Divorce et remariage

Un texte de Derek Prince


Le divorce et le remariage... voilà un sujet très controversé! J'ai entendu certains prédicateurs dire que l'adultère, la raison principale pour le divorce, est le péché impardonnable. En général, et dans la plupart des plus anciennes dénominations comme l'Eglise catholique, l'Eglise anglicane ou l'Eglise épiscopale, la pensée officiellement adoptée est qu'il est mal pour un chrétien de divorcer et que, s'il le fait, il ne pourra alors pas se remarier.

C'est toujours aujourd'hui l'enseignement officiel des Eglises catholique et anglicane. Bien sûr, il existe aussi des façons de contourner les règles, si vous êtes assez riche et si vous avez des relations influentes.

J'ai aussi observé que, bien qu'on ne permette pas aux divorcés de prendre l'eucharistie (ou la sainte cène), l'argent qu'ils placent dans l'offrande est toujours accepté, ce qui paraît surprenant.

Je vais essayer d'aborder ce sujet à partir de principes uniquement scripturaires, sans me référer à autre chose qu'à la Bible, celle-ci me paraissant suffisante. Je propose deux questions et leurs réponses. Tout d'abord, quel est le fondement scripturaire autorisant un chrétien à divorcer? Ensuite, la Bible permet-elle à une personne divorcée de se remarier?

Ce que nous ne devons pas perdre de vue, c'est que les principales lois religieuses concernant le divorce et le remariage ont été instituées par des ecclésiastiques qui s'étaient engagés à rester célibataires. Ce principe a dû beaucoup influencer l'élaboration des règles, car ils savaient qu'ils n'auraient jamais à obéir eux-mêmes à leurs propres lois.

Je ne veux pas être méchant, mais cela me ramène toujours aux paroles de Jésus s'adressant aux scribes et aux pharisiens dont il dit dans Matthieu 23:4: "Ils lient des fardeaux pesants et difficiles à porter et les mettent sur les épaules des hommes, mais eux, ils ne veulent pas les remuer de leur doigt."

Les ordonnances religieuses imposent aux autres de lourds fardeaux difficiles à porter, obligeant les personnes à se courber et à chanceler sous ce poids, les responsables ne levant pas le petit doigt pour les aider. Je pense que cela est vrai pour de nombreuses lois ecclésiastiques concernant le divorce.

Nous poserons alors la question: "Dieu permet-il le divorce?" Certains chrétiens tendent à répondre: "Jamais!" Si vous lisez les chapitres neuf et dix du livre d'Esdras, vous découvrirez que non seulement ce prophète a permis aux Juifs de divorcer de leurs épouses non juives, mais qu'il leur a donné l'ordre de divorcer. Bien ou non, ce que nous savons, c'est que certains passages bibliques approuvent le divorce.

Sur quel fondement scripturaire le divorce est-il permis? Précisons tout d'abord que cet acte est toujours une tragédie. Si tous les hommes, tous les chrétiens surtout, vivaient en accord avec les lois de Dieu, il n'y en aurait nul besoin. Cependant, de nombreux chrétiens et non-chrétiens vivent sans respecter ces lois divines, suscitant ainsi des occasions de divorce.

L'attitude traditionnelle de l'Eglise, maintenue à travers les siècles, est que, si deux chrétiens se marient et divorcent, les deux sont coupables et ne peuvent se remarier, ce qui me paraît absurde. Prenons un exemple: le vol est quelque chose de mauvais; si tout le monde vivait de façon honnête, il n'y aurait pas d'escroquerie.

Pourtant le vol est très fréquent et nous devons résoudre ce problème en tant que réalité à laquelle nous sommes confrontés. Quelle en est la solution? Si une personne dérobe le bien de son prochain, les deux doivent être punis. Allons-nous donc les mettre, le voleur et le volé, en prison?

Cela n'aurait aucun sens! Pourtant, lorsqu'un conjoint a été infidèle, interdire à l'autre de se remarier est bien pire que la prison; c'est une peine beaucoup plus sévère.

Quels sont donc les fondements bibliques pour le divorce? Pour étudier cela de façon précise, j'examinerai trois époques différentes dans la Bible: avant la loi de Moïse, le temps placé sous la loi mosaïque et la période initiée par Jésus à travers la proclamation de l'Evangile.

