Mordu par le grillon de joie
C'était au départ un dimanche normal. Je dis « au départ », parce qu'il ne s'est pas terminé comme ça.
Le pasteur Longhalein ronronnait depuis une heure et cinq minutes enfin arrivant au point 27 d'un message qui avait 37 points. Mais, il croyait que cela passerait parce que les dix derniers points commençaient avec : « en conclusion » ou une variation de cela.
Les visiteurs tressaillaient de joie d'entendre « en conclusion » mais les membres savaient qu'il ne fallait pas espérer jusqu'à environ la huitième conclusion quand il y avait peut-être de l'espoir.
Le frère Reposo respirait régulièrement dans sa chaise près du mur, les yeux fermés en contemplation. Quand ses contemplations le poussaient à ronfler, sa femme lui donnait un coup de coude qui provoquait quelques rires dans l'assistance derrière, heureux par une distraction. Quelques ados s'envoyèrent des textos, pendant que d'autres membres faisaient des courses ou rejouaient le match d'hier dans leur tête.
Pierrot est le seul qui l'a vu entrer dans la salle.
La soeur Hyper a dû partir tôt (elle ne pouvait plus le supporter) et quand elle a ouvert la porte l'insecte a sauté dans la salle. Pierrot envoyait un texto et l'a vu par hasard, sautillant dans le couloir entre les chaises avec un grand sourire au visage. « Woah ! C'est un grillon énorme » pensa-t-il en tordant le cou pour essayer de voir ou la bébête est passée.
La petite créature tourna à gauche à la rangée des chaises ou le frère roupillait et en arrivant jusqu'à lui, elle a ouvert toute grande la bouche pour mordre la cheville de la figure en repos.
Bizarrement, au lieu de crier sa douleur le frère Reposo commença de sourire très fort. Ses yeux se sont ouverts d'un coup et il cria :« Gloire à Dieu ! Je n'ai jamais eu un rêve comme ça. Jésus est tellement bon ! »
Sa femme pensa le réveiller avec son coude quand elle s'est rendue compte qu'il était déjà réveillé. Le pasteur trébucha un peu avec sa cinquième conclusion, se demandant ce qu'il y avait, mais il avait prêché dans des situations pires, alors il continuait avec courage.
L'insecte sautillait dans la pièce, cherchant quelqu'un. Il sauta jusqu'à la soeur Déprimo qui était perdue dans la contemplation de quelque chose d'infiniment triste et lourd. Cette fois-ci le grillon de joie a ouvert encore plus grande sa bouche et a mordu sa cheville avec une grande force.
« Woah ! » Elle sauta en air, la joie enflammant tout son être. « Quelle est cette émotion ? O, Dieu est si bon. Je ... je veux presque danser ! » Le frère Reposo s'était arrêté de dormir et il loua le Seigneur ; la soeur Deprimo leva les mains en louange. L'assistance les regarda, les yeux grands ouverts.
Le pasteur Longhalein persévérait : « Maintenant en conclusion... »
L'esprit de joie s'est répandu dans toute l'assistance. Les ados s'étonnaient de voir leurs parents et grands-parents louant le Seigneur avec allégresse. Pour eux, aller à la réunion était presque une punition et ils ne comprenaient pas pourquoi leurs parents ensommeillés semblaient soudain presque heureux d'adorer le Seigneur.
Partout dans la salle les gens glorifiaient le Seigneur Jésus. Même les jeunes, les pré-ados et les enfants élevaient la voix. Finalement le pasteur Longhalein s'est arrêté, promena ses regards autour de lui et après avoir éclairci sa voix dit : « je vous dérange ? » Il remarqua par hasard sa chaussure juste avant qu'un insecte étrange ouvrait toute, toute grande sa bouche pour le mordre de tout son coeur.
« Ah, non ! Ahh ... » Soudain il a ressenti une vague qui passa pardessus lui, quelque chose qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps. « O, Jésus a pardonné mes péchés. Il m'a sauvé ! Il m'a donné une place dans la famille de son Père. O, merci Seigneur. » Le pasteur versa de grandes larmes de joie.
Au milieu des réjouissances toute l'assistance a vu le petit grillon de joie se tenant devant l'estrade, leur adressant son sourire infectieux. Tout le monde souriait en retour—sauf le diacre Citronface.
Le vieux cria : « Ah, c'est toi qui es la source de ce scandale » et avant que quelqu'un réagit, il courait au devant et il l'a écrasé avec ses bottes de taille 47. Tout le monde avait le souffle coupait en voyant les restes de l'insecte, gisant parterre. La joie semblait évaporer de l'atmosphère.
Puis, ils l'ont entendu ...
Un doux son comme d'une flûte provenait des dépouilles. Ensuite des paroles musicales poussaient des ailes et commençaient à circuler autour de la salle. « La joie du Seigneur est votre force ... L'Eternel est ma force, mon bouclier. En lui je me confie ; il vient à mon secours. Aussi mon coeur bondit de joie. Je veux chanter pour le louer. »
La musique rebondit sur tous les murs. « Tu as transformé mes pleurs en une danse de joie et tu m'as ôté mes habits de deuil pour me revêtir d'un habit de fête ... »
Quand tout le monde croyait que la musique avait fini, une autre commença, montant en crescendo : « Car tu m'as fait connaître le chemin de la vie et tu m'as comblé de joie en ta présence. »
Le diacre Citronface a bouché ses oreilles et a couru de la salle. Quand la porte se fermait avec force derrière lui un coup de tonnerre secouait le bâtiment. « Que Dieu, qui est l'auteur de l'espérance, vous comble de toute joie et de sa paix par votre confiance en lui. Ainsi votre coeur débordera d'espérance par la puissance du Saint-Esprit. »
Enfin, tout s'est éventuellement calmé et l'assistance joyeuse avec leur pasteur regarda l'endroit où avait été le corps du grillon de joie. Ils ne voyaient rien. Un dernier chant, tout bas, tournait autour du lieu où on l'avait vu la dernière fois : « vous, de même, vous êtes maintenant dans la douleur, mais je vous verrai de nouveau : alors votre coeur sera rempli de joie et cette joie, personne ne pourra vous l'enlever. »
Les yeux tournaient lentement vers le visage du pasteur, taché des traces des larmes. « Mes amis, c'était formidable. Maintenant en conclusion ... » Les sourires commençaient à pâlir.
"Jésus est Seigneur et j'en suis tellement content que nous allons clôturer la réunion ! »