Je me sentais bafouée et humiliée
"Quand un malheureux crie, l'Éternel l'entend, et Il le sauve de toutes ses détresses". Psaume 34 :7.
Lorsque j'étais enfant, je ne savais pas ce que c'était qu'une vie de famille. Mes parents m'avaient donné à mes grands-parents, parce qu'eux voulaient vivre leur vie, gagner de l'argent, s'installer. Je ne les voyais que très rarement. Les connaissant à peine, ils étaient pour moi comme des étrangers.
J'enviais les autres enfants, qui avaient une maman et un papa qui venaient les chercher â la sortie de l'école, et les aidaient â faire leurs devoirs. Je devais me débrouiller seule, et je n'avais personne qui venait ma défendre lorsque des camarades ma faisaient du mal.
Ma grand-mère m'aimait à sa manière, mais c'était une vie cloîtrée à la maison qu'elle m'offrait, sans pouvoir sortir m'amuser avec d'autres enfants. Ce fut aussi une vie de misère. Elle-même ne sortait jamais, car elle s'adonnait à la boisson. Cette femme passive, déjà âgée, ne pouvait pas non plus jouer avec la petite fille que j'étais. Je lui faisais les courses, marchant 1 km pour arriver au magasin le plus proche.
Nous vivions pauvrement. dans une vieille maison un peu délabrée, sans sanitaire. Mes parents ne l'aidaient pas financièrement pour subvenir à mes besoins.
A l'âge de 8 ans, ce fut encore une séparation affective d'avec ma grand-mère. Très malade, elle fut transportée â l'hôpital. Mes parents n'avaient plus le choix, ils durent me reprendre avec eux. Ce fut une vie encore plus difficile qui commença pour moi. Je dus quitter la campagne pour aller habiter en ville. Ma petite soeur de 1 an vint me rejoindre. Malheureusement, nous ne nous connaissions pas. Nous n'avions pas grandi ensemble, elle fut élevée par les grands-parents maternels à 150 km de chez moi.
Nous avions peur de nos parents. Nous vivions dans une atmosphère froide et sans tendresse, faite de punitions que nous avions du mal à comprendre. Notre père élevait souvent le ton sans raison, il lui arrivait aussi de frapper surtout ma petite soeur. Lorsqu'il était à la maison, il nous terrorisait. Ma mère travaillait, nous nous débrouillions toutes seules, faisant souvent nous-mêmes à manger. Comme il m'arrivait aussi d'envier mes camarades de classe ! Leur maman leur préparait leur petit-déjeuner. Mon père rentrait parfois tard dans la nuit, et il lui arrivait de venir nous tirer du sommeil et de se mettre en colère. Ma mère ne prenait pas notre défense, ou alors c'étaient des scènes effroyables en notre présence : ils se frappaient tous les deux. Parfois, je me demandais pourquoi mon père était ainsi, pourquoi cette mère ne nous prenait jamais dans ses bras et semblait indifférente à nos besoins. Les enfants de 7 et 8 ans que nous étions ne comprenaient pas grand-chose à cette situation.
Mais arrivée dans l'adolescence, je dus réaliser que mon père s'était mis à boire très jeune. Son état empirait, parfois il n'y avait pas une heure dans la journée où il était à jeun. Il était devenu un homme oisif qui ne travaillait plus depuis l'âge de 30 ans.
En grandissant, je n'acceptais plus d'être reprise par ma mère. Il m'arrivait de lui dire : "Tu ne m'as pas élevée, tu ne t'es pas occupée de moi, pourquoi veux-tu me dicter ma conduite?" Je ne faisais qu'agrandir sa haine envers moi. Plus tard, je compris qu'inconsciemment elle me rendait responsable de sa vie malheureuse avec mon père. (Mes parents se sont mariés 2 mois avant ma naissance.)
J'eus la chance d'arriver au Lycée. Je ne voyais plus qu'une solution pour quitter ce milieu terrible, c'était de travailler dur en classe, malgré ma situation famIliale tragique, afin d'avoir un métier et de gagner ma vie. Mais y arriverais-je? Il me restait encore des années d'études devant moi. Ma mère coupait parfois le courant de ma chambre, je ne pouvais pas toujours faire mon travail scolaire.
Mon père faisait de plus en plus de pressions sur moi, me reprochant de manger à sa table, et me disant que je n'avais qu'à "ficher le camp". Il ne voulait plus me voir, puisque maintenant j'avais 18 ans, et que par conséquent j'étais majeure. La situation se compliquait de plus en plus. Ma mère me frappait pour un oui et pour un non. Je me sentais bafouée, humiliée, perdant toute raison de vivre, il me semblait que je n'avais même pas le droit d'exister.
Un jour, alors qu'elle s'acharnait tellement sur moi, me prenant par les cheveux, me jetant contre les murs, je ne tenais plus, je croyais qu'elle allait me tuer. Je dus m'enfuir dans ma chambre et m'enfermer. Là, je pleurais tout ce que je pouvais. J'étais réduite à l'extrême, au point que je n'arrivais plus qu'à crier : "Jésus. Jésus!". A ce moment, une grande paix vint sur moi, une présence consolante qui me redonnait espoir. Je ne connaissais pas encore le Seigneur, mais au fond de mon coeur je pensais: "S'il existe un Dieu, peut-être pourra-t-Il m'aider." Ce que je ne savais pas encore, c'est que ma camarade de classe, qui était assise à coté de moi, était une chrétienne engagée, qui priait pour moi sans connaître mes problèmes. C'était une jeune fille qui rayonnait de paix et de joie, c'était un honneur pour moi d'être assise à côté d'elle.
