L'incertitude
En lisant quelques-unes des nombreuses lettres qui m'arrivent journellement, je me suis rendu compte que beaucoup de chrétiens sont tourmentés par des doutes et des incertitudes au sujet de la vie chrétienne.
Bien des gens authentiquement chrétiens n'ont pas pour autant la foi et manquent complètement d'assurance, parce qu'ils n'ont pas compris une vérité essentielle concernant l'expérience chrétienne. Le fait de devenir chrétien est une expérience précise dans la vie d'un homme, ce n'est pas l'aboutissement ou le résultat d'une éducation, quoique bien des gens le prétendent. Il y a quelques années, un grand prédicateur a déclaré: "Nous devons instruire les jeunes dans la voie chrétienne, de telle manière qu'ils ne se souviennent pas du moment où ils n'étaient pas chrétiens." La manière d'envisager l'instruction chrétienne a souvent été fondée sur cette fausse conception, et peut-être que chez beaucoup de personnes l'instruction religieuse tient lieu d'expérience chrétienne.
Au début du siècle, le professeur Starbuck, qui est une autorité dans le domaine psychologique, a observé que les chrétiens actifs se recrutaient généralement parmi ceux qui avaient eu une expérience précise de la conversion.
Je ne désire pas critiquer l'instruction religieuse telle qu'on la donne, mais je voudrais m'élever contre un emploi faux et faussé d'une instruction religieuse qui se substitue à l'expérience de la nouvelle naissance. Jésus a dit à l'un des hommes les plus religieux de son temps: "Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu."
La profonde connaissance de la religion qu'avait Nicodème ne pouvait remplacer sa nouvelle naissance. Nous sommes aujourd'hui, comme alors, au même point: il faut naître de nouveau.
Dans son cocon, la larve passe parfois des mois à grandir et à se transformer d'une manière presque imperceptible. Mais, si importante que soit cette naissance cachée, il doit y avoir un moment où, d'une manière précise, la larve sort et devient papillon. Les semaines de transformation silencieuse sont importantes, mais elles ne peuvent remplacer ce moment où ce qui était vieux et repoussant est abandonné pour quelque chose de nouveau et de beau. Il est vrai que des multitudes de chrétiens ne connaissent ni le jour ni l'heure où ils sont venus à Christ; cependant, leur foi et leur vie témoignent que consciemment ou inconsciemment ils se sont convertis à Lui. Quoi qu'il en soit, qu'ils s'en souviennent ou non, il y eut un moment où ils sont passés de la mort à la vie. Probablement que tous les hommes ont eu, par moments, des doutes à l'égard de leur expérience religieuse. Quand Moïse est monté sur le Mont Sinaï pour recevoir les Tables de la Loi des mains de Dieu, il fut absent longtemps, et les Hébreux attendaient avec anxiété qu'il revînt. Ils commencèrent bientôt à douter de son retour, et dirent: "Ce Moïse, cet homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu."
L'infidélité fut le résultat de leurs doutes et de leurs incertitudes. Ces doutes, qui hantent l'âme de tant de gens, proviennent de leur incompréhension de ce qu'est une vraie expérience religieuse. Ils ne savent pas quelle en doit être la nature, ou alors, ayant été mal informés, ils recherchent quelque chose dont la Bible ne nous parle pas. Il y a quelque temps, le responsable d'une grande communauté est venu me voir. Il me déclara qu'il en arrivait à douter de l'immortalité, et il voulait savoir si je pouvais lui en redonner l'assurance. Je lui ai expliqué certaines choses, dont j'aimerais maintenant vous faire part.
