Cassie, l'ex-sataniste devenue chrétienne et martyre pour Christ

Le 20 avril 1999, Cassie décède d'une balle dans la tête dans le massacre de Columbine School. Récit de son parcours dans le satanisme, et de sa conversion à Jésus-Christ.

Lycée de Littleton [Colorado]. Mardi 20 avril 1999, 11 heures 30. Éric et Dylan se précipitent dans la bibliothèque, armes à la main. Cassie se jette sous une table et s'agenouille. Mains jointes, elle prie. À quelques mètres de là [rescapé du massacre], son ami Crystal entend un des tueurs : " Crois-tu en Dieu ? " Bref suspense. Réponse d'une voix claire et ferme : " Yes ! " " Pourquoi ? ". Sans attendre la réponse, il lui tire une balle dans la tempe. Elle s'écroule. Elle a 17 ans... Douze de ses camarades sont fusillés, d'autres gravement blessés. Les tueurs ? Des camarades de classe ! En mitraillant, ils hurlent en riant : " Nous avons attendu toute notre vie pour faire ça... ". Ayant retrouvé par miracle son frère Chris survivant, ses parents vivent des heures d'enfer. Incompréhensiblement, les corps sont laissés seuls sur place toute la nuit. Les investigations ne commenceront que le lendemain. Ce n'est qu'à 3 heures du matin, le jeudi [donc plus de trente-six heures après le drame], que la Police signifie aux parents l'atroce nouvelle. Jusque là, ils l'espéraient encore cachée dans des toilettes. À cause de ses derniers mots, elle est ovationnée comme une authentique martyre de la foi " [News Week].

Cassie, celle qui a dit "Oui!"

Mais qui est donc Cassie ? Née le 6 novembre 1981, c'est une fille joviale, passionnée, raffolant de pêche et de varappe. Mais ses 13-14 ans sont assombris par une terrible crise, dont elle ne sortira que par la grâce de Dieu. En décembre 1995, ses parents horrifiés découvrent dans sa chambre une correspondance avec deux camarades qui exercent sur elle une influence plus que malsaine. Outre le porno, on y lit :" Tue tes parents ! Le meurtre est la réponse à tous tes problèmes... Veux-tu m'aider à tuer tel prof ? Je suis un vampire... Si tu tues l'une d'entre nous, nous t'aurons. Attention, nous te surveillons sans cesse ! Tu es aussi une enfant des ténèbres. J'ai envie de m'autoflamber ! Tue-moi avec tes parents, puis suicide-toi ! " Le tout illustré par force têtes de mort, squelettes, coutelas, vampires et autres monstres. Elle-même écrit de semblables lettres. Il semble qu'elle ait flirté avec le groupe satanique de ses futurs assassins. Plus tard, elle avouera même avoir fait avec ses amis comme un pacte avec Satan, lui livrant son âme, avoir été saisie dans les griffes d'un vrai }pouvoir des ténèbres~. Un ami dira : " Elle s'est vraiment mise dans un tel esclavage... ".Elle savoure les chansons de Marilyn Manson, chants préférés de ses futurs meurtriers, dont celui-ci :" Prends ton fusil ! Prends ton revolver ! " Dans une page pathétique de son journal, datée du 2 janvier 1999 [soit trois mois avant son martyre], elle jette un regard sur ce passé si ténébreux :" Je ne savais comment gérer mon mal, alors je me blessais moi-même. Sans doute était-ce ma manière d'exprimer tristesse, colère, dépression. Je m'enfermais dans la salle de bains, et tapais ma tête sur les murs. Des pensées suicidaires m'obsédaient pendant des jours. J'avais trop peur pour passer à l'acte, mais je faisais un compromis en me tailladant les poignets avec une lame de rasoir, jusqu'à ce que le sang coule. J'en porte encore les cicatrices...

Un coup de bistouri

Bien que flairant depuis un certain temps quelque chose de malsain [par exemple : l'incapacité de son amie Monia à soutenir le regard d'un adulte], ses parents sont atterrés. Mais ils réagissent au quart de tour. Ils en parlent aux parents de Monia [qui n'y voient pas grand mal], et à la Police judiciaire pour enfants. Le shérif leur avoue que, durant une décade de crimes juvéniles, il n'a jamais vu cela. Pour arracher leur fille aux griffes du Malin, la sauver de cette emprise mortelle, les parents vont avoir recours aux moyens les plus drastiques. Moyens que bien des parents n'oseraient employer ou même récuseraient. Mais dans le cas présent, ils se sont avérés payants. Pour couper tous liens avec ses amis satanistes : fouilles quotidiennes de sa chambre, contrôle de sa correspondance, téléphone sur table d'écoute [ils surprendront des coups de fil donnant des trucs pour se suicider].