Ce qui se passa ensuite dans ma vie fut vraiment la réponse au cri que j'avais adressé au Seigneur. "Quand un malheureux crie, l'Éternel l'entend, et Il le sauve de toutes ses détresses". Psaume 34 :7.
Dieu prenait ma vie en main, et conduisait les choses, sans que je Le connaisse déjà personnellement. Je suis allée dans un service social, expliquant que mes parents ne voulaient plus de moi et me maltraitaient. Ils firent une enquête sur ma famille. Le lendemain je pus quitter la maison de mes parents, et je fus placée dans un foyer de l'Armée du salut. Je me suis sentie complètement abandonnée au milieu de toutes ces autres jeunes filles à problèmes.
Mais Dieu veillait comme un tendre Père, Plus tard, le Seigneur me consola par ces Paroles que je croyais presque écrites seulement pour moi : "Car mon père et ma mère m'abandonnent. mais l'Eternel me recueillera." Psaume 27 :10.
"Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l'oublierait, moi je ne l'oublierais point." Ésaïe 49 :16.
Mes professeurs en classe connaissant ma situation s'occupèrent de moi, m'invitant en vacances dans leur famine. Ma camarade chrétienne m'invitait souvent chez des amis chrétiens et dans leur famille à Zurich. Je découvris un monde nouveau que je ne connaissais pas, des familles unies, heureuses, des gens pleins da joie et d'enthousiasme qui me redonnèrent goût à la vie. Tous ces nouveaux frères et soeurs m'aimaient, et pleurèrent même avec moi. Moi qui croyais que plus personne ne m'aimait, je voyais qu'il y avait du vrai chez les chrétiens. Au début, je n'arrivais même pas à recevoir leur affection. N'ayant pas vraiment été aimée dans ma famille, j'avais du mal à recevoir tout d'un coup tellement d'attention.
Je crus d'abord trouver la réponse à mes problèmes dans la psychologie et la philosophie dans laquelle nous étions plongés en classe. Mais très vite je me rendis compte que mes problèmes ne faisaient qu'empirer face aux explications des troubles psychologiques causés par mon enfance. Très vite, je réalisai que Jésus a porté ma souffrance sur la croix. Sa couronne d'épines Lui a fait ressentir mon propre déchirement intérieur. Je savais que Jésus comprenait réellement toutes mes difficultés. Je compris aussi que j'avais à me repentIr de toutes mes actions qui désobéissaient à la Parole de Dieu. Et ce qui fut important aussi, c'était de pardonner de tout mon coeur à mes parents et de ne plus jamais leur en vouloir. Dieu me demandait malgré tout de les respecter. Ce ne fut pas une chose facile, mais l'essentiel c'était de vouloir leur pardonner. Jésus me donna tout l'Amour dont j'avais besoin et dont j'avais manqué. Il m'a littéralement transformée. De la jeune fille déprimée, renfermée, passive, et terriblement triste que j'étais, Il a fait une personne heureuse et joyeuse, libérée de toute amertume. Il m'a fait réaliser que je n'étais pas un "accident", mais qu'Il avait un plan merveilleux pour ma vie. Lui-même avait désiré que je vive. Il avait Son regard sur moi ,même durant mon enfance difficile.
Le jour de mon baptême, le Seigneur me parla encore : "J'al vu tes larmes, et j'ai entendu ton cri, par Amour je t'ai attirée à moi". Il n'a jamais été indifférent à ma peine. En Lui, j'ai trouvé à la fois un Père et une Mère, et je peux lui dire "papa", "Abba Père".
Les frères et soeurs chrétiens me connaissant avant ma conversion m'ont souvent dit qu'ils avaient été encouragés par le miracle que Dieu avait opéré en moi. Car même avec un passé terrible qui avait presque détruit mon être intérieur, le Seigneur dans Son Amour est venu réparer et restaurer... Il a fait de moi une personne équilibrée qui ne s'apitoie plus sur elle-même. Dieu avait jeté mon passé négatif au fond de la mer, et fait de moi une nouvelle créature.
Mais durant ces premières semaines de conversion. je dus souvent me faire violence, et vouloir vraiment m'en sortir. Je compris que c'était aussi à moi de réagir, et que Dieu ne ferait pas tout à ma place. La louange personnelle, la communion fraternelle avec de merveilleux moments d'adoration, le fait de m'intéresser plutôt aux problèmes des autres avant les miens, tout cela m'aida beaucoup.
Notre Seigneur est un Dieu de Grande Bonté. Il m'a permis également de rattraper toutes les années perdues. "Je vous remplacerai les années qu'ont dévorées les sauterelles." Joël 2 :25.
Il m'a donné un mari plein de tendresse et d'affection et quatre merveilleux enfants. "L'Éternel donne une famille à ceux qui étaient abandonnés" Psaume 68:7.
Aujourd'hui, je n'ai qu'un désir, c'est de continuer à aimer et à servir Celui qui m'a fait découvrir Paix, joie et Amour.