Le livre de la Genèse nous relate ce qui s'est passé dans la famille de Juda, l'un des fils de Jacob. Juda avait trois fils: Er, Onan et Schéla. Er était marié à une femme appelée Tamar. Il est écrit que Er est mort parce qu'il était méchant; le Seigneur l'a fait mourir, mais nous ne savons pas comment, ni exactement pourquoi.

Selon la coutume acceptée de l'époque, c'était au fils suivant de Juda, Onan, de donner par la veuve une postérité à son frère décédé. Onan n'a pas voulu et l'Eternel l'a fait aussi mourir. Il ne restait plus que Schéla, qui était trop jeune pour se marier. Juda, s'adressant à Tamar, lui dit: "Tu as été mariée à mon fils aîné et il est n'est plus.

La tradition veut que tu épouses mon dernier fils, mais il est trop jeune. Retourne à la maison de ton père et, quand Schéla aura l'âge, nous préparerons le mariage." Cette histoire n'est pas très jolie, mais elle dépeint simplement des traditions et le coeur humain.

Tamar était apparemment une femme n'ayant pas froid aux yeux; elle a vu que Schéla était devenu grand, et qu'elle ne lui était point donnée pour femme. Quand on l'a informée que son beau-père allait partir à un certain endroit pour tondre ses brebis, elle s'est habillée en prostituée et s'est assise sur le bord du chemin.

Juda la voit et lui dit: "Laisse-moi aller vers toi." Elle lui répond: "D'accord, mais que me donneras-tu?" "Je t'enverrai un chevreau." Elle de répliquer: "Comment saurai-je que tu vas me l'envoyer? Quel gage me donneras-tu?" Il lui répond: "Mon cachet et mon bâton (qui étaient les marques distinctives de sa position)." Elle les prend donc, il vient vers elle et elle devient enceinte.

Quelques mois après, on vient dire à Juda: "Tamar, ta belle-fille, est enceinte." Très logiquement, selon la loi, Juda s'écrie: "Faites-la sortir, et qu'elle soit brûlée." On l'amène dehors; elle tient le cachet et le bâton et dit à son beau-père: "C'est de l'homme à qui ces choses appartiennent que je suis enceinte; vérifiez, je vous prie, à qui elles appartiennent."

Juda réplique: "Elles sont à moi." Il était assez honnête pour reconnaître son péché. Tamar n'a pas été mise à mort et est devenue la mère de jumeaux qui ont en fait été les deux ancêtres de la tribu de Juda, Pérets et Zérach.

Je veux simplement souligner le fait que cette infidélité était considérée comme un adultère, parce que Tamar était fiancée à Schéla, même si le mariage n'était pas encore consommé; pour une telle offense, la peine de mort était requise au sein du peuple de Dieu, et cela avant la loi mosaïque. Voilà qui résolvait le problème du divorce, n'est-ce pas? Votre mari étant mort, vous étiez libre; c'est ce que la Bible dit.

Au cours de l'étape suivante, sous la loi de Moïse, la peine obligatoire pour l'adultère était aussi la mort; il n'y avait pas d'autre option. Nous le lisons dans Deutéronome 22:22: "Si l'on trouve un homme couché avec une femme mariée..." La Bible parle de "coucher avec" lorsqu'il s'agit d'une relation illégitime et de "connaître" quand la relation est légitime; il s'agit donc ici du premier cas. "... ils mourront tous deux, l'homme qui a couché avec la femme, et la femme aussi.Tu ôteras ainsi le mal du milieu d'Israël."

Quand deux personnes étaient trouvées coupables d'adultère, c'est-à-dire d'avoir des relations sexuelles, violant ainsi les voeux du mariage, il n'y avait pas d'alternative: le châtiment requis était la mort. Ainsi le problème du divorce était résolu; il ne se posait plus, puisque le conjoint était décédé. Les versets 23 et 24 stipulent même que, lorsque la femme était seulement fiancée, si elle avait eu la possibilité de se refuser à l'homme et qu'elle ne l'avait pas fait, les deux étaient mis à mort....


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