Haïti : une réfléxion théologique pour changer les mentalités

Un avant et un après 12 janvier 2010 à Haïti

Le 12 janvier 2010, Haïti fut secoué par un séisme d'une violence rare qui laissa le pays, déjà l'un des plus pauvres de la planète, dans un désarroi total.

Les secours se sont organisés, un réseau d'Ong s'est activé et les Eglises et chrétiens haïtiens se sont fortement mobilisé venir en aide aux victimes.

A cette occasion, l'Evangile a été annoncé et accueilli positivement par de nombreux Haïtiens.

3 livrets pour une remise en question

C'est dans ce contexte que des Haïtiens, théologiens, pasteurs, chrétiens engagés dans la société, etc. ont décidé de mener une réflexion théologique appliquée à la situation particulière de leur pays.

Ils ont sélectionné des thèmes qui leur paraissaient prioritaires pour en produire 3 livrets sur les thèmes suivants : la justice, l'intégrité, le leadership et la bonne gouvernance.

Ces textes représentent un effort remarquable pour faire un état des lieux sans complaisance de la situation en Haïti et pour apporter une contribution chrétienne et une réflexion biblique. L'analyse porte tant sur le présent que sur le passé et se tourne vers l'avenir.

Certaines zones de problèmes sont courageusement identifiées, par exemple : les lacunes du système judiciaire et carcéral, les violences au sein des foyers, la corruption à tous les niveaux de la société, le fatalisme, etc.

Ce projet a été mené en partenariat avec des organisations chrétiennes internationales reconnues comme Compassion, Tearfund ou le Défi Michée.

Une volonté de changement des mentalités

Au-delà des analyses de situations et des survols bibliques, ces documents préconisent un changement de mentalités et la mise en place d'un programme d'éducation pour former des « leaders » intègres. Ces livrets sont sans doute davantage un point de départ qu'un aboutissement mais ils montrent la volonté des haïtiens d'aller de l'avant. Reconstruire oui, mais différemment.

Ils sont un signe encourageant concernant la vitalité de l'Église haïtienne. On trouve dans ces ouvrages la volonté, louable en elle-même, de responsabiliser les Haïtiens devant leur situation.

Nous pouvons même nous sentir interpellés : Serions-nous capable de produire quelque chose d'équivalent pour la France ? Saurions-nous nous mettre d'accord sur une analyse de notre société et de ses faiblesses ? Accepterions-nous de reconnaître les péchés de notre pays et de nos Églises ?

Même si ces documents sont d'abord destinés aux chrétiens haïtiens, ils peuvent sans doute aussi fonctionner comme un appel au dialogue entre chrétiens de toute la francophonie. Nous avons encore besoin d'apprendre à écouter et à prendre en compte la voix des chrétiens du Sud.