Le cheminement intérieur vers la promesse
Trop souvent dans la vie chrétienne, nos yeux restent fixés sur les circonstances, sur le chemin que l'on traverse. Le temps passe, les vents ne nous sont pas toujours favorables, et au sein du désert ou de la tempête, il devient difficile de se situer, d'avoir une lecture de ce qui nous arrive.
Plutôt que de porter nos regards sur l'extérieur, il est important de connaître le circuit intérieur de la promesse, c'est-à-dire la manière dont Dieu agit dans nos coeurs. Comment entrer dans l'accomplissement de la promesse, en nous-même, au travers de notre fonctionnement ?
Souvent, si l'on s'en tient à l'apparence des événements, la réalité nous semble difficile et même plus difficile encore que ce que l'on aurait pu prévoir. C'est alors le circuit intérieur qui va déterminer les paramètres de l'accomplissement de la promesse. Mais ces paramètres, quels sont-ils ? C'est ce que nous allons étudier.
Saisir une promesse, c'est d'abord la « voir »
Ce verset peut sembler décourageant mais il est très important. Certains héros de la foi n'ont jamais vu de leur vivant l'accomplissement des promesses. Ce sont les générations suivantes qui les ont vues. Est-ce là un sujet de découragement ? C'est à nous de savoir si nous ne combattons que pour nous, ou pour les autres également.
Contrairement à ce qu'il paraît, ce verset se révèle plein d'espoir, car même s'ils n'ont pas pris possession de ces promesses, ces héros de la foi les ont VUES, et saluées de loin ! Nous ne pouvons attraper quelque chose que nous n'aurions pas vu ! Nous ne parviendrons à capturer un papillon qu'à condition de l'avoir vu, c'est évident !
Dès lors, où voir les choses, lorsque la réalité nous montre le contraire ? Lorsque nous nous attachons au Seigneur, nous devenons un même esprit avec Lui (1 Corinthiens 6). Il n'est pas possible de distinguer Son esprit du nôtre car la Parole dit bien que c'est le Saint- Esprit qui rend témoignage à notre esprit. Ce que nous avons vu, c'est en esprit que nous l'avons vu, au travers de la communion avec le Saint-Esprit. Et nous pouvons recevoir des choses en esprit sans nous y attendre ! Avant toutes choses, Dieu nous fait « voir » ce qu'Il nous promet. Après, nous pouvons le saisir ou pas...
Je me rappelle quand j'ai vu ce bâtiment pour la première fois, je me voyais déjà dedans en train de prêcher, j'imaginais les rangées pleines de monde, etc... Mais alors je me disais : « Aller, ne te réjouis pas trop vite, reviens sur terre ! Ce n'est pas encore le moment... » Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me réjouir
Croire dans les promesses, une démarche qui doit s'ancrer dans le coeur !
Voir la promesse est une chose, mais y croire en est une autre ! Ce que nous avons vu en esprit doit descendre dans notre coeur et y rester. Il faut saisir les promesses, mais surtout les conserver ! Cela désolera peut-être les personnes très spirituelles qui affirment voir de nombreuses choses en esprit. Nous avons beau voir des promesses en esprit, si nous ne les saisissons pas avec notre coeur, cela ne marchera pas, et notre esprit ne sert à rien !
Mais avant de descendre dans le coeur, la promesse va suivre un itinéraire et se heurter à des forteresses de raisonnement. C'est là le combat de la foi ! Notre intelligence va rencontrer au moins trois obstacles qui l'achopperont : la réalité visible, le temps, et le chemin par lequel passe l'accomplissement.
La réalité visible : quand les cinq sens s'opposent à notre esprit
Bien souvent, notre vision se heurte à la réalité brute. Un cas typique est celui d'Abraham
Pourtant, il le voyait et le sentait, mais il ne s'arrêta pas dessus. Il était près d'avoir 100 ans ! Et sa femme n'était pas en état d'enfanter. Mais il est écrit que « face à la promesse de Dieu, il ne douta point, mais fortifié par la foi, il donna gloire à Dieu. »
Et c'est bien cela la vraie foi ! La foi est la ferme assurance des choses qu'on espère, la démonstration de celles qu'on ne voit pas.