Ils ne la laissent jamais seule plus de cinq minutes, surveillent toutes ses allées et venues, déjouant ainsi plusieurs tentatives de fugue. Seules sorties permises : les rencontres entre jeunes chrétiens. Mais surtout, ils lui font changer d'établissement scolaire, et la mettent dans une petite école privée du voisinage : la Christian Fellowship School [CFS]. Cassie réagit avec la violence la plus extrême. Boule d'agressivité pendant des semaines, elle hurle sa haine, injurie ses parents, promettant de les tuer et de se suicider. Chaque matin en partant à l'école, ce ne sont que cris ou au contraire le mutisme le plus absolu. Elle-même avouera dans une note retrouvée après sa mort : " Durant toute cette période, je détestais mes parents ainsi que Dieu de la haine la plus noire. Aucun mot ne peut exprimer les ténèbres que je ressentais... "

Elle continue de se taillader les poignets, d'écrire des poèmes suicidaires. Elle est d'autant plus violente qu'elle pense être la bête noire de ses camarades. Repliée dans sa petite coquille, elle refuse toute amitié et reste seule. Désespérément. Après les premiers jours de réaction dure, ses parents adoptent une autre attitude à son égard. Tout en maintenant ces règles draconiennes de protection, ils multiplient attentions et délicatesses. Effectivement, c'est bien par amour qu'ils adoptent les grands moyens, afin de la rendre à elle-même.

Sa mère :" Nous tâchions de retenir nos langues, d'éviter les répliques blessantes, même dans les moments d'exaspération. " Ils l'encouragent dans tout ce qu'elle fait de positif. Bref, ils assument à fond leurs responsabilités de parents, se reprochant de ne l'avoir pas suffisamment fait plus tôt. Le père va jusqu'à quitter son travail pendant un temps pour s'occuper à plein temps de sa fille, comme si elle avait encore 4-5 ans. Par ailleurs, ils intensifient leur vie de prière, assez tiède jusque là. Durant ses crises de rage, ils prient doucement à ses côtés. Jour et nuit, ils supplient le Seigneur de sauver leur enfant. Ils mendient la protection de Dieu.

La maman atteste :" Je me souviens : un jour, je ne pouvais entrer dans sa chambre, tant l'atmosphère y était oppressante, à couper au couteau. Finalement, j'y pénètre. Je m'assois sur son lit, et commence à sangloter. Mais je priais aussi pour que Dieu protège ma petite fille et tous ses amis perturbés. Je sentais que nous étions engagés dans une bataille spirituelle. " Ses anciens amis font tout pour la récupérer. Ses parents sont menacés de mort. Appels anonymes à toute heure du jour et de la nuit. Voitures passant en hurlant Assassins !, en jetant des bidons de soda sur la maison. Et ce ne sont pas que des menaces.

En septembre 1997, à Lakewood, un garçon de 14 ans essaie de tuer son père avec un coutelas de boucher. Des inscriptions sataniques sont trouvées dans sa chambre. Plus tard, un lycéen tue son beau-père, puis se suicide. Quelques mois après, une mère est tuée par son fils de 17 ans. Tout cela dans la même région .Exaspérés, les parents de Cassie finissent par déménager. Par la Beauté, retrouver sa propre beauté. Comment le Seigneur va-t-Il s'y prendre pour l'arracher à son enfer ? Car tous ces moyens humains -- même s'ils se sont avérés nécessaires -- ne font que l'exaspérer et la révolter. Comment va-t-Il intervenir ? Outre l'amour de ses parents qui va finir par la toucher quelque part, deux événements majeurs vont jouer.

Le premier événement : Jamie, une camarade du CF,. avec douceur et délicatesse, saisissant la détresse de Cassie, ose lui parler du Seigneur, sans jamais se laisser décourager par ses attitudes d'indifférence ou d'apparent refus. Cassie elle-même en témoignera :" Heureusement, il y avait une fille qui me prit sous ses ailes. Elle était ouverte, ce que je ne retrouvais pas chez d'autres. Elle me fit comprendre discrètement que Dieu avait pu permettre cette épreuve, et que plus tard je regretterais le mal que je faisais. J'ai trouvé de la vérité dans ses paroles, et je commençai à l'écouter ". Tant de jeunes viennent ou reviennent à Dieu grâce à un[e] ami[e] qui se fait témoin de Dieu. Fantastique impact de l'évangélisation inter-jeunes ! Seigneur, multiplie-les ! Sème-les sur la route de tant de leurs camarades égarés !

Le second événement : le 8 mars 1997. Trois mois après son transfert d'école, surprise : Entraînée par sa nouvelle amie, elle demande à participer à... une retraite-jeunes. Après beaucoup d'hésitations, suspectant une possible fugue, ses parents prennent les risques de la laisser sortir, guère rassurés par les accoutrements punk et goth des autres participants. Pendant tout le week-end, ils prient, redoutant le pire. Lorsqu'ils vont la chercher en fin de week-end...

