Peut-on prêcher l'Evangile sans paroles ?
Prêcher l'Évangile sans paroles, est-ce possible?
On entend souvent dire que l'aspect non verbal de la communication est le plus important et que les actes parlent plus fort que les mots.
Quand il s'agit de faire quelque chose pour les plus pauvres, n'est-ce pas d'abord par nos actions que nous leur transmettrons l'amour de Dieu ?
UNE PRESENCE ET UNE ACTION CONCRETES, C'EST IMPORTANT ...
Dans les pays en développement (mais aussi dans les pays occidentaux !), on rencontre des situations de pauvreté, d'injustice et de détresse abjectes. Quelques exemples parmi tant d'autres :
• Des enfants passent leurs journées dans la rue, exposés à l'exploitation et à divers dangers.
• Des populations entières sont obligées de boire tous les jours une eau sale qui entraîne maladies et même décès.
• Des carences dans le domaine de l'alimentation ont des effets humainement irréversibles.
Ceux qui souffrent ont besoin d'actions concrètes et d'une présence aimante. En un sens, c'est ce que disent les Proverbes : « Beaucoup de gens proclament chacun leur bienveillance, mais un homme fidèle, qui le trouvera ? » (20.6)
Les pauvres ont besoin de rencontrer quelqu'un de fidèle qui fait le bien sans se lasser.
... MAIS CE N'EST PAS PRECHER L'EVANGILE.
Agir en faveur des pauvres :
• C'est faire preuve d'humanité.
• C'est mettre en pratique le commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
• C'est vivre de manière cohérente avec l'Évangile.
Mais ce n'est pas prêcher l'Évangile.
Si on voulait résumer l'Évangile par ces mots : « Dieu nous aime ! », alors on pourrait transmettre l'Évangile uniquement avec des actes ou par une présence aimante.
Mais est-ce la bonne façon de résumer l'Évangile ?
En réalité l'Évangile nous parle :
• De l'amour de Dieu manifesté à la croix, là où Jésus a accompli le sacrifice pour les péchés du monde par ses souffrances et par sa mort.
• De la résurrection de Jésus trois jours après, qui montre qu'il a vaincu la mort.
• De l'appel à croire en Jésus pour bénéficier du salut.
La vie de Jésus, sa mort et sa résurrection sont des événements historiques. On ne peut pas les deviner simplement en regardant les actes d'amour des chrétiens.
Pour qu'ils soient connus, il est absolument indispensable qu'à un moment ou à un autre, nous ouvrions la bouche pour les annoncer.
SAVOIR ECOUTER DIEU POUR REPONDRE A SA PAROLE.
On entend parfois : « Prêche toujours l'Évangile, et si c'est nécessaire, utilise des paroles. »
Nous venons de voir qu'il est toujours nécessaire d'utiliser des paroles si on veut prêcher l'Évangile.
Alors que faut-il faire dans le concret ?
Si on ne peut pas prêcher l'Évangile sans paroles, faut-il consacrer toute son énergie à l'annonce de l'Évangile et arrêter de mener des actions en faveur des pauvres ? Pas si vite !
Nous nous demandons parfois si le plus important, c'est de dire la Parole de Dieu ou de vivre la Parole de Dieu.
Et si on se fixait une autre priorité : écouter la Parole de Dieu.
Dans l'Évangile, on lit l'histoire de deux soeurs, Marthe et Marie dont l'une (Marie) a choisi de s'asseoir aux pieds de Jésus « et qui écoutait sa parole ».
Jésus a dit à son sujet qu'elle a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée, parce qu'une seule chose est nécessaire (voir Luc 10.38-42).
Celui qui écoute la Parole de Dieu :
- Donne la priorité à Dieu et à sa grâce.
- Apprend à faire ce qui plaît à Dieu.
- Apprend à discerner dans quelles circonstances il doit parler, ou agir, ou être présent en silence.
Ceux qui vivent dans la pauvreté ont besoin :
• Que les autres – et en particulier les chrétiens – leur apportent une présence et une action concrètes.
• Qu'on leur parle du message de la Bible.
Que Dieu nous donne de l'écouter pour voir de quelle manière nous pouvons répondre à sa Parole !
(Par Daniel Hillion : Adaptation d'un article paru dans le mensuel Nuance.)