Serviteur à l'image de Dieu
Jésus changea l'éthique du travail pour toujours : il montra comment être serviteur à l'image de Dieu.
« Servir » est mentionné plus de 1.400 fois dans les Ecritures. A ce sujet, l'attitude de Jésus-Christ alarma et choqua même certains de ses contemporains. Aujourd'hui, ses déclarations nous sont peut-être si familières, que le tranchant de ses paroles semble s'être émoussé et que son message est parfois mal compris. J'aimerais porter un regard nouveau sur les paroles que Jésus a dites et tenter de retrouver leur force originelle.
Pour vraiment comprendre les paroles de Jésus, nous devons les remettre dans leur contexte, c'est-à-dire dans le contexte économique marqué par le commerce des esclaves de l'Empire Romain. A cette époque, la moitié de la population de Rome était des esclaves. Ceux-ci accomplissaient des tâches domestiques et les femmes faisaient même des travaux que les hommes n'auraient jamais daigné accomplir. Les soldats, les Spartiates, traitaient les paysans comme de la vermine. Ceux-ci étaient méprisés et non considérés comme des humains. La situation des classes nobles était complètement différente : plus on avait d'esclaves, plus on était noble et honorable. Les esclaves faisaient tout et les maîtres et maîtresses rien. Les esclaves apprenaient des langues et acquéraient les compétences nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches mais ce même effort n'était pas attendu de leurs maîtres.
A cette époque, la semaine avait sept jours de travail. Concernant Israël, la première nation libre au monde, Dieu parla à Moïse et introduisit le principe fondamental :
Aucun être humain n'avait eu cette idée révolutionnaire qui remonte à 1500 ans avant Jésus-Christ ; elle venait de Dieu. Le peuple d'Israël ne sortit pas de sa captivité pour mener une vie d'oisiveté et de luxe comme les maîtres païens qu'ils avaient laissés derrière eux ; ils devaient travailler. Dieu leur accorda le droit d'avoir des esclaves sur une courte période mais sa vision de base était que chacun devait travailler. Il introduisit également le concept de la 50ième année comme année de repos.
Pour montrer comment cette attitude par rapport au travail était révolutionnaire, nous avons l'exemple de l'apôtre Paul, connu des rois, mais qui ramasse un tas de broussailles pour faire un feu.
Il ne considérait pas les femmes comme de simples servantes ; elles accomplissaient leurs tâches pour Dieu au nom de Jésus – ce qui signifiait en fait que ces tâches pouvaient être également accomplies par des hommes. Dans Romains 16, il honore des femmes croyantes en les saluant et en les recommandant personnellement. C'était le christianisme à ses débuts, venant dans un monde où les femmes étaient à peine considérées comme des humains. Le christianisme était véritablement le début d'un nouvel ordre du monde.
Jésus – le serviteur des serviteurs
Au temps du Nouveau Testament, c'était une chose commune pour tout homme Juif, même pour celui qui poursuivait des études académiques, d'acquérir des compétences et un savoir-faire pratiques. L'apôtre Paul avait un métier, tout comme son ami Aquila – ils étaient des faiseurs de tentes. Jésus lui-même travailla en temps que « tekton », un terme Grec traduit généralement par charpentier mais qui pourrait également signifier artisan au sens général. Il vint des cieux sur la terre pour travailler et non pour passer son temps à paresser. Il avait le coeur d'un serviteur totalement dévoué :
Obéir signifiait aussi pour lui passer 20 ans de sa vie en travaillant comme artisan. Puis vinrent trois années de ministère, suivies d'une mort terrible mais rédemptrice. Il vint comme un serviteur parmi les serviteurs, comme le serviteur des serviteurs.
Il n'avait aucun intérêt personnel à venir. Mais le but de Jésus était différent :
« Servir » dans cette déclaration est le mot Grec « diakoneo », signifiant « travailler pour d'autres ». Jésus était un « diacre », acceptant de faire des tâches domestiques et d'être au service de son prochain. Il ne gagna rien et nous avons tout gagné. Jésus est né pour nous, a vécu pour nous, nous a enseignés, nous a guéris, est mort pour nous, est ressuscité pour nous, monta vers Dieu pour nous et reviendra pour nous. Il ne prit rien et donna tout ; Il ne reçut aucune récompense sur cette terre, excepté des meurtrissures. Bien que Dieu l'ait glorifié, ce fut simplement pour lui redonner la place qu'il avait avant de venir.
La situation désespérée des perdus
Lorsque nous parlons de la passion du Christ, nous nous référons à ses souffrances terribles et à la violence épouvantable qu'il a endurée et qui culmina dans sa mort sur la croix.