" Cassie se précipite vers moi. Elle m'étreint, me regarde les yeux dans les yeux : Mum, j'ai changé ! J'ai changé totalement ! Je sais que tu ne vas pas me croire, mais je te le prouverai ! "

" Quand elle nous avait quittés, elle était gloomy, murée dans son silence, tête baissée. Mais ce jour-là, elle était toute excitée de ce qui s'était passé. Comme si dans une chambre obscure on avait allumé la lumière. Et soudain, elle pouvait voir la beauté qui l'entourait... " [Dave, le papa]

Le Thabor des Rocheuses

Que s'était-il passé ? Ils étaient donc quelque 300 ados en plein dans les Rocheuses, près de Denver [là où Jean-Paul II avait fait une journée de désert, quatre ans plus tôt]. Après toute une nuit de louange [comme cela se passe habituellement dans les ferventes Églises dites évangéliques libres], le prédicateur exhorte au combat contre les forces du mal. Mais ce qui brise d'un coup les murs de défense de Cassie : le chant ! Elle sort pour pleurer, seule. Son amie la rejoint, et l'entend murmurer au milieu des larmes : " Pardon, Seigneur !... "

Pendant ce temps, les autres ados apportent à l'autel -- altar call -- ce à quoi ils renoncent [drogues, cigarettes, etc]. Cassie n'a rien à apporter, mais ses larmes font sortir d'elle tout le mal accumulé. Comme en confession, elle avoue à Jamie ses turpitudes.

À la fin du service, elle va dans la montagne avec trois amis :

" Nous sommes simplement restés là plusieurs minutes, plongés dans un silence absolu, comme immergés dans le redoutable et fascinant mystère de Dieu -- totaly in awe of God. C'était phénoménal : notre petitesse et la grandeur du ciel... La grandeur de Dieu était quasi tangible ! "

Peu à peu, le ciel pâlit à l'Orient, et les premières lueurs de l'aurore irisent le ciel derrière les crêtes sombres des fières Rocheuses. Beauté de Dieu !

Un jour nouveau se lève. Une nouvelle Cassie descend de la montagne.



" Je notai que tout son visage avait changé. Bien qu'encore timide, ses yeux débordaient d'espérance. Il y avait quelque chose de tout nouveau en elle. "

Tel Moïse, Cassie redescend de la montagne au Soleil levant, toute irradiée, transfigurée, rayonnante. Tel est son Thabor ! Elle fera du 8 mars le jour de sa nouvelle naissance, son vrai birthday.

De quoi donc le Seigneur s'est-Il servi pour rendre à son enfant sa beauté d'enfant de Dieu, sa beauté divine, sa beauté éternelle ? Tout simplement de la beauté : celle du chant, de la musique, des montagnes sauvages, du ciel constellé, d'une douce nuit printanière, du silence des sommets...

En contemplant les étoiles, le mot du prophète Baruch aurait pu être évoqué :

" Les étoiles se sont mises à briller, toutes joyeuses, et chacune à son poste de garde veille sur la nuit. Il lance son appel, et elles de répondre : nous voici ! Scintiller pour leur Créateur, pour elles : quelle joie ! " [Ba 3, 34].

Un soir de Noël, Paul Claudel, jeune homme perdu, est revenu à la source de la beauté par la douceur d'un chant d'Église -- l'Adeste fideles --, et Sergueï Boulgakov, par la splendeur des cimes enneigées du Caucase... Mais je le sais : il faut tout donner au Christ !

Au début, ses parents n'osent y croire... Ils s'imaginent une astuce pour obtenir un peu d'autonomie. Mais force est de se rendre à l'évidence : Leur Cassie est totalement différente. Enfin une clarté d'enfance brille dans ses grands yeux.

Une semaine avant sa Pâque finale, assise à la table de cuisine, cet étonnant dialogue avec sa maman :

" Mom, je n'ai pas peur de mourir, parce que je serai au ciel. - Je lui dis que je ne pourrai supporter de vivre sans elle - Mais, Mom, tu ne sais pas que je serai dans un endroit meilleur ? Ne serais-tu pas heureuse pour moi ? "


Et déjà, une note de 1998 disait :

" Je vais mourir pour mon Dieu. Je vais mourir pour ma foi. C'est la moindre des choses que je puisse faire pour le Christ mourant pour moi ! "
Pendant les deux derniers mois, elle est fascinée par l'ouvrage d'un prédicateur venu dans sa paroisse un an plus tôt : Seeking peace, de Christoph Arnold. Elle en parle à tout le monde, prêtant le livre à ses amies. Il y cite un mot de Martin Luther King, qui, d'avance, illumine son martyre :

" Personne n'est libre s'il a peur de la mort. Mais à la minute où tu vaincs cette peur, tu es libre ! Si quelqu'un n'a pas découvert la chose pour laquelle il va mourir, il n'est pas fait pour vivre ! "

Ce mot devait être le thème de la soirée de son groupe d'échange pour la soirée du... 20 avril.

(pour ceux qui sont intéressés, le livre "Cassie, du satanisme au choix de Dieu" est sur www.amazon.fr)
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