Manou... Un Rappeur Hors Norme

Victoire : Emmanuel Bolomik, on te connaît davantage sous le pseudo de Manou, est-ce simplement le diminutif d'Emmanuel ou plus que cela ?

Manou : C'est simplement le diminutif d'Emmanuel. C'est le nom qu'on m'a donné depuis que je suis tout petit. Ce n'est pas un nom d'artiste.

Victoire : Quand t'es tu vraiment intéressé à Dieu ?

Manou : J'avais 16 ans quand on m'a parlé de Dieu et je me suis converti à 17 ans. Depuis je suis le Seigneur.

Victoire : La francophonie te connaît bien maintenant, en tant que rappeur chantant sa foi, mais derrière il y a un autre homme, est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Manou : L'artiste, c'est la forme visible de l'iceberg. Mais, Manou c'est aussi un pasteur stagiaire qui se forme au service de Dieu, parce que bien au-delà de la musique, il existe des personnes qui ont besoin qu'on s'occupe d'elles, de l'amour de Christ et du salut en Jésus Christ.

Victoire : Est-ce que tu peux nous dire comment tu as reçu l'appel pastoral ?

Manou : Dès que je me suis converti, j'ai arrêté le rap. J'ai vécu un choc, c'était vraiment puissant, l'amour de Dieu qui embrasait mon coeur, me remplissait, et j'ai arrêté toute activité. Je me suis consacré à connaître Jésus, à lire la parole, à être imprégné de Dieu. Des mois et des mois sont passés et au fil des mois, je demandais : mais Seigneur qu'est ce que je peux faire pour toi ?

Et un jour le Seigneur m'a parlé, il m'a appelé au ministère, c'est la voix de Dieu qui a retenti dans mon coeur. Fort de cet appel, je savais que ce n'était pas pour de suite. Pour quelqu'un qui a six mois de conversion ça paraît vraiment loin et je me suis dit : en attendant, je vais à nouveau chausser les crampons du Rap. Pas pour prôner des choses malsaines mais pour prôner la parole de Dieu. Je me suis dit : mes premières prédications vont être des raps ! J'ai pris ma plume pour commencer à prêcher au travers du RAP.

Au travers des sorties d'évangélisation- même au travers de l'album- j'ai vu un effet dans les coeurs et dans les vies. De plus en plus maintenant, je fais la part des choses, j'apprends à écouter les gens, à travailler dans le ministère pastoral, à être serviteur. Le rap, c'est un outil quoi, voilà. Je fais la louange à l'église, la prédication .Mais j'aime aussi la musique. Entre la prédication, la musique il y a le rap, c'est une prédication musicale.

Victoire : Tu as répondu en fait que tu te sens plus pasteur que rappeur...

Manou : Rappeur, ça fait artiste, ça ne donne pas l'impact que je veux donner à ma vie. Avoir des paroles qui arrivent comme une source d'eau pour quelqu'un qui a soif. C'est plus que des paroles, c'est ma vie que je livre en la mettant par écrit. Je donne tout ce que j'ai. Après, s'occuper des personnes , rendre visite aux gens, les aimer, prier avec eux, penser à eux, avoir des tripes pour les personnes qui souffrent, c'est au-delà de la musique. La musique c'est vraiment une façade.

Victoire : On sait que tu sillonnes les routes de France pour différents concerts. Tu as peut être été le témoin d'actions de Dieu, lors de concerts,de temps de louange ou quand tu as été invité dans les églises, il y en a une qui t'as marqué particulièrement ?

Manou : Oui j'ai vécu des expériences puissantes. Quand tu t'approches des hommes, si tu les aimes, Dieu te donne des paroles pour eux ; des paroles précises qui viennent de la part de Dieu et quand tu dis ces paroles, ça a un impact dans les coeurs et dans les vies puissamment.

J'ai remarqué cela : c'est l'amour qu'on a pour les autres qui est capable de changer le monde. Je suis allé à Toulouse pour un concert d'évangélisation. Pendant mes concerts d'évangélisation, vers le milieu, je donne l'opportunité à ceux qui ont entendu mes raps et le message au travers du rap, de rencontrer Christ. Comme c'est un concert, je leur demande de s'avancer au devant de la scène et de dire : je veux que tu pries pour moi, je voudrais que Christ devienne mon Seigneur et mon Sauveur.