Plus de trois cents fois le mot foi est mentionné dans le Nouveau Testament, se référant au salut de l'homme et, à bien d'autres reprises, il est sous-entendu sans être cité. L'auteur de l'épître aux Hébreux a dit:
C'est parce que nous avons confondu Foi et sentiment que nous rencontrons tant de difficultés et d'incertitudes, même parmi les chrétiens authentiques. La foi implique toujours un objet ~ c'est-à-dire que, quand nous croyons, nous devons croire à quelque chose. Cette chose, je l'appelle la Croix. Laissez-moi vous donner trois mots qui doivent toujours rester dans le même ordre: ils vous montreront ce que doit être une vie chrétienne confiante. Ces trois mots sont: Croix, foi et sentiment. Ils viennent dans cet ordre, et cela est essentiel. Si vous les intervertissez, si vous en éliminez ou en ajoutez, vous n'aboutirez qu'au désespoir, vous continuerez à aller à tâtons dans une demi-obscurité, sans avoir la joie et la confiance de l'apôtre Paul qui pouvait dire: "Je sais en qui j'ai cru."
Si vous êtes sauvé de tout péché, vous l'êtes par une foi personnelle dans l'Évangile de Christ, tel qu'il est révélé par les Écritures. Bien que cela puisse au premier abord vous paraître dogmatique ou étroit, le fait est que le salut ne s'acquiert que de cette manière. L'apôtre Paul dit: "Je vous ai transmis, avant tout, ce que j'avais aussi reçu: Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures; Il a été enseveli, Il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures"
La Bible dit que nous sommes sauvés lorsque notre foi est fondée sur la Croix. L'oeuvre de Christ est un fait, sa Croix est un fait, sa tombe est un fait, et sa résurrection est un fait. Il est impossible de créer quelque chose seulement en y croyant. L'Évangile n'est pas devenu une réalité, parce que des hommes y ont cru. La tombe n'a pas été trouvée vide en ce premier jour de Pâques, parce que quelques personnes pieuses ont cru à la Résurrection. Le fait précède toujours la Foi. Nous sommes psychologiquement incapables de croire sans objet. Je ne vous demande pas de croire à quelque chose d'incroyable, mais d'accepter un fait historique qui, en réalité, dépasse l'histoire. Je vous invite à croire que l'oeuvre de Christ, accomplie à cause du péché et pour les pécheurs, est efficace pour tous ceux qui Lui confient leur âme. S'attendre à Lui pour son salut éternel, c'est croire à un fait.
La foi est le second de ces trois mots. La foi est rationnellement impossible là où il n'y a rien à croire. La foi doit avoir un objet, et cet objet de la foi chrétienne, c'est Christ. La foi est plus qu'un assentiment intellectuel à l'égard des exigences du Christ, elle implique la volonté, elle demande une action. Si nous croyons vraiment, nous vivrons. La foi sans les oeuvres est morte. Avoir la foi veut dire s'abandonner et se soumettre aux exigences de Christ. Elle implique l'aveu de notre péché et le don de nous-mêmes à Christ. Nous ne connaissons pas Christ par nos cinq sens, mais nous arrivons à Le connaître par le sixième sens, que Dieu a donné à chaque homme, et qui est notre capacité de croire.
Le sentiment est le dernier de ces trois mots. N'oubliez jamais qu'il est et qu'il doit rester le dernier. Par les nombreuses lettres que je reçois, je me rends compte que bien des incertitudes et des angoisses viennent du fait que beaucoup de ceux qui cherchent sérieusement le salut en Dieu s'attendent à ressentir une certaine émotion quand ils se convertissent.
Que dit la Bible? Si vous cherchez le salut tel que le présentent les Écritures, vous voulez certainement savoir quelle sorte d'expérience la Bible vous invite à faire. Vous avez peut-être déjà pris une décision lors d'une réunion; il est possible que vous ayez déjà eu recours à l'aide d'un conseiller ou que, lors d'une émission religieuse à la radio, vous vous soyez agenouillé lorsqu'on vous invitait à recevoir Christ. Vous avez entendu le message, vous avez reconnu que vous étiez pécheur et que vous aviez besoin d'un Sauveur. Vous avez constaté que votre vie était un échec spirituel et que, malgré toutes vos tentatives d'amélioration et de réformation, vous n'avez pas réussi. Dans votre situation désespérée, vous avez regardé à Christ pour votre salut, vous avez cru qu'Il pouvait et qu'Il voulait vous sauver.
-Vous avez lu les paroles qu'Il adressait aux pécheurs: "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, je vous donnerai du repos."
