Il a bien voulu de moi

Mon nom est Jean-Louis LE MEUR , j'ai 30 ans et je suis ingénieur géomètre, je suis marié et j'ai deux filles. Je vais vous donner mon témoignage. Dans ma jeunesse, qui n'est quand même pas si lointaine, je ne vivais pas dans un foyer religieux, à peine me rendais-je à la messe de minuit une fois l'an, mais avec envie.

Mon adolescence s'est passée près de la mer entre la dune et les cahiers d'école, puis plus tard les pubs et la voile. C'est à l'Université que j'ai fumé pour la première fois un joint avec des amis, et ça s'est plutôt mal passé. Je n'y ai plus retouché jusqu'en BTS, où en seconde année j'y ai goûté à nouveau, et ça m'a plu, car cela me donnait l'illusion de m'échapper du stress et du travail intense. De plus, j'étais loin de mes parents et de la mer et ne rentrais qu'aux vacances. Je commençais à fumer dès qu'une occasion se présentait avec tout ce qui en découlait sur ma vigilance et mon travail. Je devais redoubler d'efforts pour comprendre ce qu'on me disait.

J'étais en pension à ce moment-là avec d'autres étudiants devenus des super potes. C'étaient des box de deux ou trois avec seulement un mur de séparation, donc peu d'intimité. Deux filles cohabitaient dans une chambre au bout du couloir, mais peu à peu l'ambiance entre elles a commencé à devenir très tendue, au point qu'elles ne pouvaient plus se supporter mutuellement.

Mais un jour, elles sont devenues les meilleures amies du monde sans crier gare. L'une d'entre elles venait de se convertir à Jésus. Je l'ai su, car elle nous invitait dès lors à discuter de la Bible et du Seigneur. Elle s'appelait Emmanuelle. Cette conversion fit beaucoup d'effet sur moi, mais orgueilleux comme je l'étais, « je n'ai pas besoin de ce Jésus », me disais-je à ce moment. « Si je le veux je le peux », me répétais-je souvent.

En école d'ingénieur, je continuais à fumer, et je devins également prisonnier de la cigarette à ce moment-là, sans compter la bière qui coulait à flot dans l'appartement que je co-louais avec un ami. Nous étions alors dans la banlieue parisienne, et la vie dans ce lieu ne me convenait pas. J'étais nostalgique de ma Bretagne, et noyais mon chagrin entre ce mélange de poisons et mes études que je poursuivais à grands efforts.

Emmanuelle me proposa d'assister à une réunion à son Eglise, et j'acceptai de m'y rendre avec elle. C'était un chanteur avec une guitare. Il prêchait, puis illustrait par une chanson. Pas du tout mon style de musique, je préférais grandement la techno à ce moment-là, mais je trouvais quand même  que si chacun pensait comme lui le monde s'en porterait bien mieux. Durant toute la réunion le Saint-Esprit me travailla (je ne savais pas alors que c'était Lui), et me dénonça chaque point auquel je devrais renoncer si je m'engageais. « Comme j'ai mal aux reins », pensais-je. « Ils sont vraiment durs leurs bancs », me répétais-je, car le Seigneur me secouait vraiment. Au moment où le pasteur a appelé à lever la main, ce fut une réelle bataille qui se livrait en moi. Je voulais lever la main, mais je raisonnais en me disant que je venais à peine de rentrer dans un nouvel appartement avec trois autres amis fêtards, et que dans ces conditions je ne pourrais pas résister à la tentation. Au terme d'un effort surhumain, je parvins à ne pas lever la main. Choisissant, et je le savais, de ne pas saisir la main tendue du Seigneur. Je sortis tout tremblant, comme venant de disputer un match de boxe.

Je continuai donc ma petite vie d'étudiant dans la drogue, l'alcool et le café en perfusion. De plus, un de mes meilleurs amis, depuis le BTS, venait de faire la connaissance d'une fille alors qu'il allait à l'aumônerie catholique dont il s'occupait. Il ne venait plus avec nous se saouler, et j'ai cru que c'était à cause de son amie. Je lui en ai voulu, et d'un bloc notre petit groupe en a fait la rabat-joie de service. Campé sur mes certitudes, j'estimais être dans le vrai, et demandais sans le dire à mon ami de choisir entre elle et notre groupe.

Puis, j'ai fait la connaissance de la personne qui allait devenir ma femme au cours de la fête de la musique. L'année venait de s'achever : soulagé, cadavérique et enfumé, je me rendis à Nantes avec un de mes colocataires. Celle qui allait devenir ma femme chantait dans un groupe de ska reggae, dont mon ami connaissait l'accordéoniste. La soirée s'est terminée dans un hangar désaffecté où se déroulait une rave-party. Je me souviens avoir dansé les pieds dans la boue jusqu'au matin, puis avoir erré à l'aube pendant des heures en quête d'un pain au chocolat . Ce n'est que le lendemain que j'ai pu vraiment rencontrer Karen, à l'occasion d'une balade.

J'ai fini mes études entre les concerts et les stages, et nous nous sommes mariés à la Mairie. Puis, nous sommes partis en Polynésie où je devais effectuer mon service civil. Je me retrouvais donc géomètre à Tahiti du jour au lendemain. Je continuais à fumer et à boire. De plus en plus d'ailleurs, car la bière de Tahiti est réputée, et il y fait très chaud. Il m'arrivait de rentrer ivre du travail, mais comme nous étions dans un milieu où cela n'est pas une tare, cela ne m'alarmait pas.

