Vivant ou mort

Un texte de Winfried Wentland

J'avais été le responsable en chef du montage de la tente pendant une douzaine de campagnes d'évangélisation lorsque nous sommes arrivés dans la ville de Siyabuswa en 1983. J'aimais cet endroit parce qu'il n'y avait aucun blanc dans cette ville de 30 000 habitants. La route à deux voies était très bien pavée pour parer aux besoins d'une très grande carrière de marbre. Chaque jour, des dalles de pierre blanches étaient acheminées vers les marchés de construction de Johannesburg, de Durban et du Cap. Beaucoup de locaux travaillaient dans cette carrière.

Dans chaque nouvel endroit, le montage de la tente et de la plate-forme était un nouveau casse-tête unique en son genre à résoudre. J'aimais ce défi. À Siyabuswa, je garai le camion et la remorque tout au bout du Vivant ou mort terrain pour décharger la grue. En regardant vers le ciel, je vis que la ligne de courant principale de la ville passait au-dessus de nous. Comme chez moi, la sécurité passe avant toute autre chose, je me dis qu'il fallait absolument que je ne l'effleure pas coûte que coûte. Je me rendis ensuite dans un bureau des services techniques et je demandai à l'un des employés de venir sur le terrain et de me donner des renseignements très précis à ce sujet.

« Ce sont 22 000 volts d'électricité qui passent dans cette ligne », me dit-il. « Il faudra éviter de vous approcher trop près avec votre équipement. Il est possible que le courant fasse un arc électrique. Si quelqu'un entre contact avec tant de puissance, il mourra sur le champ ». Il fit quelques calculs pour évaluer où était la zone de danger autour du câble et je stationnai le camion en conséquence. Puis je déchargeai le matériel et montai la tente et la plate-forme.

Reinhard vint et prêcha. Les réunions furent fantastiques. Des miracles se produisirent lors de la première soirée et la ville entière était en effervescence. La nouvelle de l'événement se propagea de bouche à oreille et le lendemain soir, la tente ne fut plus capable d'accueillir toute la foule. On aurait dit que les 30 000 habitants de Siyabuswa étaient venus. Nous avons alors ouvert les côtés de la tente et nous avons monté des hautparleurs supplémentaires dehors pour que la foule qui était debout puisse entendre l'Évangile. Je passai la matinée suivante à déplacer la plateforme vers l'arrière pour que plus de personnes encore puissent répondre à l'invitation de venir à l'avant pour prendre une décision.

La réunion se termina avec des milliers de personnes sauvées et Reinhard retourna à Witfield. Comme d'habitude, à l'aide de la grue, je travaillai avec l'équipe locale pour démonter la tente et l'équipement et pour les charger sur la remorque du camion. La dernière chose à charger était toujours la plate-forme que nous emballions dans des caisses de protection pour l'expédition. Alors que je manoeuvrais la première grue et la guidais vers la remorque, je me rappelai soudain de quelque chose que j'avais tout à fait oublié. En une fraction de seconde, je réalisai soudain que j'avais déplacé la plate-forme de sa position originelle et que la distance à la ligne de courant avait changé.

Trop tard ! Vingt-deux milles volts d'électricité sortirent avec force de la ligne de courant, traversèrent le bras en métal de la grue et arrivèrent en trombe de la machine dans mes deux mains qui actionnaient les manettes de contrôle. Je fus catapulté dans les airs et plongé dans des ténèbres totales.

C'était le soir. Gaby entendit les hurlements et sortit précipitamment de notre camping-car. Elle vit que j'avais été projeté sous le camion. La ligne de courant s'était brisée en deux et gisait par terre, crachant son courant au travers de mon corps. Je ressemblais à quelqu'un en proie à une crise épileptique très violente. Si quelqu'un m'avait touché, il aurait été immédiatement électrocuté comme moi. 

« Au secours ! » hurla Gaby en arrachant une planche en bois d'un siège improvisé dans la tente. Elle se mit à l'utiliser pour éloigner mon corps de la ligne de courant brisée.

Plusieurs autres hommes de l'équipe s'emparèrent également de planches et se joignirent à ses efforts même si ils étaient secoués et brûlés par le courant qui passait au travers du bois. Finalement, ils réussirent à me dégager assez loin du courant qui arrêta de déferler au travers de mon corps. Ils me tirèrent de dessous le camion, sans vie.

« Winni ! Tu m'entends ? ». Gaby s'agenouilla au-dessus de mon corps et ne trouva aucun pouls, pas de respiration, aucune réponse. 

