Un chrétien algérien condamné, sans preuve, à cinq ans de prison pour « blasphème »
Un jeune chrétien algérien, Siagh Krimo, marié et père d'un enfant de neuf mois, a été arrêté le 14 avril dernier et détenu pendant trois jours pour avoir passé un CD sur le christianisme à l'un de ses voisins.
Il a comparu devant un tribunal de l'Oranais le 4 mai sous l'inculpation de « blasphème » tel que défini à l'article 144 bis 2 du code pénal algérien qui réprime tout acte qui « insulte le prophète et tout messager de Dieu, ou dénigre la croyance et les préceptes de l'islam que ce soit par écrit, sous la forme de dessin, par oral ou par tout autre moyen ». Toujours intéressant de lire cela dans le code pénal d'une république démocratique et populaire... Le principal témoin de l'affaire, celui qui avait reçu le CD et dénoncé Siagh Krimo à la police, était absent des débats et non représenté. Le procureur n'a donc pu requérir que deux ans de prison, mais le président du tribunal lui s'en est tenu à la stricte application de la peine maximale prévue par le code pénal : cinq ans ! Comme l'a souligné l'avocat du prévenu, le président a puni le chrétien parce que chrétien, et pas l'accusé puisqu'il n'avait aucune preuve... Moustapha Krim, président de l'Église protestante d'Algérie, n'a pas tort d'affirmer que si la justice « applique ainsi la loi, cela veut dire qu'il n'y a aucun respect pour les chrétiens, et que très bientôt tous les chrétiens d'Algérie se retrouveront en prison ».
Daniel Hamiche