Pourtant, il y a une intensité dans ce terme qui nous rappelle que Christ était passionné pour quelque chose : la situation désespérée d'un monde perdu. Son service ne reçut aucune rémunération et lui coûta beaucoup :
L'horreur de la croix se reflète dans le:
Si le service n'exige aucun sacrifice, a-t-il vraiment de la valeur ? David dit :
Paul dit :
Paul, « servant de libation » pour ces premiers Chrétiens est un défi pour nous. Et pourtant, il suivait simplement l'exemple de son Maître, qui :
Et qui était l'incarnation parfaite du don de soi et du sacrifice désintéressé :
En louant, nous parlons de sacrifices d'adoration mais quelle part de sacrifice y a-t-il vraiment ?
Servir, c'est être partenaire avec Jésus
Aujourd'hui, le « sacrifice » n'est pas une notion très populaire – mais considérons les avantages qu'apporte le service comme Jésus l'a destiné à être. Premièrement, c'est toujours être partenaire avec lui. La vie chrétienne, c'est un service conjugué avec Christ, unique au monde. D'une certaine manière, ce que Jésus nous a enseigné sur l'humilité et le service a été dénaturé. Les gens veulent servir le Seigneur, disent-ils, mais seulement dans une certaine mesure. Cette attitude peut se justifier – tout dépend de la motivation. La jalousie s'insinue dans les tâches les plus ordinaires, lorsqu'il s'agit de choisir celui ou celle qui les accomplira. L'église devient un micro royaume, où l'on se bat pour sa position et où l'on cherche à se distinguer. Jésus, était-il ainsi ? Il ne lava pas les pieds de ses disciples pour démontrer son humilité. Il n'essaya pas d'être humble –c'était naturel pour lui. Il ne l'a certainement pas fait pour tenter de recevoir des honneurs – la réaction horrifiée de Pierre nous le montre bien ! Son attitude de coeur était authentiquement humble et il ne vit dans son acte ni humiliation, ni gloire.
Il n'y a pas longtemps, un de mes amis pasteur, racheta un bâtiment endommagé pour la réouverture d'une église. Quelques hommes vinrent lui proposer leur aide en tant que membres de son bureau. Le pasteur dit qu'il avait surtout besoin d'hommes pour l'aider à rassembler les débris, la saleté et à réparer les dégâts, et qu'il pourrait pendant ce temps se passer d'un secrétaire ou d'un trésorier. Pas un ne vint lui donner un coup de main. Dans les Ecritures au contraire, nous voyons toujours Dieu choisir ses ouvriers, parmi ceux qui sont prêts à travailler.
Jean 15 : 9-17 nous confronte avec un enseignement que nous devons vraiment comprendre. Jésus commence avec des remarques générales sur l'amour, qu'il développe par la suite.
Il transforme le devoir en affection. Puis dans le verset 13, vient la déclaration la plus fameuse qui soit et que l'on retrouve sur des monuments commémoratifs de guerre partout dans le monde :
Ces « amis » n'étaient pas des potes, une compagnie agréable ou des gens sympas rencontrés lors d'une fête. Par « amis » Jésus entendait des personnes décrites dans les Ecritures comme des gens qui se distinguaient par leur amitié, comme l'ami du roi David « Huschaï, l'Arkien ».
Et Zabud le fils de Nathan, « ministre d'état et favori du roi » (1 Roi 4 : 5). Ce genre d' «ami » était un conseiller, quelqu'un qui connaissait le roi personnellement. La Bible décrit Zabud comme un « conseiller personnel du roi ». C'était une chose très répandue de choisir un garçon qui serait élevé avec le prince, le fils du souverain. Celui-ci restait un ami très proche lorsque le prince accédait au trône et prenait les affaires du royaume en main. Cet ami restait auprès du roi et connaissait les secrets d'état. Jésus veut que ses disciples, en lui obéissant, aient ce genre « d'amitié » avec lui et ce statut.
C'était également ainsi pour le Père de Jésus. Nous lisons qu'Abraham était l'ami de Dieu qui partageait ses plans avec lui :
Moïse était également un homme qui avait ce genre de relation très proche avec Dieu :
Dieu ne cacha pas à Moïse qui Il était et ce qu'Il pensait :
Jésus partagea des secrets à ses disciples. Ils étaient au rang de ses confidents et de ses amis :
Si nous sommes ses disciples, nous connaîtrons sa pensée et nous serons en accord avec la volonté de Dieu comme Abraham et Moïse l'ont été :
Un acte d'amour
L'évangélisation est un acte d'amour pour Jésus-Christ, non une obligation biblique ou un devoir. L'évangélisation est faite par amour par ceux qui connaissent Dieu et Sa pensée et qui sont toujours prêts à accomplir Ses désirs. Certains prêchent Christ « par envie et par esprit de dispute », dit l'apôtre.