Je fais cet appel là. Et ce jour là, j'ai fait l'appel comme d'habitude et des gens sont venus. J'ai fait l'appel, j'ai dit : qui veut donner sa vie à Jésus ? Tu veux donner ta vie à Jésus ? Tu sors de l'anonymat, tu quittes les rangs et tu viens ici devant et tu dis : je donne ma vie au Seigneur. J'ai dit -au bout de 5 minutes- il y a personne ici ? Et après un gars est sorti du balcon. Il est descendu, il a dit : moi ! Je donne ma vie à Jésus. Une autre fille a dit : moi ! Je donne ma vie à Jésus et les gens se sont avancés.

On a prié pour eux avec les autres pasteurs, croyant que c'était la fin, et là j'entends une voix dans mon coeur qui me dit : continue ! Il y a quelqu'un qui doit être sauvé aujourd'hui et c'est le dernier jour. Tout le monde savait que c'était fini, que j'allai continuer le concert, et là j'ai continué l'appel, dans ma tête j'avais comme en vision une jeune fille et je continue, je continue, on peut pas continuer le concert ! Il y a quelqu'un qui peut être sauvé, et au bout de quelques minutes il y a une jeune fille qui s'avance et je dis : merci Seigneur ! Là je vois deux personnes s'approcher en réponse à ce que Dieu avait mis dans mon coeur.

Je crois que c'est terminé mais la voix continue : c'est pas eux ! Il y a quelqu'un qui doit être sauvé. Ca faisait déjà 15-20 mn, celle qui était au piano me regardait ainsi que ceux qui étaient venus avec moi, je comprenais plus rien, l'église qui avait fait le concert ne comprenait plus rien, ils avaient vu pleins d'inconvertis, les conseillers priaient pour eux et ils ne comprenaient pas que je continue encore.

C'était vraiment hors de moi. C'est pas possible, il faut que je m'arrête, et le Seigneur me parle, il me dit : c'est moi qui t'appelle, fais ce que je te dis. Tu continues ! Et je n'ai pas pu m'arrêter. Au bout d'un temps, le Seigneur me dit : tais toi, arrête de parler. Je me suis tû. Une minute, deux minutes...ça me paraissait être des heures . Puis je vois une fille qui se lève de son rang en pleurant, et qui se jette par terre.

Le Seigneur me dit : c'est elle ! Elle se met à pleurer, à pleurer à chaudes larmes, à confesser ses péchés. Le Seigneur me dit : c'est pour elle que tu es venu. Et moi j'étais là, je la regardais, je me disais : c'est pas possible ! C'est une des expériences.

Une autre : un jour, j'étais allé en Suisse, j'ai fait un concert et comme d'habitude, je fais toujours mon appel. Le moment de l'appel arrivait à sa fin et là c'était puissant, ce n'était pas une voix, c'était puissant. Au bout d'un moment, j'ai vraiment été saisi, et là Dieu me montre un jeune homme dans la foule. Je lui dis : tu t'appelles comment ? Et il me donne son prénom. Là, j'ai un don de prophétie pour la personne, mon cerveau n'avait pas le temps de réfléchir, d'analyser.

Même aujourd'hui, je ne me souviens même plus complètement de ce que je lui ai dit, et là le gars il se met à pleurer. A la fin du concert, le gars vient me voir.

Il me dit : je t'enverrai un mail cette semaine pour te dire qui je suis. Le gars m'a envoyé un mail et il me dit : tu vois, j'ai essayé plein de choses dans ma vie, j'était un footballeur. J'étais bien orgueilleux, je croyais que tout allait marcher. J'ai fait les tests au Réal de Madrid, j'ai joué au foot et là rien n'a marché.

