Comment prêcher sans résultats

Que votre motif suprême soit d'accroître votre popularité, alors, bien sûr, votre prédication sera conforme à ce dessein, mais elle ne sera pas faite pour convertir des âmes à Christ.
Evitez de prêcher des doctrines qui pourraient offenser l'esprit charnel, de peur que vos auditeurs ne vous disent, comme ils dirent à Christ :



Ne soyez pas trop précis, et ne troublez pas la conscience de vos auditeurs, de peur qu'ils ne s'alarment au sujet de leur âme.

Evitez toute illustration, répétition ou insistance, qui puisse les obliger à se remémorer ce que vous dites.

Evitez toute ardeur et tout sérieux dans votre message, de peur de donner l'impression que vous croyez vraiment ce que vous prêchez.

Adressez-vous à l'émotivité, et non à la conscience de vos auditeurs.

Attention à ne pas témoigner personnellement de la puissance de l'Evangile, de peur de produire chez vos auditeurs la conviction que vous possédez quelque chose qui leur manque.

Dénoncez le péché en général, mais ne faites aucune référence aux péchés spécifiques de votre présent auditoire.

Ne donnez pas l'impression que Dieu ordonne d'obéir ICI ET MAINTENANT à la vérité. Ne les laissez pas supposer que vous attendez d'eux qu'ils se décident sur le champ à donner leur coeur à Dieu.

Laissez-leur l'impression qu'ils peuvent demeurer dans leur état de péché, et qu'ils pourront s'examiner plus tard quand il leur conviendra.

Insistez sur leur incapacité à obéir, et laissez-leur l'impression qu'ils doivent s'attendre à Dieu seul pour changer leur mauvaise nature.

Prêchez le salut par grâce, mais ignorez la condamnation et la perdition du pécheur, de peur qu'ils ne comprennent ce que vous entendez par grâce, et qu'ils en éprouvent la nécessité.

Prêchez l'Evangile comme un remède, mais occultez ou ignorez la maladie mortelle du pécheur.

Ne parlez pas de la sainteté de la loi de Dieu - par laquelle vient la connaissance du péché (Rom. 3/20) - de peur que le pécheur ne voie sa condition de perdu, et qu'il fuie la colère à venir.

Ne faites aucun appel à la crainte chez les pécheurs, mais donnez-leur l'impression qu'ils n'ont aucune raison d'avoir peur.

Prêchez Christ comme un être infiniment aimable et bien disposé, mais ne parlez jamais de ses reproches cinglants aux hypocrites, ce qui les fit trembler de crainte.

Admettez, ouvertement ou discrètement, que tous les hommes ont quelque bonne moralité en eux, de peur que les pécheurs ne comprennent qu'ils doivent changer radicalement, et passer du péché à la sainteté.

Parlez si peu de l'enfer que vos gens penseront que vous ne croyez pas vous-même à son existence.

Donnez l'impression que Dieu est aussi bon que vous l'êtes : il ne peut envoyer personne en enfer.

Ne faites aucune allusion désagréable au renoncement à soi-même, à la croix qu'il faut porter, à la crucifixion au monde, de peur de convaincre et de convertir quelques-uns de vos paroissiens.

Ne dénoncez pas les tendances mondaines de votre congrégation, de peur de heurter les sentiments et d'amener finalement quelques-uns à la conversion.

Essayez de rendre vos auditeurs satisfaits d'eux-mêmes et contents de vous. Faites spécialement attention à ne heurter les sentiments de personne.

Evitez surtout de prêcher à ceux qui sont présents. Prêchez AU SUJET