Perdu
Il m'est arrivé trois ou quatre fois dans la vie de me réveiller au milieu de la nuit tout à fait désorienté. Je ne savais pas où j'étais ou même l'âge que j'avais. Une fois, cela a risqué de me causer des ennuis.
Je me suis réveillé confus. Je croyais que j'étais un enfant, mais je suppose qu'une partie de moi restait dans la réalité. Ma femme s'est réveillée et je lui ai demandé : « C'est toi, Phyllis ? »
Elle n'était pas trop contente. Elle m'a dit que si j'avais été chauffeur routier une telle question m'aurait attiré de gros ennuis.
Il y a des choses dans la vie qui nous font perdre notre orientation. Les jeunes quittent le foyer familial et pour un temps, ayant perdu leurs repères, ils sont perturbés, déboussolés. Les enfants s'envolent du nid mais les parents aussi sont dans la confusion durant un moment. Jusqu'à ce départ, la vie du foyer était en grande partie, centrée sur les enfants. Maintenant qu'ils n'habitent plus à la maison, les parents, esseulés, ne sont plus sûrs de qui ils sont.
Un mari meurt ou quitte sa femme et elle lutte. Un homme perd son travail et il se demande s'il a toujours de la valeur. Des positions que nous occupions depuis longtemps sont prises par d'autres et l'assurance que nous ressentions s'évapore.
Nous nous orientons nous-mêmes dans la vie selon des choses, des gens, ou des situations autour de nous et quand ces repères disparaissent, nous sommes déstabilisés et nous descendons en vrille, ayant perdu le contrôle de notre vie.
Je me suis réveillé l'autre matin et j'avais 60 ans. Ça peut faire un choc. Je me souviens d'un jour où j'étais assis dans un McDo à Charleville-Mézières, et j'avais l'impression que quelqu'un d'autre était assis presque en face de moi, sur ma droite. Mais en regardant de près, je me suis rendu compte que je connaissais l'homme. C'était mon image, renvoyée par un miroir !
C'est fou quand vous croyez avoir, intérieurement, 40 ans et que le miroir vous dit autre chose.
Enfin, je suis content d'avoir 60 ans, il y a là une certaine dignité. A 59 ans vous avez tous les inconvénients de cet âge sans avoir le prestige. J'ai pitié de mes amis dans la cinquantaine. Un jour, ils seront comme moi, s'ils vivent assez longtemps.
J'ai beaucoup réfléchi pourtant et je veux que les années qui me restent comptent pour le Seigneur. Vous avez 30 ans et vous êtes devant le but, ce n'est pas grave si vous donnez un coup de pied et que le ballon n'entre pas. Mais à 60 ans vous avez le sentiment qu'il est important de marquer parce que vous ne savez pas combien d'occasions il vous restent.
Heureusement, nous avons un Dieu qui est fidèle pour tous les âges et toutes les situations.
Si la vie vous a laissé désorienté, regardez vers le haut. Centrez votre regard sur le Seigneur et vous verrez que le vertige s'en ira et la confiance reviendra en vous. Jésus ne vous laissera jamais tomber.