L'enfant est une personne
Recueillir des enfants orphelins ou privés de milieu familial est la mission dans laquelle s'est investie Marthe Girard au Burkina Faso et son mari Henri. Dans son témoignage elle explique l'importance de prendre en considération l'enfant dans son ensemble physiologique et psychologique.
Découverte d'un fléau
Quand je suis arrivée à Guiè (ndlr : petit village en zone sahélienne, éloigné de tout) je ne savais pas ce que j'allais y faire. (...) C'est peu à peu que j'ai découvert ce fléau qui m'était inconnu et qui est propre au milieu rural : l'abandon d'enfants considérés comme « maudits ».
Je ne peux m'empêcher de préciser qu'il faut mettre des guillemets devant cet adjectif de malédiction, car pour moi, ils ne sont pas maudits du tout. Les enfants en question sont issus de relations interdites, considérées comme incestueuses. Ils sont généralement le fruit de parents cousins plus ou moins éloignés. Dans notre milieu, l'enfant appartient au père et, quand un enfant naît ainsi d'une union interdite, la mère remet l'enfant à son père et c'est lui qui décide de son sort. Selon la coutume, il n'est pas concevable de garder de tels enfants. Si bien qu'ils ne sont pas pris en charge de manière adéquate et meurent parfois faute de soins. (...)
Une pouponnière et un centre de réhabilitation
Un jour, quelqu'un qui habitait à une douzaine de kilomètres de Guiè est venu voir le chef du village pour lui dire qu'il y avait un enfant dont la mère était décédée. Le bébé était lui-même en train de mourir. Henri et moi avons accepté d'accueillir cet enfant. Quand j'ai vu dans quel état il était, je me suis mise à pleurer. Il pesait 2 kg à 7 mois. Je ne m'attendais pas à cela. Avant de partir, le père a précisé qu'il n'avait pas osé apporter le linceul de l'enfant... mais il était convaincu que celui-ci était condamné. Je n'ai pas dormi de la nuit. Très tôt le matin, la famille est revenue. Comme je lui avais donné à boire tout au long de la nuit, le bébé était réhydraté. Ils n'en revenaient pas... Cet enfant était considéré comme un miraculé. Aujourd'hui, il a presque 20 ans. Il a marqué pour nous le début de la pouponnière que nous avons créée par la suite.
Parallèlement à cet accueil d'enfants, j'ai créé un centre de réhabilitation nutritionnelle, où j'ai organisé des séances d'information alimentaire. (...)
Grâce à une alimentation saine et équilibrée, nous avons vu que les enfants commençaient à prendre des joues ; ils tombaient de moins en moins malades. Il arrive pourtant que des enfants meurent. C'est le plus difficile. Tu culpabilises et tu te poses mille et une questions : et si j'avais fait ci... et si j'avais fait ça... Qu'est-ce que je n'ai pas fait ? On ne s'habitue jamais à la mort d'un enfant. (...)
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