Sur les traces de Jésus, oser affronter le tragique

Un texte de SEL

Qu'est-ce qui distingue un responsable d'ONG d'un responsable d' ONG chrétienne ? En quoi le fait de se fonder sur l'Evangile et de suivre Jésus peut-il faire une différence ? Ces questions, Luc Torrini, Directeur du SEL projets en Belgique, se les pose, et tente d'y apporter des réponses.

Pour rester éveillé et centré sur la finalité de nos objectifs, il m'importe souvent de m'interroger sur le sens de nos actions. Dans quelle histoire sommes-nous réellement engagés ? Quel combat menons-nous réellement ?

Pour répondre à ces questions sans tomber dans le cliché, nous veillons à toujours prendre la mesure du tragique qui se cache derrière nos combats.


Une réalité parfois insoutenable

Nous ne voulons jamais oublier que si pour certains la vie est dure, voire très dure, pour d'autres elle peut prendre des allures dramatiques.

Que penser, par exemple, d'un chiffre comme celui-là : dans les pays en voie de développement, plus d'un enfant sur dix n'atteindra pas l'âge de cinq ans ?

Quelle réalité humaine se cache derrière ce chiffre ?
Que signifie pour des parents de perdre un enfant ?
Comment traverse-t-on une expérience comme celle-là sans mourir à l'intérieur ?
A quoi se raccroche-t-on ? ...


Comment y faire face ?

Ces questions ultimes du sens de la vie m'interpellent parce que c'est bien de cela, au bout du compte, dont il est question quand nous abordons tous les enjeux de l'aide d'urgence et du développement. Et y faire face demande une certaine dose de courage.

Combien sont ceux, en effet, qui osent rencontrer ce tragique, que nous pouvons tous croiser dans nos trajectoires de vie, sans tomber dans le désespoir ou le cynisme ?


La fuite dans le confort et le divertissement

Il me semble que l'accent mis exagérément, dans nos sociétés occidentales, sur le divertissement traduit peut-être justement cette difficulté à rencontrer réellement les vraies problématiques de nos vies. Et c'est vraisemblablement la même raison qui nous empêche de rencontrer nos prochains en souffrance, à cheminer avec eux jusque dans leurs ténèbres intérieures.

C'est vrai qu'il faut avoir un sens profond de la vie pour rencontrer le monde dans lequel nous vivons. J'ajouterais, pour nous chrétiens, un sens profond de la foi au Christ ressuscité. Les choses ne sont en effet pas simples et vivre de tout son être s'avère souvent coûteux et inconfortable...

Mais une lumière traverse l'Evangile !


Suivre le Christ

Celui-ci est en effet tout entier traversé par ce tragique, présent dans chacune des rencontres de Jésus qui, Lui, ose regarder toute la réalité du monde sans la fuir.

Au milieu de la nuit, de nos nuits, le Christ nous appelle à garder la foi, à rester debout, à ne pas désespérer, parce qu'Il a vaincu le monde, sa résurrection en étant le signe ultime.

Il n'y a plus à avoir peur du réel, du monde, du mal. Certes, cela semble vite dit, mais au coeur de nos vies, dans les coins les plus reculés de nos coeurs, chacun au rythme de ses saisons, cette espérance peut faire son chemin et nous illuminer.


Quel sens donner à notre vie ?

Ce chemin de la vie n'est pas sans lutte. Mais cette lutte n'est-elle pas justement le sens de la vie ? Ne débouche-t-elle pas sur une vraie et profonde réconciliation avec la création, avec nos vies, avec Dieu ? Ne nous ouvre-t-elle pas à un nouveau rapport au monde qui nous entoure ?

Oui, devant les grandes souffrances, on peut encore rester debout, tenir dans la vie avec foi et lutter pour que la lumière brille à nouveau comme au premier jour de la création.

Peut-être êtes- vous d'accord avec moi ? Peut-être pas ?

Photo de SEL
Pasteur
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