Les circonstances opposées sont toujours une pierre d'achoppement, et il n'est pas évident d'en faire abstraction. On ne peut pas nier les choses ! Abraham n'a pas nié son état. Il a reconnu la vieillesse de son corps, mais a tout de même eut confiance. Le combat contre nos cinq sens est dur, car notre intelligence nous montre les obstacles et nous fait douter.
Pour autant, il n'y pas d'autre voie possible ! La réalité peut obscurcir la vision de la promesse. Nous sommes en droit de nous demander certaines fois : « Avons-nous rêvé ? Sommes-nous en train de nous bercer d'illusions ? » Ces pensées sont légitimes lorsque tout semble aller à l'encontre de ce que nous avons vu. Abraham était honnête avec Dieu et ne se cachait pas lorsque sa foi faiblissait. Et alors Dieu le relevait, en lui montrant les étoiles...
On pourrait se dire qu'Abraham a eu la naïveté de Le croire, mais il a plutôt eu la FORCE de Le croire.
Le temps
Un autre élément qui vient nourrir les forteresses de raisonnement, c'est le temps. Le temps qui dure, qui s'éternise. Le plus pénible c'est qu'avec le temps, les choses ne s'arrangent pas mais qu'elles vont souvent de mal en pis !
Nous crions alors : « Seigneur tu m'as promis ! Plus j'avance, plus je vois le contraire ! Pourquoi devrais-je Te croire ? A quoi bon me battre si je ne verrai pas la promesse de mes yeux, et si ce sont mes enfants et ceux qui viendront après moi qui en profiteront ? »
Cette réaction est égoïste. C'est pourquoi il est crucial de prêter attention à notre positionnement intérieur. Nos raisonnements vont faire stagner, avancer ou reculer les choses. L'avancement des choses ne dépendra donc pas des circonstances extérieures mais de notre positionnement intérieur !
Nous connaissons tous le proverbe de l'Ecclésiaste qui dit qu'il y a un temps pour tout, un temps pour pleurer, un temps pour rire, un temps pour naître, un temps pour mourir... mais les chrétiens doivent réaliser qu'il y aussi un temps pour l'accomplissement de la promesse !
Observons l'attitude d'Habacuc.
Il avait des plaintes à proférer car Dieu l'avait appelé à prophétiser bien des choses et les gens autour de lui le tournaient en ridicule en lui disant : « Alors Habacuc, quand tes promesses vont-elles se réaliser ? » Habacuc était démuni et ne savait plus que répliquer à ses détracteurs.
Voici ce que Dieu lui répondit : « Ecris la prophétie, grave-la sur les tables, afin qu'on la lise couramment, car c'est une prophétie dont le temps est depuis longtemps fixé, elle marche vers son terme, et elle ne mentira pas. Et si elle tarde, attends-là, car elle s'accomplira certainement, et elle ne sera pas différée. Voici son âme est enflée, elle n'est pas droite en lui, mais le juste vivra par sa foi. » (verset 4). A qui Dieu dit-il que son âme est enflée ? À Habacuc. Le prophète a commencé à marcher par la foi, il doit continuer par la foi !
Le prophète, celui qui communique la vision, est toujours le premier à être testé, à recevoir les piques de l'ennemi. C'est lui le premier qui doit tenir ferme et résister aux attaques. Je le sais par expérience. Chaque fois que j'ai dit des choses, l'ennemi s'en est pris à moi.
S'il y a un temps pour l'accomplissement des promesses, il faut bien comprendre que nous ne pouvons RIEN y changer ! Il serait inutile de courir, de nous battre, de renverser des murs... Le temps de l'accomplissement de la prophétie ne dépend pas de nous, mais de Dieu.
