Une petite fille de la honte
Née un été en 1947 ,en Allemagne pendant la l'occupation, d'une mère allemande et d'un père pied noir, je n'étais pas désirée et peu aimée, mais aimée de mon Père céleste qui m'a donné la vie, car la venue dans ce monde était son désir.
Comme je disais: peu aimée, car pour une allemande j'étais un peu typée, yeux marron, teint mat, et cheveux très foncés. Alors, pas du tout germanique, et en plus avec des racines juives. Aussi, cette petite fille a vécu un grand rejet. Je n'ai pas connu mon père géniteur, car il est mort quand j'avais trois ans.
J'ai été très attachée à ma mère qui était très autoritaire, et à ma grand-mère, qui avait un grand coeur et qui priait tous les soirs avec moi le notre Père. C'est elle qui avait un père juif. Une femme qui avait beaucoup souffert pendant la guerre !
Ma mère s'est mariée quand j'avais 5 ans avec un allemand, et ce fut pour moi la première grande déchirure, car on m'avait pris ma mère, elle ne dormait plus avec moi. Ma vie commença à basculer. Je dérangeais, j'étais de trop !
Les week-ends, j'étais souvent placée chez des tantes, et pendant la semaine je devais être au lit déjà à 18 heures. C'est vrai que ma mère était encore très jeune, elle n'avait que 24 ans. Je suis devenue adolescente, et je pense " assez mignonne ", car mon beau-père commençait à me courir après, et ma mère devenait jalouse. Je n'avais pas le droit d'être trop bien habillée ou de me maquiller !
J'ai commencé à détester mon beau-père, car j'ai subi des attouchements sexuels que je cachais à ma mère au début. Je voulais la protéger de la douleur, et en plus elle était enceinte du premier bébé avec son mari, mais un jour elle a trouvé des cachets de somnifère que je voulais prendre pour me suicider, et là je lui ai tout avoué. Il ne m'a pas violée, car je ne me suis pas laissée faire, et je crois que je ne serais plus là. Dieu m'avait déjà protégée !
L'attitude de ma mère avait changé à cette époque-là. Elle était plus proche de moi, car elle voyait que sa fille l'aimait ! A cette époque, j'avais une très mauvaise image des hommes, et j'avais peur d'eux.
Ma mère a eu encore deux enfants : Une fille, puis un garçon que j'aime beaucoup, et c'est réciproque ! Ma mère est morte il y a 7 ans, suite à un accident, mais la famille est unie. Ils viennent souvent me voir, et par la grâce de Dieu je peux même dire que j'aime mon beau-père.
A 17 ans j'ai connu mon mari, qui était à l'époque militaire en Allemagne et qui était français. Moi, je n'ai jamais voulu me marier avec un allemand. J'ai pris confiance en ce garçon, et j'ai commencé à l'aimer. Bien sûr, il me demandait plus, je voulais refuser, mais pour ne pas le perdre j'ai accepté (dans mon coeur je savais que c'était un péché, et j'avais tellement envie de porter ma robe de mariée en étant pure et digne). Tout de suite je suis tombée enceinte, à l'âge de 18 ans, et je me suis mariée.
Je suis tombée dans une famille, qui était adultère déjà par ma belle-mère autoritaire, mais que j'aimais. Mon mari a connu beaucoup de beaux-pères, et comme moi il était rejeté. Il avait une très mauvaise image de la femme, qui était pour lui quelque part un objet, un jouet. Je suis passée par beaucoup de souffrances et de déchirures dans mon âme. Il m'a trompée, mais je savais que j'étais la femme de sa vie, car il séparait le sexe et le coeur.
J'avais peur de lui. Il était policier, et comme sa mère d'une grande autorité, le contraire de moi, mais j'ai subi. J'ai eu trois enfants magnifiques : une fille et deux garçons qui sont très proches de moi, et en plus mes fils sont convertis.
Mon mari était souvent en déplacement par son métier. Un an avant sa retraite, j'ai fait la connaissance d'une femme qui est devenue mon amie. j'avais 47 ans. Elle me parlait de Jésus. J'étais toujours croyante, mais j'ai vu qu'il y avait quelque chose de plus, que je voulais moi aussi.
Cette femme, mon amie aujourd'hui, avait été 8 ans auparavant la maîtresse de mon mari. Bien sûr, mon mari en colère faisait tout pour m'éloigner d'elle et de son église, car il voyait que c'était sérieux pour moi, et pour la première fois, je faisais quelque chose contre sa volonté !
Aujourd'hui, gloire à Dieu, elle et son mari sont nos amis, même ceux de mon mari ! Les voies de notre Dieu ne sont pas nos voies, et sa pensée n'est point la nôtre. Le Seigneur a permis que cette femme, qui avait été un jour l'amante de mon mari, m'amène au Seigneur. Cela fait maintenant 10 ans, et pour rien au monde je ne renoncerais à mon Seigneur, car il est tout pour moi.
Par mes souffrances, je peux aider beaucoup de soeurs, surtout par la compassion, et les conduire sur le chemin du pardon, car ma vie est le chemin du pardon. J'ai appris que pardonner veut dire donner par-dessus, et qu'aimer c'est un sacrifice. C'est plus qu'un sentiment, c'est une décision.
Mon mari ne marche pas encore avec moi sur ce chemin, mais je fais confiance à mon Dieu, et je crois qu'un jour il sera touché par l'amour de Son Père céleste, car il a besoin de connaître ce Père qui est aussi le sien.
Je sais que je suis aimée par mon Jésus et par mes frères et soeurs en Christ, cette merveilleuse famille de Dieu. Bientôt, nous serons tous ensemble dans la gloire de notre Dieu et Jésus notre bien-aimé.