Quelle est notre motivation ?
Nous pouvons prêcher pour nous affirmer, pour nous valoriser, pour satisfaire notre ego, pour être le centre du monde, ou même, pour gagner de l'argent. Peut-être cela sert-il à nos propres fins mais, comme le bois, le foin et le chaume, cette oeuvre ne subsistera pas au feu du jugement à venir.
Si nous le faisons pour lui, en agissant comme sa voix et ses mains, avec son amour dans les yeux, nous avons déjà notre récompense – son « bien, bon et fidèle serviteur », tel un témoignage est inscrit dans nos âmes.
Concernant le passage dans l'évangile de Jean, Jésus ouvre le chemin : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » Jésus comparait ses disciples avec des héros bibliques comme Hushaï, l'ami du Roi David. Ce conseiller du roi accomplit un service avec une grande audace. Absalom, le fils de David fut rebelle, s'installa dans le palais du roi David à Jérusalem, et déclara la guerre à son père. David devait être au courant des agissements de son fils et Hushaï, l'ami de David, s'infiltra dans la chambre des conseillers, dans le bureau de guerre d'Absalom afin d'être au courant des plans du rebelle. Cet « ami » mettait sa vie en jeu pour David et il était prêt à mourir pour David s'il le fallait.
Un roi prêt à laisser sa vie pour ceux qui allaient mourir pour lui
Le Roi David devait être protégé coûte que coûte. Les chefs de son armée lui dirent de ne pas sortir sur le champ de bataille :
Cela a toujours été la même chose : des hommes se battent pour le roi et la patrie et des millions meurent pour sauver leur monarque. Hushaï était l'un des hommes d'honneur de David. Une liste dans 1 Chroniques 11 inclut Urie, qui perdit sa vie dans la bataille selon les ordres de David. Aujourd'hui des personnalités importantes emploient des gardes du corps qui sont prêts à laisser leur vie pour leur protection si c'est nécessaire.
Regardons à Jésus-Christ. Des multitudes ont donné leur vie en le servant. Il est le « plus grand des fils » de David et il fit une déclaration surprenante qui allait surpasser tout rêve : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Un roi qui laisse sa vie pour ses amis, qui meurt pour ses gardes du corps ! Les amis de Jésus étaient ses disciples – et cela nous inclut. Nous sommes peut-être appelés à mourir pour lui, mais il a donné sa vie pour sauver la nôtre.
La Bible est certainement très pratique.
Ceci serait de l'amour. Un plus grand acte d'amour encore serait de mourir pour sauver ses ennemis. Il y a eu de tels exemples, mais un roi mourant pour ceux qui auraient dû mourir pour lui, protégeant ses protecteurs – c'est une chose que jamais personne n'a entendue. Ce roi d'amour existe-t-il ?
Oui, parfaitement – c'est Jésus ! Le Roi des Rois, le Seigneur quitta son trône dans les cieux et descendit sur la terre pour mener le combat contre la mort – pour nous. Le Fils de Dieu, le Prince de gloire, mourut pour ses amis :
Dans toute l'histoire de l'humanité, il n'existe qu'une histoire comme celle-ci au monde.
L'oeuvre centrale de Dieu
Voilà ce que Jésus a enseigné. Son sacrifice désintéressé sur la croix était un acte d'une très grande signification. C'est le point central de notre foi, l'oeuvre centrale de Dieu. L'évangélisation qui ne parle pas de Golgotha peut être entendue par des oreilles mais pas par des coeurs.
Nous ne sommes pas les patrons de Jésus. Il n'est pas une cause que nous soutenons, et sûrement pas une cause charitable. Il est notre aide, notre espérance, et n'a pas besoin de notre aide. C'est un privilège d'avoir la permission de pouvoir travailler pour Lui, et d'être associé à ce qu'il fait. Il est notre défense ; nous n'avons pas besoin de le défendre. Il dit :
Il est Seigneur. Nous ne l'avons pas fait Seigneur, ne l'avons pas choisi. De même, nous ne créons pas son Royaume. Nous ne le construisons pas. Il nous a accueillis dans son royaume et nous a établis afin que « nous portions du fruit », en temps que partenaires dans son oeuvre. Il est roi et le Royaume lui appartient... et – étonnamment – il nous l'a donné :
Jamais, nous ne le couronnerons Roi des Rois. Il est déjà le roi, et il nous couronnera.
Il mérite bien plus que ce que nous pourrons jamais Lui donner. Lorsque nous avons fait tout ce qui est en notre pouvoir, nous ne pouvons rien y ajouter. Ce que nous réussissons à accomplir n'est rien, comparé à Sa grandeur. Et cependant, il nous appelle à lui tenir compagnie, à le servir comme Ses amis.