Le chemin par lequel passe l'accomplissement
Le troisième obstacle auquel se heurte notre raisonnement, est le chemin par lequel Dieu nous fait passer pour accomplir sa promesse. Joseph en était le parfait exemple. Comment aurait-il pu un seul instant penser qu'il était sur le bon chemin ? Ses frères l'ont vendu comme esclave, il a été victime de la sournoise femme de Potiphar, il a passé de nombreuses années en prison, et pourtant il s'y est bien comporté ! S'il n'avait pas été en prison, il n'aurait pas rencontré l'échanson, à qui il a donné l'interprétation de son rêve. De même, Pharaon ne se serait jamais adressé à Joseph s'il n'avait pas vu comment ce dernier avait éclairé l'échanson.
Autrement dit, Joseph était exactement à l'endroit voulu par Dieu pour accomplir Sa promesse. Mais lui ne le savait pas ! Il avait mille raisons de penser : « Qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est-ce que je fais là ? »
On ne comprend pas souvent le chemin par lequel Dieu nous fait passer.
Gédéon n'a pas cru Dieu immédiatement lorsqu'Il lui a dit qu'il serait celui qui dirigerait Israël vers la victoire.
Il a fallu que Dieu revienne à la charge trois fois et lui donne des preuves pour que Gédéon se mette à sonner de la trompette et à rassembler une armée. Et là, lorsque Gédéon a rassemblé 10 000 hommes, Dieu lui a dit qu'Il voulait qu'il marche avec 300 hommes seulement ! Gédéon a été ébranlé, à juste titre.
Sur le plan humain, le chemin proposé par Dieu semblait à aller à l'encontre du bon sens !
Le chemin où Dieu nous mène malgré nous, est rarement enthousiasmant. C'est un chemin étroit, tortueux, où l'on vit le brisement et la mort de la croix.
Vouloir prendre le contrôle : un mauvais raccourci
Lorsque le chemin est épineux, douloureux et synonyme de brisement, nous avons deux tentations : prendre de mauvais raccourcis, ou nous laisser totalement aller.
Abraham a cédé à la première de ces tentations. Il a voulu se débrouiller tout seul. Voyant que Dieu tardait à accomplir Sa promesse, il a pris sa servante et l'a mise enceinte. De cette manière, il a voulu entrer dans l'accomplissement agréablement et immédiatement. Seulement, le côté agréable fût de courte durée. Ismaël et sa descendance, aujourd'hui encore, nous font verser des larmes...
Lorsque la promesse tarde à s'accomplir, nous sommes parfois tentés de nous « défouler » un peu. Nous nous disons que de toute façon Dieu ne nous exauce pas, que nous nous faisons mener en bateau...
Prenons garde, par notre attitude, nous pouvons rallonger le chemin de l'accomplissement, ou même en sortir complètement !
L'intégrité, la condition sinequanone de l'exaucement
Les proverbes disent que « l'intégrité dirige les hommes droits. » (chap. 11 v. 13) C'est un facteur crucial !
Imaginez ce qui se serait produit si Joseph était tombé dans le piège tendu par la femme de Potiphar. Il ne serait pas allé en prison, certes. Il n'aurait pas été calomnié, non plus. Mais il serait sorti du plan de Dieu ! Si le manque d'intégrité nous fait sortir du chemin voulu par Dieu, il faut nous repentir. A cette condition seulement nous pourrons retrouver l'éventualité de l'accomplissement de la promesse !
Certains, désabusés, déçus, se disent peut-être : « Pourquoi continuer à honorer Dieu, puisque j'agis bien et qu'Il ne me récompense pas ? Moi je suis fidèle, mais autour de moi tout semble être le contraire... Où est la fidélité de Dieu ? » Beaucoup d'hommes de Dieu dans la Bible ont rencontré ce problème. S'efforçant de marcher dans l'intégrité, ils ont pourtant accumulé les embûches, alors qu'ils voyaient les méchants prospérer et réussir !
Lisez le psaume 73 : le psalmiste était sur le point de s'égarer, car il pensait que cela ne servait plus à rien de suivre Dieu.
Certains diront : « Si Dieu ne me bénit pas, pourquoi donnerais-je la dîme ? » Or il ne faut pas prendre les choses à l'envers. La Parole est claire :
Dans 1 Samuel 2 v. 30, nous lisons : « J'honorerai celui qui m'honore, mais je déshonorerai celui qui ne m'honore pas. »
C'est comme cela que fonctionne la logique de Dieu. Tant pis pour ceux qui n'obéissent pas ! Nous trouvons toujours des prétextes pour marcher selon la chair et céder à nos envies.