-Vous avez aussi lu la promesse:
-Vous avez encore lu ce verset:
J'ai cherché avec soin dans le Nouveau Testament quelle sorte d'expérience il nous est demandé de faire, et quelle est la nature de la conversion qu'il nous faut. La seule expérience que nous propose le Nouveau Testament est celle de la foi. Croire est un acte aussi réel que n'importe quel autre acte, et pourtant, une quantité de gens y cherchent quelque chose d'autre, un choc qui se ressente physiquement ou une manifestation spectaculaire. Beaucoup d'entre eux ont été induits en erreur, car on leur avait dit d'attendre une telle sensation. Dans l'épître aux Romains, cependant, il est dit: "L'homme est justifié par la foi"
et non par le sentiment. Un homme est sauvé par sa confiance en l'oeuvre accomplie de Christ sur la Croix, et non par des sensations physiques ou par une extase religieuse.
Mais vous me direz peut-être: "Qu'en est-il des sentiments? N'ont-ils donc pas de place dans la foi qui sauve?" Ils ont leur rôle à jouer, mais ce ne sont certainement pas eux qui sauvent. Les sentiments peuvent être le résultat de la foi qui sauve, mais ils ne sauraient sauver personne.
Lorsque je comprends un peu l'amour de Christ pour moi qui suis un pécheur, je me mets à l'aimer, et l'amour est un sentiment. Quand je me rends compte que, par sa mort, Christ a remporté une victoire décisive sur la mort et sur le péché, je cesse de craindre la mort: voilà encore un autre sentiment. La crainte est une sorte de sentiment, et la surmonter avec détermination et confiance en face de la mort, c'est une expérience.
Avoir une conscience chargée, c'est une expérience. Les psychologues peuvent appeler cela un complexe de culpabilité, et peuvent chercher à l'expliquer d'une manière rationnelle, mais quand la conscience a été éveillée sous explication de la Loi de Dieu, aucune explication ne peut faire taire cette voix insistante. Bien des criminels se sont eux-mêmes rendus aux autorités, parce que les accusations de leur conscience étaient pires pour eux que les barreaux de la prison. Avoir la conscience soulagée, et être libéré de ses accusations constantes, est une expérience, mais la libération du complexe de culpabilité ne sauve pas, c'est la foi en Christ qui sauve. Avoir une conscience libérée est le résultat d'une relation juste avec Dieu.
La joie est un sentiment. La paix intérieure est un sentiment. L'amour pour les autres est un sentiment. L'intérêt pour ceux qui sont perdus est un sentiment. Bien souvent, des parents reprochent à leurs enfants de s'enthousiasmer pour la religion. Je n'ai jamais saisi la raison de leurs objections, car ils devraient, je trouve, en remercier Dieu. Ils admettent que leurs enfants s'enthousiasment à propos d'un film, d'un spectacle, d'un match de football ou de leurs amourettes, alors, pourquoi ne pas se réjouir quand un jeune se décide pour Christ? Cependant, je vous rappelle, une fois encore, que la seule expérience que vous devez rechercher et attendre est celle de la foi. Vous pouvez alors ajouter à la foi des sentiments et de l'enthousiasme.
Enfin, quelqu'un dira peut-être: "Je crois les faits historiques des Évangiles, et pourtant je ne suis pas sauvé." La chose est possible, car la foi qui sauve est d'une qualité particulière, elle produit l'obéissance et une certaine manière de vivre. Il est vrai que bien des personnes ont réussi à imiter ce genre de vie pour un certain temps; mais à ceux qui se confient en Christ pour leur salut, cette foi donne le désir de manifester par leur vie cette expérience. C'est une puissance qui découle d'une vie abandonnée à Dieu et vécue pour Lui. Laissez la foi intellectuelle et historique que vous avez peut-être, capitulez devant Christ, et désirez sérieusement recevoir son salut. Par l'autorité des Saintes Écritures, vous devenez alors un enfant de Dieu, car la Bible dit:
Voulez-vous L'accepter et vous confier en Lui par la foi, maintenant ?