Brainerd David, un homme de prière
En vérité, il m'importait peu de savoir où et comment je vivais, quelles difficultés je traversais, pourvu que je puisse gagner des âmes pour Christ.
Né le 20 avril 1718, David Brainerd était un grand missionnaire aux Indes. Malgré sa grande faiblesse physique, il a accompli par la prière davantage que la plupart des hommes à 70 ans.
Sa vie montre que la prière est la voie la plus directe qui mène au succès dans I'oeuvre du Seigneur... Les Indiens, parmi lesquels il fut missionnaire au XVIlle siècle, furent arrachés à la plus basse bestialité, au plus dégradant paganisme et conduits à un christianisme pur, consacré et éclairé.
Voici quelques extraits de son journal écrit en avril 1742.
SAMEDI
Vers 9 heures, je m'étais retiré dans la forêt pour prier.
Dans la soirée, je fus troublé, entendant des bruits étranges, qui me donnèrent à penser que les Indiens allaient préparer pour le lendemain une fête avec des danses idolâtres.
Je pensais qu'il était de mon devoir de m'efforcer de les en empêcher, mais je ne savais comment faire. Je pus prier avec ferveur, avec une grande liberté, et mon âme se déversait comme elle ne l'avait encore fait dans ma vie. J'étais dans une telle angoisse, je suppliais, j'intercédais avec une telle ardeur que, lorsque je me relevai, je pouvais à peine marcher droit. La sueur coulait de ma face et tout le long de mon corps. J'étais libre de toute pensée personnelle dans mes supplications pour ces pauvres Indiens.
Je savais qu'ils allaient se rencontrer pour adorer le diable et non pas Dieu, et cette pensée me poussait à crier ardemment au Seigneur, Lui demandant de m'envoyer Son aide afin que je puisse empêcher cette fête idolâtre.
Ainsi, je passai la soirée priant sans cesse pour que l'assistance divine me soit accordée, car je désirais dépendre uniquement d'elle. Le pensée dominante de ma prière était la sainteté pour mon coeur et pour ma vie, et la conversion à Dieu des païens.
Tous mes soucis, mes craintes et mes désirs disparurent, car ils me semblèrent avoir une importance aussi faible que celle d'une bouffée de vent. Je suppliai avec maints soupirs que Dieu se fît un Nom parmi les païens; je Lui adressai un appel avec une grande liberté : "Je le préférais Lui-même à ses meilleurs dons".
En vérité, il m'importait peu de savoir où et comment je vivais, quelles difficultés je traversais, pourvu que je puisse gagner des âmes pour Christ.
Je priai dans ce sens toute la soirée et toute la nuit. Dans mon sommeil je rêvais de ces choses, et, quand je me réveillais, la première pensée qui me traversait était celle du grand ministère d'intercession pour l'oeuvre de Dieu contre l'oeuvre de Satan.
LUNDI
Je mis à part ce jour pour le jeûne et la prière dans la solitude, pour supplier Dieu de me diriger et de me bénir pour la grande oeuvre que j'ai en vue, la prédication de l'Evangile.
Vers la nuit, le Seigneur me visita merveilleusement pendant que je priais. Je crois que mon âme n'avait jamais été dans une telle agonie auparavant...
VENDREDI
Considérant ma grande incapacité pour le ministère et mon manque total d'habileté à faire quelque chose pour la gloire de Dieu, me sentant impuissant, et en grand défaut de faire ce que le Seigneur voudrait que je fasse, je mis ce jour à part pour prier Dieu, et j'employai la plus grande partie du temps à accomplir cet exercice.
Je trouvais Dieu si près de moi ! Une fois, en particulier, tandis que je plaidais pour plus de compassion à l'égard des âmes immortelles, mon coeur sembla s'ouvrir tout à coup; je pus crier à Dieu avec une grande ardeur : pendant quelques minutes, mon âme sembla haleter après la sainteté, une vie de constant dévouement à Dieu.
L'année 1745 fut celle du grand Réveil parmi les Indiens.
- Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant d'allégresse.
Ainsi en fut-il de Brainerd. Le 8 août fut le jour des jours : le Réveil venait enfin !
Après avoir souffert comme peu ont souffert, après avoir peiné jour et nuit, après d'innombrables heures passées dans la prière et le jeûne, après des prédications et des témoignages en toute occasion, favorable ou non, l'aube vint, le feu tomba, et il fut répondu aux prières de David Brainerd par l'effusion de l'Esprit.
Le 8 août, Brainerd écrivait dans son journal : "Dans l'après-midi, je prêchai aux Indiens. Il était apparent que ceux-ci étaient impressionnés... Dieu sembla descendre sur l'Assemblée -comme un vent puissant et impétueux qui, avec une énergie étonnante, renverse tout devant lui. Je restai stupéfait de l'effet produit sur l'auditoire presque tout entier, et je pourrais seulement le comparer à celui d'un torrent puissant ou à une marée montante qui, avec son poids écrasant et sa pression formidable, renverse et balaie devant lui tout ce qui se trouve sur son passage.
Un grand nombre de personnes de tous âges furent courbées avec force par la conviction, et aucune ne fut capable de résister au choc de cette manifestation surprenante. Des vieillards et des femmes âgées, qui avaient été de malheureux ivrognes depuis de nombreuses années, et quelques petits enfants dont l'âge n'était pas supérieur à 6 ans, éprouvèrent la détresse de leur âme aussi bien que les personnes de tout autre âge. Il apparut que ces enfants étaient rendus sensibles à la misère d'une vie sans Christ. Les coeurs les plus obstinés furent, cette fois, obligés de se courber... Ils crièrent presque tous miséricorde, y compris ceux qui les écoutaient, à l'extérieur.
Il me sembla que c'était l'accomplissement exact de cette prophétie de Zacharie 12/11 :
...car c'était maintenant pour eux "un grand deuil, comme le deuil, d'Hadadrimmon dans la vallée de Méguidon-. Chacun se lamentait fortement. Je ne vis jamais chose pareille. Ce fut un jour où le Seigneur agit puissamment pour détruire le règne des ténèbres parmi le peuple.
Ce fut un grand deuil parmi les Indiens qui furent vivement affectés, et presque chacun d'eux pria :
"O Dieu, sois apaisé envers moi, sois apaisé envers moi ! "
C'était très touchant de voir ces pauvres Indiens qui, quelques jours auparavant, poussaient des acclamations et des hurlements, dans leurs fêtes idolâtres et leurs plaisanteries d'ivrognes, et qui maintenant criaient à Dieu avec tant d'insistance pour obtenir la faveur de Son Fils.
L'amour régnait au milieu d'eux. Ils se prenaient par la main avec tendresse et affection, et leur maintien réciproque était tel qu'un spectateur aurait pu s'écrier : "Voyez ! Tenez ! Combien ils s'aiment ! ".