Je suis revenu en Suisse, j'ai commencé le foot et rien n'a marché J'ai fait les tests en France... je suis revenu en Suisse, J'avais un peu accroché avec la foi, mais là j'étais vraiment au plus bas. Un jour, je ne savais pas quoi faire, je suis entré dans une librairie chrétienne et j'ai vu ton album, je l'ai acheté. J'ai vraiment été touché par les paroles, et après j'ai appris que tu venais en concert par hasard.

Je venais pour que Dieu donne une parole vraie et claire, je venais pour entendre les choses, pour que Dieu me parle. Je me suis mis au milieu de la foule et tu t'es arrêté, tu m'as pointé du doigt devant toute la foule, tu m'as demandé mon prénom et tu as dit tout ce que ma vie était.

Ce gars vivait avec une fille. Il s'est converti, il a accroché avec l'église. Il m'a dit : qu'est ce que je dois faire ? Je lui ai dit : tu rentres dans l'église, tu deviens serviteur à l'église tu prends vraiment ton temps, tu sers avec les pasteurs et toute l'église, tu viens à l'église au groupe de jeunesse, tu viens tous les dimanches à toutes les réunions,... et il l'a fait ! Sa copine était inconvertie, elle a refusé de se donner au Seigneur : il a laché cette fille, il l'a mise de côté pour servir Dieu. Ce gars est converti.

Ce sont ces témoignages qui me donnent la force- comme les jeunes disent : ça me donne la patate- pour reprendre mon stylo et écrire pour le Seigneur. C'est un réconfort pour moi parce que je n'aurais pas pu supporter qu'on me prenne pour un rappeur simplement, je n'aurais pas pu accepté d'être simplement un artiste. Je voulais littéralement- vraiment sans orgueil- que Dieu me donne des paroles pour changer les coeurs.

Parfois il m'arrive des choses quand je les écris. Quand je suis venu ici, j'ai écris une chanson en 45 minutes. J'ai écrit 80% de la chanson parce que les idées fusent dans ma tête, parce que mon seul but c'est de voir une âme qui passe de la vie à la mort. C'est comme un feu qui brûle en moi, un feu qui me dévore.

Victoire : Tu es avec Lorine, et vous êtes passé sur France 2 dans l'émission de Jean-Luc Delarue. Comment as-tu vécu cette expérience et cela a-t-il provoqué un impact particulier dans ton ministère ?

Manou : Oui parce qu'au bout d'un moment, on a besoin que les portes s'ouvrent de plus en plus pour mieux travailler et toucher plus de personnes.Ca faisait des années que je regardais des émissions. Il m'arrivait de pleurer de ne pas voir des chrétiens dans une émission.Je priais et c'était des prières profondes.

On a un moment de prière le mardi, à 6h45 le matin, pour le pays, pour la France, pour les médias, pour les hommes politiques, pour tout ce qui est journaux, pour tout ce qui est marche de l'église, tout ce qui est impact auprès de la jeunesse. On se retrouve à 20,30,40 dans la prière, tous les mardis et on prie pour ces choses.

Les médias, c'était vraiment quelque chose de fort sur mon coeur. Quand Dieu m'a appelé au ministère, il m'a dit : c'est moi qui ferai de toi un serviteur, c'est moi qui te ferai connaître. Il y a une chrétienne qui allait sur internet. Elle a vu Jean Luc Delarue, appel à témoin : mariage, religion, et la fille a vu ma tête en vision.

J'ai négligé cela mais quand j'ai eu la journaliste au téléphone, on est resté une heure au téléphone. Par rapport à la foi, par rapport au fait que j'allai me marier, elle avait jamais vu ça : pasteur, rappeur, il va se marier... elle a appelé ma femme, et ma femme lui dit : non, on ne couche pas ensemble avant le mariage, on est resté purs, cela fait 2 ans et demi qu'on se connaît... elle a cru qu'elle devenait folle.

Trois jours après, elle était à Pau. Elle a fait ce qu'on appelle un repérage. Elle est venue prendre des infos, puis elle est remontée sur Paris. Une semaine après, elle nous appelle : vous faites l'émission ! Elle est venue à Pau 5 fois. Trois ou 4 fois pour filmer le mariage, c'était éprouvant pour nous. C'était éprouvant parce que tu sais que tu vas rendre témoignage devant des millions de français et tu fais tout pour ne pas détériorer l'image de Christ et changer l'image qu'on a des églises évangéliques, cette fausse image !

