Quelle estime pour le Canal de Dieu?
Il y a dans la vie de celui qui est utilisé par Dieu, en tant que Canal ou Instrument de Dieu, une forme de dualité : une propension à être attiré par des choses élevées et une autre propension à être attiré par des choses modestes.
Plusieurs paroles de l'Ecriture expliquent ce qui peut sembler de prime abord une contradiction en apparence.
Par exemple, ces trois versets qui suivent ont de commun qu'ils parlent tous des serviteurs de Dieu, les canaux de Dieu, mais diffèrent dans la vision de celui qui voit l'instrument de Dieu:
Dieu, tout d'abord, en rejetant « le serviteur inutile » nous montre là qu'Il n'admettra dans son Royaume que tout serviteur « utile ». « Utile » dans le sens qu'il Lui aura rapporté quelque chose dans son oeuvre sur terre.
A l'opposé, le canal lui-même doit se voir comme un « serviteur inutile ». Contradiction ? Non. « inutile » également dans le sens que son oeuvre ne lui rapporte pas quelque chose (un gain, une gloire) en propre, mais comme souligné précédemment rapporte à Dieu.
Enfin, le peuple de Dieu, dans son ensemble, doit avoir en considération toute personne utilisée par Dieu et qui se dévoue pleinement à cette tâche.
Il en ressort donc qu'il n'y a aucune contradiction entre ces versets mais au contraire réellement une complémentarité par laquelle la Bible veut rappeler un certain équilibre que tout serviteur, canal de Dieu, devrait avoir : ni se considérer trop haut mais ni se considérer trop bas pour autant. Pourquoi utilisons-nous ce terme « trop » mais parce que la Bible elle-même l'utilise :
Le canal de Dieu doit effectivement être porté sur des choses hautes parce que Dieu est élevé, mais il doit également être porté sur des choses modestes parce que Dieu l'appelle à de l'humilité.
Ainsi, ce terme « trop » nous rappelle à de la mesure, à un certain équilibre que tout serviteur de Dieu, toute personne utilisée par Dieu devrait avoir. Simplement parce qu'en réalité, en toutes ces choses, c'est Dieu qui est exclusivement à l'oeuvre, ce qu'il ne faut pas oublier, que l'on soit l'instrument choisi par Dieu ou que l'on soit ceux qui en bénéficient c'est-à-dire le peuple de Dieu.
Malheureusement, le verset de Philippiens 2:29 cité plus haut a, somme toute, semblé justifier un certain nombre d'abus dans les rapports entre la personne utilisée comme canal de Dieu et le peuple de Dieu. Jusqu'à quel niveau devons-nous estimer et « honorer de tels hommes » ?
Un tout premier problème nait lorsque le canal se juge finalement lui-même digne de certaines éloges, consciemment ou inconsciemment. Par conséquent, il ne croit plus vraiment nécessaire de rendre pleinement gloire à Dieu pour ce qui est fait, mais estime que d'une manière ou d'une autre il les mérite. C'est donc l'instrument qui, à un moment donné, pense qu'il peut être à lui seul à la fois l'instrument et celui qui se saisit de l'instrument pour agir. Il s'attribue alors des mérites qui ne reviennent en réalité qu'à Dieu seul.
Il est clair donc que dans cette prescription que Dieu donne à son peuple de considérer et respecter Son instrument, il y a alors naturellement des limites. Si le peuple de Dieu les applique, cela aiderait sûrement tout instrument de Dieu à se reprendre, s'il était pris d'une folie passagère ou durable de se considérer réellement comme quelque chose en lui-même.
Rappelez-vous cependant que nous avons parlé d'équilibre, donc il ne s'agit pas pour autant de tomber dans l'extrême opposée c'est-à-dire « piétiner » les serviteurs de Dieu, ce en quoi naturellement Dieu ne prend aucun plaisir. Un certain nombre de précautions sont donc à prendre. En voici quelques unes:
Il est recommandé aux enfants de Dieu d'éviter une trop grande dépendance vis-à-vis d'un homme de Dieu ou d'un canal donné du Seigneur. Nous devons entièrement dépendre de Dieu et de Dieu seul. Si Dieu passe à travers un canal pour nous, que le nom de Dieu soit béni, mais nous devrions aussi avoir potentiellement en nous toutes les ressources spirituelles nécessaires pour que Dieu agisse directement pour nous ou par nous à d'autres moments.
Il faut par ailleurs éviter les amalgames : il pourrait arriver qu'un homme de Dieu soit extraordinairement utilisé, un peu comme si par son ministère, nous revoyions au travers de lui véritablement le Seigneur Jésus lui-même à l'oeuvre comme aux temps de sa chair. Cela est possible. Et peut-être même le verrons-nous de plus en plus souvent sur cette terre maintenant que nous approchons les temps de la fin. Mais il ne faut jamais, oui jamais, comparer le disciple au Maître Parfait : Dieu. Le disciple lui restera toujours imparfait.
Il faut en ce sens éviter toutes formes de considération, de fascination du canal de Dieu, si hautes qu'on en viendrait à oublier sa faillibilité, ses faiblesses ou à refuser de voir ses erreurs surtout lorsqu'elles sont criardes. Souvenez-vous donc de la faillibilité de l'instrument de Dieu pas pour l'accabler ou alimenter des commérages à son sujet mais pour le soutenir dans la prière.
Toutefois, que l'instrument de Dieu lui-même ne voit pas en sa faillibilité un prétexte et une porte ouverte pour pécher volontairement! Car, en principe, qui mieux que le berger devrait être assez fort pour appliquer ce principe de Jacques 4:7
Si le berger censé garder le troupeau ne sait pas faire face à l'attaque et aux tentations, difficile de demander aux brebis de faire mieux!
Soyez bénis au nom de Jésus!