Gisèle : battue, exploitée... puis sauvée !
Je m'appelle Gisèle, j'ai 17 ans, j'habite au Bénin et je sais depuis peu que Dieu m'aime ! J'ai connu des années très difficiles. Mais maintenant, je suis dans un internat, je vais à l'école : mon rêve !
Jusqu'à l'âge de 4 ou 5 ans, mes souvenirs sont très vagues. Je vivais dans mon village natal au bord de l'océan, avec mon père pêcheur, ma mère et mes trois frères et soeur.
Un matin, ma mère m'a amenée hors de mon village natal pour me placer chez sa soeur qui avrait réclamé ma garde avant ma naissance. Au Bénin, beaucoup d'enfants (appelés Vidomegon) sont placés chez leur tante ou oncle. Comme tous ces enfants, je n'ai pas eu le choix.
Solitude et mauvais traitements
Dans ma nouvelle résidence, je n'ai pas tardé à me sentir isolée...Je ne mangeais pas au même moment que les autres, devais me coucher tard et me réveiller plus tôt.
Sans que je comprenne pourquoi, les châtiments corporels sont devenus mon lot quotidien. J'ai été sauvagement battue par ma tante – qui me traitait d'incapable - et par son mari pour la moindre « faute » : pour avoir mangé un poisson, perdu de l'argent, parce que je n'étais pas revenue assez vite à la maison...
Pour me frapper, ils se servaient de tous les objets ou ustensiles qu'ils trouvaient. J'ai été souvent attachée pendant plusieurs jours aux bras et aux pieds comme un animal qu'on mène à l'abattoir.
Souvent, on me frappait pour des fautes que je n'avais pas commises. Je me souviens notamment d'une accusation pour un vol d'argent : après m'avoir coupée à la main droite, ma tante a écrasé du piment rouge sur la plaie avec satisfaction, en disant : « Tu t'en souviendras toujours et tu le montreras à tes enfants ».
Comme s'il était nécessaire de me justifier encore maintenant, il me plaît de vous clamer mon innocence : je n'avais vraiment pas pris cet argent.
Ma tante avait raison, je me souviendrai toujours de ces services : aujourd'hui, j'en garde les traces physiques, et les traces au fond de mon coeur : quand j'y pense, j'ai la gorge serrée et sèche, je me sens révoltée...Mais j'apprends à remettre toutes ces choses à Dieu pour me sentir en paix.
Les filles, des proies faciles
Dans cette même période, j'ai vécu une autre mésaventure avec un vieil homme à qui je vendais à manger dans la rue.
Profitant de ma naïveté, il m'a fait entrer dans sa chambre, où il a enlevé sa ceinture et défait son pantalon. Quand je me suis précipitée dehors, il m'a poursuivie... Heureusement, sa fille est entrée à ce moment précis dans la maison, et a ouvert le portail pour me laisser sortir.
Qu'avait-elle compris ?
Elle aussi devait être souvent victime de tels abus, tout comme d'autres filles qui pratiquent ce porte à porte, jusqu'à ce qu'elles se retrouvent enceintes ou malades.
Les parents devraient faire quelque chose pour protéger leurs filles !
Une issue hors de cet enfer
Un jour, ma grande soeur Jeannette est venue me chercher chez ma tante. Des voisins s'étaient organisés pour dénoncer ma tante à la gendarmerie.
J'ai été placée dans le Centre d'accueil Anfani* (qui signifie "bien-être) qui s'occupe d'enfants en difficulté. Et j'ai eu le bonheur de voir se réaliser mon rêve le plus beau : aller à l'école.
Après quelques mois où j'ai subi quelques moqueries à cause de mon âge - 13 ans - j'ai gagné l'amitié et le respect de mes camarades. Il faut dire que j'avais toujours les meilleures notes !
Au bout de plusieurs années de travail acharné, je suis maintenant au collège, en classe de 5e. Cela signifie que j'ai accompli 8 programmes scolaires en 5 ans de scolarité.
C'est pour moi la preuve qu'il n'est jamais trop tard.
J'y ai découvert aussi ici l'amour de Dieu pour moi.
J'ai choisi de mettre ma confiance en Lui. Cela me réussit !
* Le Centre d'accueil Anfani est l'un des projets Ticket-Repas soutenus
par les donateurs du S.E.L.
D'après un texte tiré du livre « Paroles aux jeunes » - Stop pauvreté 2015 - Défi Michée Suisse.