues années. Ils sont répandus dans tous les pays de langue anglaise, et beaucoup sont traduits en plusieurs langues. Il en existe un certain nombre en français. Il m'est est arrivé plus d'une fois, dans des assemblées nombreuses, en France et en Suisse, de prier les personnes présentes qui avaient été amenées à la foi par la lecture des sermons de Spurgeon, de vouloir bien en témoigner ; et chaque fois, il s'est trouvé une personne (souvent même plusieurs) pour répondre à cette invitation. Quel prédicateur de l'Evangile ne serait saintement ému à jalousie par de telles marques de l'approbation divine sur son ministère ?

"Je ne suis pas un Spurgeon", dira quelqu'un. Reconnaissons que Dieu n'accorde pas les mêmes dons à tous ses serviteurs, si fidèles qu'ils soient. Mais il leur donne à tous le même Evangile à proclamer ! Il leur donne à tous la même joie en le proclamant, et à tous aussi sera bientôt adressée la parole qui vaut plus que tous les succès et tous les suffrages humains : "Cela va bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de chose, je t'établirai sur beaucoup. Entre dans la joie de ton Maître !"

R. Saillens.

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