Soudain, une autre source de puissance traversa son corps d'en haut. Elle bondit sur ses pieds et d'une voix qui n'était pas tout à fait la sienne, elle se mit à crier de toutes ses forces un ordre puissant : « Mort, dégage ! »

L'équipe regardait éberlué la scène et mes yeux s'ouvrirent. Pour la première fois, je repris conscience de mon environnement et de mon corps. J'avais des picotements de la tête aux pieds. Je m'assis et regardai mes mains. Je regardais mes mains. Elles avaient l'air de steaks brûlés. Il n'y avait plus de peau et la chair était grillée, toute noire jusqu'aux os où les 22 000 volts avaient traversé tout mon corps.

Gaby se précipita vers moi avec la valise de premiers secours du camping-car et se mit à appliquer une pommade antibiotique et des bandages. L'équipe qui se tenait tout autour de moi était sûre d'avoir juste vu un homme qui venait de ressusciter.

Quelques minutes plus tard, une voiture arriva de la ville, ses phares illuminaient notre groupe. L'homme qui m'avait averti des dangers de l'électricité sortant de la ligne de courant, sortit de la voiture et vint vers nous.

« Toute la ville est plongée dans le noir. J'ai demandé à la compagnie d'électricité de couper le courant dans cette zone. Maintenant, il faut vous tenir à l'écart de cette ligne. Combien sont morts ici ? »

« Personne n'est mort, monsieur », répondit Gaby

Il me vit assis là et aperçut mes mains. Un regard vers la position de la grue lui raconta toute l'histoire. Il secoua la tête. « Personne ne peut survivre cela ! »

« Je ne suis pas sûre qu'il ait survécu », dit Gaby. « Mais je suis certaine d'une chose : Dieu l'a ramené à la vie ».

L'équipe locale se mit à entonner des chants d'adoration, à frapper des mains, à chanter, à danser et à se réjouir. J'aimais voir la joie débridée de mon équipe africaine. Je pensais qu'il était bien dommage que Reinhard ne soit pas là pour montrer ce miracle à la foule en attente. Cela ne serait pas la dernière fois que des miracles se produisent sur le terrain de la campagne après que les réunions soient finies.

Très vite, je repris pleinement conscience et mon corps répondit avec coordination. Je ne sentais pas du tout de douleur et je remarquai même que je pouvais utiliser mes mains sous les bandages. Le jour suivant, je finis de charger le matériel et je conduisis le camion à 100 km au sud de Pretoria, là où Gaby avait trouvé un hôpital moderne. Le médecin était étonné que je sois encore en vie et me dit que les nerfs dans mes mains avaient été complètement détruits. Il était très peu probable que je retrouve un jour des sensations dans mes mains. Naturellement après mon épisode de dos cassé, j'avais appris à prendre les diagnostiques d'un médecin juste comme « un avis ». La parole du Grand Médecin déjoue tout.

Mon emploi du temps me donna une pause de quatre semaines après la campagne de Siyabuswa car Reinhard quitta l'Afrique pour aller prêcher en Finlande. Mes mains étaient dans un piteux état. Elles se craquelaient et saignaient en continuant de guérir et autant que possible, j'avais toujours des bandages imbibés de pommade antibiotique. Mais je pouvais les utiliser sans avoir de douleur.

Je conduisis le camion et organisai cinq autres campagnes en Afrique du Sud et dans le pays avoisinant du Botswana cette année-là. Après six semaines environ, je me mis à sentir des picotements dans mes doigts car les nerfs commençaient à repousser. Aujourd'hui, j'ai retrouvé l'usage de mes mains et de mes doigts, et je n'ai que des cicatrices. Les gens ne les remarquent même pas à moins que je ne les montre explicitement, et je ne le fais que pour parler de la foi de Gaby et pour donner gloire à Dieu.

Plus tard, Gaby me raconta que quand elle me vit inerte sur le sol, l'Esprit qui a ressuscité Jésus de la mort se leva en elle. Tous les croyants ont cet Esprit en eux, mais très peu d'entre eux ne s'en servent. Elle ne ressentit aucune trace de doute, de peur, d'anxiété, ou d'incertitude ; seulement un amour pur et de la puissance. Elle ne pria pas, elle ne quémanda pas, elle ne demanda pas – elle commanda avec autorité à la mort de quitter.

En y repensant avec les années, Gaby dit que ce fut comme si la voix qui sortit de sa bouche n'était pas la sienne mais celle de l'Homme qui avait dit : « Lazare, sors ! ». C'était un commandement divin comme « que la lumière soit ! ». Il ne laissa absolument aucun autre choix que l'obéissance – et instantanément mes yeux s'ouvrirent.

Lorsque j'avais prié pour trouver une femme en 1978 et que Dieu exauça ma prière en me donnant Gaby, Il savait que ce jour arriverait pour moi. Sans elle, cette histoire se serait achevée ici. 

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Légende photo : Winfried Wentland ainsi que sa femme Gaby avec l'équipe de CfaN ministries

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