Le punk devient prédicateur

Jean-Michel Sanchez raconte comment de punk violent il est devenu prédicateur de l'évangile.

Aussi loin que je puisse m'en souvenir, c'était la violence qui m'animait. Même petit au CM1, j'avais des gars qui me poursuivaient et avec lesquels je me battais.

Pendant la préadolescence, j'ai traîné avec des gars pas très clairs, cela jusqu'au jour où j'ai rencontré des punks avec lesquels je me suis lié d'amitiés. Au début le groupe était assez marginal mais sans grande influence car on était 4-5, mais rapidement d'autres punks ont entendu parler de la bande et ensuite c'est devenu un gang assez conséquent. On traînait dans un village de la banlieue de Toulouse.

Nos journées étaient faites de drogue, de bagarres, de vols, mais rapidement on a franchi un autre cap, puisque des gars du milieu toulousain sont venus tourner autour de nous et on s'est retrouvé avec d'autres gangs. Ma vie se résumait à : violence, drogue, bagarres avec les gangs.
Jusqu'au jour où déambulant avec mon gang, j'ai croisé un gars qui m'a reconnu. Il avait été à l'école avec moi, et lui c'était un jeune chrétien. Lorsqu'il m'a vu avec la crête sur la tête, une crête de 12cm, couleur fluo, les chaînes cloutées, il est rentré chez lui et a prié pour moi. Il demanda à Dieu de l'aider à sortir Jean-Michel de là.

Il a été courageux, car il s'est renseigné pour savoir où se trouvait notre squat, où on passait nos soirées. Et lorsqu'il a trouvé le squat, il a pris son courage à deux mains et il est venu nous retrouver là. Il a réussi à rentrer dans le squat et à venir jusqu'à moi, chose invraisemblable.
Sans dire un mot il s'est assis, et pendant plusieurs jours il est venu s'asseoir et reprendre contact, faire en sorte que les gars de la bande s'habituent à lui, et un jour il m'a parlé. Il m'a dit que la vie ce n'était pas ça, il pouvait y avoir autre chose que la violence, la bagarre, etc...
Et il a fait quelque chose que personne n'avait jamais fait pour moi : il m'a invité à manger chez lui ! J'ai pris cela comme un challenge, car je pensais que jamais ses parents ne me laisseraient rentrer chez eux, à cause de la crainte et avec un revolver à la ceinture.

Le jour J, lorsque je suis arrivé à la porte de la maison. Sa mère m'a accueilli avec le sourire, elle m'a fait rentrer et mon regard s'est porté sur la cuisine, car la table était déjà mise. J'ai compté le nombre de couverts qu'il y avait ; je voulais savoir s'ils m'avaient compté ou pas. Je me suis vraiment bien senti avec eux. Il n'y a pas eu une seule allusion à ma crête, à mon revolver, à ma vie. Bien au contraire car lors du départ toute la famille m'a invité à revenir quand je voulais.
Cela s'est produit. Ce jeune homme, Thierry, a gardé contact avec moi, et régulièrement lorsque j'en avais marre de la vie que je menais, je me retrouvais chez eux, et pour moi c'était vraiment un havre de paix.

Grimaces au culte

Un samedi soir ils m'ont gardé à dormir. Le lendemain matin Thierry est venu me réveiller pour me dire : « lève-toi, on va à l'église ». Pour moi cela ne voulait rien dire, je ne savais même pas ce qu'était une église. Après avoir râlé un peu mais devant leur insistance, je me suis dit : « Puisqu'ils veulent m'avoir dans leur église, ils vont m'avoir... »

Alors j'ai fait ma crête, je me suis maquillé, j'ai mis mon revolver à la ceinture, et nous sommes partis.
Une fois arrivés à l'église, j'ai attendu que tout le monde soit assis et je suis allé m'asseoir devant. J'ai passé le culte à faire des grimaces, à regarder les gens méchamment, à faire peur. Mais après le culte, les gens me souriaient, certains sont venus me saluer, et j'ai vraiment senti la paix dans ce lieu. Mais cela n'a rien changé à ma vie au départ, et je suis retourné à ma vie habituelle.

Quelque temps plus tard, Thierry est venu me voir pour m'inviter à un rassemblement chrétien. Il a insisté et j'y suis allé. Mais en fait, je n'ai pas mis les pieds à ce rassemblement : j'ai passé ma journée au bar qui était proche du gymnase qui accueillait le rassemblement.

A 17H30 nous avions rendez vous pour repartir, et là j'ai remarqué une petite mamie -toute petite- qui me fixait attentivement. On me regardait souvent, avec mon look ce n'était pas rare, mais cette petite mamie me regardait différemment. Elle me fit signe de m'approcher vers elle.

