Qui a tué Jésus ?

3 Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l'âme découragée.


Le dernier film de Mel Gibson sur la « Passion » de Christ, met en évidence le réalisme, amplifié par les moyens filmiques d'aujourd'hui, des souffrances de la croix. Ce film soulève deux questions :
 
Une au regard de l'évangile et de la passion de Christ : Est-ce servir l'évangile que de pousser à l'extrême le réalisme des souffrances de Christ ?

Une autre en relation aux juifs : La passion de Christ alimente-t-elle l'antisémitisme ?

Réveiller la conscience du croyant sur les souffrances de Christ pour le salut de tout homme ! Voilà une des raisons du réalisateur. Dans leur prédication de la croix, ni Pierre, ni Paul, ne font un usage exagéré des faits de la passion. La foi ne repose pas sur un sentimentalisme poussé à l'extrême, mais sur l'événement lui-même et sa signification : Christ est mort pour nos péchés.
Sa mort en croix pour le péché, aussi violente soit-elle, voilà ce que rappelle la prédication évangélique ; l'émotion, inévitable, qui en saisit celui qui en a la révélation suffit seule à l'établir dans cette foi : Christ est mort pour moi, pour mes péchés, il a pris sur lui ma condamnation.
La contemplation des souffrances de Christ a son utilité, mais ne doit pas occulter sa résurrection et sa gloire présente :

9 Mais celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous.


La vision céleste de Christ équilibre notre vision des souffrances de la croix.

A la question les Juifs sont-ils déicides ? Nous répondons « Non ! ». Cela a été suffisamment affirmé maintenant tant du côté Catholique que du côté Protestant. Certes, il reste des chrétiens mal informés et des théologiens attachés à des traditions anciennes par rapport aux Juifs ; et, des siècles d'une conscience négative vis-à-vis des Juifs ne s'estompent pas facilement dans la trame de la pensée religieuse.

Le Nouveau Testament, et en particulier l'apôtre Paul, sont-ils pour quelque chose dans cette théologie à fond antisémite au cours de longs siècles ? Le NT est avant tout un témoignage. Témoignage de la vie physique de Jésus-Christ ; témoignage de la formation de l'Eglise dite de Jésus-Christ ; témoignage du développement de la théologie de l'Eglise, particulièrement de l'apôtre Paul. A ce témoignage, il convient d'ajouter celui qui concerne Israël et les Juifs. Car, le NT reste immergé dans ce contexte propre à Israël. Et, ce témoignage, se doit aussi d'être objectif. La crucifixion de Jésus-Christ, un fait d'histoire certain, est le fruit de tout un ensemble d'événements : sa prédication, ses déclarations, son affirmation d'être Christ / Messie ; d'où les diverses réactions en chaînes dans les milieux du judaïsme, parmi les chefs religieux, le sanhédrin ; d'où, aussi, une hostilité montante du monde politique greco-romain qui, en définitive, accèdera à la demande des principaux chefs religieux d'Israël pour mettre à mort Jésus de Nazareth. Ceci est avant tout un témoignage d'histoire, résumé dans cette parole :

27 En effet, contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués dans cette ville avec les nations et avec les peuples d'Israël,


Ce n'est pas l'histoire qui pose problème, c'est l'interprétation qu'on en fait (qu'aurait écrit les journalistes de nos temps modernes ?)

Pour moi, et le monde évangélique, ce texte cité dit ce que la théologie de Paul va développer : c'est pour le péché que Christ est mort. Ce n'est pas un peuple particulier qui en est le responsable, mais toute l'humanité des hommes par le fait du péché. Un regard sur l'humanité et ses crimes, suffit à en prendre la mesure au travers des siècles et de nos jours. Il y a un mal profond dans l'humanité.
Associer la responsabilité de la mort de Jésus aux seuls Juifs c'est mal interpréter l'histoire de ce drame. Tous les prophètes d'Israël ont parlé et repris le peuple pour son péché ; tous les prophètes des nations ont fait de même envers leurs peuples. Interpréter l'événement Jésus-Christ ! C'est ici que paraît une théologie chrétienne qui, en se focalisant sur les seuls Juifs, s'est éloigné de son sens ultime qui concerne tous les hommes.

La repentance est à prêcher à tous les hommes, afin que se réalise la prophétie messianique : « Je leur donnerai un coeur nouveau, je mettrai en eux un esprit nouveau ». C'est une transformation de la mentalité des hommes que le judaïsme, à sa manière, et le christianisme, avec son évangile, tendent ensemble à rechercher pour tous.

Un peuple déicide est un peuple qui a tué Dieu ! Ce n'est pas Dieu qui est tué en Jésus, c'est le péché qui est condamné comme tel, le péché de tout homme. Je partage le sentiment de ce théologien qui disait : « C'est un grand malheur d'avoir appris le catéchisme contre quelqu'un » (en parlant des Juifs). L'évangile n'a pas pour but de dresser des croyants contre un peuple, Israël ; bien au contraire, bien compris, l'évangile conduit à aimer le peuple dont est issu Jésus selon la chair.
Rester vigilant est indispensable, tout ce qui sert à faire ressurgir les idées erronées d'hier se doit d'être désapprouvé. L'Ecriture nous invite à une « Foi saine », vivez de cette foi et vous aimerez Jésus-Christ comme Israël le peuple de l'élection.

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