Puis, nous avons décidé d'avoir un bébé, et le Seigneur nous l'accorda dans sa grande bienveillance. A l'approche du jour « J », la maman de Karen (ma femme) vint nous rejoindre là-bas pour l'accouchement. Elle est convertie, baptisée et fervente enfant du Seigneur. Ce fut une très longue nuit que celle de l'accouchement, très douloureuse pour tout le monde, et lorsque les médecins ont décidé d'opérer, j'ai demande à ma belle-mère que nous priions. Ma fille est née, et je l'ai vue sortir, Gloire à Dieu.

Peu après, ma belle-mère et ma maman, venue elle aussi pour l'occasion, repartaient. Ma belle-soeur restait pour nous aider durant les vacances d'été. Plein de bonne volonté, je m'étais dit que j'arrêterais de fumer pendant la grossesse de Karen, puis à la naissance de Moana, qui étaient quand même des étapes suffisamment importantes pour justifier un changement d'attitude, mais rien à faire, j'étais prisonnier. Pendant que Karen allaitait, je sortais fumer un joint sur la terrasse. Puis je rentrais, me lavais les dents, et les rejoignais pour un peu de temps avant que ma fille ne s'endorme. Je puais, mes vêtements puaient, mon haleine puait, et je m'en rendais compte.

En septembre, ma belle-mère a décidé de venir avec ses cinq enfants passer l'année scolaire à Tahiti avec nous. Chaque dimanche ils allaient à l'Assemblée, et Karen les accompagnait, tandis que je restais à la maison passant du « bon temps » à m'enfumer la tête en buvant une petite bière. Un jour, ils me proposèrent de venir avec eux à une réunion à laquelle se présenterait un certain Luc Dumont à l'Assemblée de Dieu de Moorea.

Ce soir-là, Dieu ne me laissa pas repartir comme avant, et je m'avançai sans me soucier de qui pouvait bien me regarder. Le reste du monde n'existait pas, et je pleurais sur ma misère et de joie que le Seigneur veuille bien de moi malgré tout. Le lendemain, une autre réunion se déroulait à Tahiti, et je désirais y aller. Nous avons pris le bateau, et nous y sommes allés. Je participai à un groupe de jeunes avec un des membres du groupe de Luc Dumont, qui nous raconta son témoignage et demanda si nous souhaitions nous débarrasser de l'alcool, de la cigarette ou de la drogue, et je m'avançai encore. Il pria pour moi au nom de Jésus en m'imposant les mains, et m'encouragea. Il me prévint que cela pourrait être progressif, mais que le Seigneur me débarrasserait de mes vices. Dès ce jour, j'arrêtai complètement de me droguer. J'arrêtai aussi de boire, mais continuai à fumer quelques cigarettes en essayant de me donner bonne conscience.

Je commençais à venir aux réunions tous les dimanche, transporté par les chants, et interpellé par le parler en langue de certaines personnes ainsi que par les prophéties que j'entendais. J'avais trouvé des frères et des soeurs, presque tous tahitiens, et je nageais dans le bonheur. Malgré cela, je continuais de fumer quelques cigarettes.

A la Pentecôte, une grande réunion était organisée à Tahiti à laquelle nous nous rendîmes. Plusieurs pasteurs parlaient, et des chorales chantaient. Quand un pasteur parla, je fus profondément en désaccord avec lui. Je me répétais : « Seigneur, il a mal parlé », et mon coeur s'endurcissait petit à petit, m'enfermant sur moi-même au coeur de cette réunion rassemblant des gens de tous les archipels. Tout à coup j'éclatai en sanglots, puis pleurai amèrement et criai sur ma misère, je pleurai peut-être une demi-heure sans arrêt, plein de honte de ce que j'en avais voulu au Seigneur. Il me pardonnait une fois encore, et la paix revint dans mon coeur.

J'avais retenu la leçon, et décidai d'écrire à mon ami et surtout à celle qui était devenue sa femme, pour m'excuser de ma bêtise, et leur annoncer ma conversion. J'aime recevoir des lettres, mais je crois que cette lettre-là fut une des plus belles de ma vie, à part celles de ma femme bien sûr. La lettre par laquelle ils m'ont répondu qu'ils me pardonnaient et que ça leur enlevait une véritable épine du pied. Merci Seigneur pour ces moments que procure le pardon ; un bonheur qui dénoue le coeur et rend tout léger. Oh j'aurais pu survoler les montagnes de Tahiti, tant ma joie était grande.

Peu après je demandai le baptême, pensant que cela me délivrerait de la cigarette, et le pasteur vint à la maison pour que nous nous préparions. Lorsqu'il me posa la question: « N'y a-t-il rien qui reste dans ta vie qui ne soit pas à la gloire de Christ ? », je dus bien répondre que si. Encore cette cigarette, l'éternelle cigarette. Lors de la séance de baptême suivante, les frères se demandaient pourquoi je n'y étais pas, mais je savais pourquoi. Pourtant, dès le jour de ma rencontre avec le pasteur, ma dépendance à la cigarette cessa, car le Seigneur m'avait montré ce que je devais laisser.
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