Il fallait montrer cette image de l'église qui s'ouvre au monde, de ce Jésus qui est capable d'agir dans le coeur des français, de ce Jésus qui n'est pas connu correctement et qui mériterait plus d'attention dans nos débats, dans nos journaux. J'avais peur de déraper sur un mot, sur une phrase. J'ai vraiment vu la main de Dieu même à l'enregistrement à Paris, même à la diffusion parce que quand tu enregistres, tu ne contrôles pas l'image que les gens ont de l'émission. Dieu a même contrôlé cela.

Les inconvertis nous disaient : de tout le monde, vous paraissez les plus normaux, Dieu conduisait toute chose. C'était vraiment extraordinaire. J'avais aussi peur de perdre quelque chose par rapport à cette émission, parce que ça peut relativement te faire avoir une image de star dans le monde chrétien et pour la jeunesse, ce n'est pas bon. Il n'est pas bon que la jeunesse ait des gens comme des stars.

J'avais peur que ça me coupe du contact que j'ai avec les jeunes. Après les concerts, on reste ensemble, on parle, on prie, je discute avec les jeunes, je leur montre ce que je suis maintenant, que c'est largement à leur portée, qu'ils peuvent développé leur talents ...J'ai eu peur que ça me coupe un peu mais non, c'est l'inverse qui s'est produit.

Victoire : Quels sont tes projets à court et à long terme ?

Manou : A court terme. Dans l'assemblée à Pau, je m'occupe des ados. Il y a quelques temps on était 12, 13, on est 30 maintenant. Il y a 8 animateurs, 2 responsables - je suis moi-même responsable-. Notre but est de faire la transition entre des ados qui viennent de l'école du dimanche, des ados qui viennent de l'extérieur pour leur permettre de se convertir et de passer dans le groupe de jeunes pour servir le Seigneur.

L'adolescence, c'est l'âge où l'on a des idoles (des chanteuses...), quand on est ados on choisit sa vie quelque part. Mon but c'est de gagner les ados au Seigneur. Mon projet, redynamiser encore le groupe d'ados. Quand je vais en concert, la première tranche de population que je regarde c'est les ados. Mon but c'est de motiver les français, les jeunes dans nos églises, qu'ils n'aient pas honte !

A long terme. C'est rentrer pleinement dans la nouvelle assemblée qu'on construit, une assemblée de 1400 places. Il faut la remplir, on n'est que 480 au culte, et de 480 à 1400 il faut un miracle et il faut vraiment du travail. J'aimerais être présent et voir ce que Dieu va faire.

Victoire : Quel est ton souhait pour la France ?

Manou : Mon premier souhait est que l'image que l'homme de la rue a de Jésus et des églises évangéliques change. L'image de Jésus. Tout dans ce monde passe par l'image. La façon dont on voit les choses et les mentalités. Faire changer l'image d'un Dieu mort qui n'agit plus, qui ne peut plus rien pour des gens qui se suicident, qui ne peut plus rien pour des gens qui sont mal dans leur peau, qui ne peut plus rien pour les problèmes quotidiens des français.

Un dieu incapable, un Dieu loin. Leur montrer que Dieu agit en ce monde, que Dieu est présent , ce Dieu peut toucher leur vie, peut changer leur coeur, ce Dieu peut rentrer dans leur quotidien, ce Dieu peut leur donner la vie éternelle. Que ce Dieu existe et que c'est pas une histoire.

Victoire : Quel est ton sport préféré ?

Manou : Naturellement le foot, en deuxième il y a un peu le basket, mais c'est vraiment le foot.

Victoire : Ton rêve ?

Manou : Avoir un grand meeting à Paris, un stade de France rempli par les chrétiens et chanter un bon chant avec tous les chrétiens qui reprenne le nom de Jésus. Faire une célébration avec les chrétiens au stade de France. C'est mon rêve, On va y arriver.

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