Pour voir la promesse s'accomplir, il faut marcher dans le chemin que Dieu a prévu pour nous, même s'il n'est pas facile.
Le repos de la foi, un appui solide
Sans la foi nous sommes tourmentés par les choses qui tardent à venir et nous pèsent.
Lorsque nous sortons de ce repos de la foi, nous sommes en danger et risquons de tomber ! Conserver ce repos exige un combat, le bon combat de la foi.
Plus le repos entre dans nos coeurs, plus le témoignage de la prophétie grandira, et s'élèvera, tel l'étoile du matin. La prophétie, telle une lumière dans les ténèbres, nous est donnée pour avancer dans l'obscurité. Elle doit être un point de repère auquel nous raccrocher.
Comment entrer dans le repos lorsque nous sommes voués à des forteresses de raisonnement ? Voici deux clefs pour y parvenir :
1. La confession, indissociable de la foi
Si nous croyons, notre discours doit être cohérent. Continuer à confesser. Comment Abraham « rendait-il gloire à Dieu » malgré la réalité de son corps usé par la vieillesse ? En confessant de sa bouche qu'il croyait en la fidélité de Dieu par rapport à ses promesses. Nous ne pouvons pas rendre gloire à Dieu sans ouvrir notre bouche. Une foi qui ne s'exprime pas par notre bouche n'existe pas.
2. L'appropriation : un acte concret vers l'accomplissement de la promesse
Découvrons ce que qu'Abraham a fait en Genèse 23. Dieu disait depuis plusieurs années à Abraham qu'Il lui donnerait Canaan. Ainsi, Abraham savait qu'il posséderait un jour ces terres. Mais comment pouvait-il faire, de façon pratique, pour entrer déjà dans ce processus ?
Un jour Sara est morte. Il voulait avoir un sépulcre pour sa femme. Mais c'était dans une terre qui ne lui appartenait pas, celle des Hittites, propriétaires dans le pays de Canaan. Abraham alla voir les responsables, qui lui conseillent de demander un champ. Abraham se rendit auprès des Hittites et leur proposa d'acheter une partie des terres. Les Hittites voulurent la lui céder gratuitement. Abraham n'a pas voulu de ce cadeau, et il a eu raison. Il versa la somme d'argent correspondant à la valeur du terrain, et acquit ce dernier. Ainsi ce champ devint la propriété juridique d'Abraham aux yeux des Hittites et de tous ceux qui entraient par les portes de la ville. Concrètement, il a utilisé la mort de sa femme pour s'approprier un bout de Canaan, un bout de la promesse ! Il en est ainsi devenu légalement propriétaire et personne ne pouvait plus le déposséder de ce terrain. Il savait que tout le reste allait aussi venir, mais après.
Il est important de comprendre ce qu'est un acte d'appropriation. Que puis-je faire concrètement pour m'approprier ne serait-ce qu'une petite partie de ce que Dieu m'a promis ? Cela doit être un sujet de prière. Sans faire cela, nous resterons toujours dans les hypothèses.
Laissons à Dieu seul le soin d'accomplir Sa promesse !
L'aboutissement de la promesse appartient au Seigneur. La seule chose que nous puissions faire est de tout abandonner entre Ses mains. Le repos de la foi, c'est cela même : arriver à lâcher prise.
Disons au Seigneur : « Ma part, c'est d'être intègre, de confesser et croire, de m'approprier ta promesse, mais l'accomplissement t'appartient ! »
Il est inutile de faire pression sur un frère, le pasteur, un membre de notre famille ou qui que ce soit pour obtenir l'exaucement. Laissons Dieu nous mener vers l'accomplissement. Croyons, tenons ferme, et avançons. Quand nous faisons cela, l'étoile du matin, qui est Jésus lui-même, commencera à s'élever dans nos coeurs et nous conduira tout doucement vers ce témoignage intérieur qui amène le jour...