Lorsque je suis arrivé prés d'elle, elle commença à me parler, et je ne pouvais pas faire autrement qu'écouter car elle me parlait avec une telle autorité et elle me dit : « Jeune homme je ne vous connais pas, je suis une chrétienne qui assistait au rassemblement et Dieu m'a parlé, il m'a montré votre visage en vision, et Jésus m'a dit de vous dire quelque chose : « Jésus vous aime et il va faire de vous un serviteur. »

Ses paroles ont transpercé mon coeur. Pourtant dans mon coeur j'avais érigé une muraille de protection. Et cette mamie rajouta : « Je ne vais certainement plus vous revoir, mais je suis tellement sûre de ce que je vous dis que je vais vous laisser un présent que vous allez toujours garder avec vous, et le jour où cela arrivera il vous rappellera que Jésus vous avait dit cela. En fouillant dans ses poches elle sortit une petite souris en plastique.

J'ai tellement ressenti un incroyable amour dans mon coeur et j'étais tellement submergé par les paroles de cette petite mamie, que j'ai pris cette petite souris. Ensuite je me suis éloigné, je me suis mis sous des escaliers et là j'ai pleuré, et pleuré encore.

Malgré tout, j'ai repris mon rythme et rien n'a changé. Je suis retourné avec mon gang. C'est la violence qui m'animait, je ne pouvais pas aller quelque part sans être violent, soit en parole, en geste, en actes, et bien sûr j'étais détesté par tous les gens qui me connaissaient. Ils m'évitaient, et ils allaient voir Lydie, celle qui est ma femme maintenant, pour l'avertir de ne pas rester avec un gars comme moi.
Un soir, un gars de mon gang est allé en boite de nuit tout seul et il s'est fait frappé par un autre gang. Nous avions donc décidé, de monter une expédition punitive la semaine suivante, pour tout casser dans la boite et se venger.

Nous voilà partis, nous étions une dizaine de punk bien armés, et sur le trajet un épais brouillard est venu d'un seul coup. C'était un brouillard qui nous occultait véritablement la route, on roulait à très petite vitesse, le passager la tête dehors pour diriger un peu le véhicule. Puis à un moment nous avons vu un chemin sur le côté de la route, nous l'avons emprunté et il nous a conduit à une maison. On s'est dit que puisqu'on ne peut pas aller jusqu'à la boite de nuit, on va frapper à la porte de cette maison et on verra bien.

Dix punks, armés, devant la porte !

Imaginez dix punks maquillés, armés, devant la porte ! Là une femme vient ouvrir, et au lieu d'être apeurée, elle esquisse un petit sourire et nous invite à rentrer en nous souhaitant la bienvenue. Elle nous fait rentrer dans la salle à manger, nous fait asseoir, et nous sommes stupéfaits ! Elle nous propose à boire, et après quelques minutes on entend sonner à la porte. Elle va ouvrir, et la seule phrase que l'on entend c'est : « bienvenue pasteur. » En fait, on était chez des chrétiens qui attendaient la venue de leur pasteur, et quand on a frappé à la porte de cette maison elle s'est dit que c'était Dieu qui envoyait ces jeunes.

On a commencé à discuter des choses de Dieu et à lui poser des tas de question. On était deux à avoir été touchés dans notre coeur par les paroles du pasteur, surtout que pour ma part, je me rappelais des paroles que la mamie m'avait dites, et j'avais toujours sur moi la petite souris qu'elle m'avait donnée.

Malgré toute la difficulté -j'étais avec le gang et je ne voulais pas trop laisser paraître mes sentiments intérieurs- à partir de ce moment-là j'ai commencé à aller un peu à l'église. Dans mon coeur il y avait un travail qui était en train de se faire.

Un jour j'étais tellement travaillé que je me suis dit : « Il faut que j'essaye ». Alors, je me suis rendu au squat de ma bande, et ma décision était de leur dire que maintenant j'arrêtais cette vie. Il y avait là tout le gang et ma copine. Mais j'avais tellement la trouille, que la seule chose que j'ai pu leur dire c'est : « Les gars je suis mort » Ils ont pensé que je m'étais pris un coup de couteau, et ils me regardaient...J'avais le coeur qui battait à 100 à l'heure, et une peur phénoménale.

Puis je leur dis : « Voilà les gars, j'arrête tout, je laisse tout tomber, je change de vie, je donne ma vie à Jésus »
Après avoir dit cela, ils m'ont insulté, ils m'ont traité de tout. Je ne pouvais plus rester. Je suis retourné chez mes parents, et là j'ai pensé : « Maintenant il faut que tu existes Seigneur ! Car si tu n'existes pas je suis mort ! »

Je suis rentré dans ma chambre, je me suis entièrement dévêtu car je voulais ôter tout ce qui pouvait encore représenter ma vie passée, et j'ai crié à Dieu, mais véritablement crié, en lui demandant de changer ma vie maintenant. Je suis retourné à l'église, j'ai rasé ma crête, j'ai mis ma vie en règle... il a fait de véritables miracles en moi, dans ma vie.

Quelque temps après, Dieu m'a parlé clairement en me disant que j'allais devenir son serviteur, et là j'ai sorti de ma poche la petite souris, je me suis rappelé de tout le déroulement de ces derniers temps.

Toute ma jeunesse avait été détruite à cause de la violence, que ce soit à l'école, dans ma famille, chez des amis ou ailleurs. Et Dieu a véritablement changé et transformé ces choses-là.

Aujourd'hui cela fait 19 ans que je le suis et que je le sers. Jésus change et transforme encore les vies aujourd'hui.

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