J'ai des soupçons

Un texte de David Porter
Sa femme a éveillé ses soupçons. Qu'est ce qu'elle manigançait ?

Quatre ou cinq fois, ces derniers jours, elle a semblé un peu confuse quand il est entré inopinément dans la pièce. Elle a tout de suite changé de sujet avec son interlocuteur à l'autre bout du fil téléphonique. Est-ce qu'elle avait un secret ?

Il avait même remarqué quelques achats douteux, quand il avait regardé le relevé bancaire la veille. " Chérie, qu'est-ce que cela ? " avait-il demandé. " Oh, rien. Rien du tout " avait-elle répliqué en termes évasifs. 

Un soir, ç'avait été le comble. Elle l'avait envoyé au supermarché pour acheter quelques petites choses, mais il était presque sûr que c'était un prétexte. Elle n'avait besoin de rien. Il sentait un rat. " Elle rencontre quelqu'un, " se dit-il. Il était presque certain de l'horrible vérité.

Elle avait un petit ami. Ou un secret problème d'alcool, ou un compte bancaire en Suisse dont il ne savait rien.

Dès son retour à la maison, il allait la confondre. " On va voir ! Elle ne peut pas se jouer de moi comme ça. Elle verra de quel bois je me chauffe !"

Il gara la voiture devant la maison, et claqua la portière avec violence.

Il s'approcha de la porte de la maison, la rage au coeur. Elle allait savoir qu'elle ne pouvait pas se moquer de lui si facilement ! 

Il ouvrit la porte et ..... " Surprise ! Heureux anniversaire ! " crièrent ensemble tous ses amis venus en foule l'attendre dans la maison.

" Oh... "

La nature humaine réagit avec la crainte et les soupçons. Elle décide : "il y a quelque chose de louche ici " beaucoup plus vite qu'elle ne dit : "je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai confiance en cette personne. "

Il y a une histoire dans la Bible qui illustre bien cette idée. Le peuple de Dieu combattait l'ennemi ensemble. Il chassait ensemble les ennemis du pays que le Seigneur lui avait donné. Quelle formidable machine de guerre il représentait, risquant leur vie les uns pour les autres, réclamant ce beau pays de la promesse.

Quelques années plus tard, la plupart des grandes batailles étaient finies.

Le moment était arrivé pour les deux tribus et demie de rentrer chez elles de l'autre côté du Jourdain. Ils se sont embrassés, puis les frères ont pris leur butin et sont retournés chez eux. La victoire laisse un bon goût à la bouche et la force dans les muscles. Vous vous sentez bien.

Peu de temps après, cette bonne harmonie a été brisée par des fausses notes. Un rapport était parvenu aux dix tribus, disant : " les tribus au-delà de la rivière ont viré à l'idolâtrie. " La preuve ? " Ils ont construit un grand autel pour des sacrifices à la frontière, à l'image de celui qui se trouve dans le tabernacle de Dieu à Silo."

" Une religion rivale ! Ils ne peuvent pas faire ça, Dieu l'a défendu. "

Des guerriers à l'air sévère attachent déjà leurs épées; la lance dans la main, ils attendent l'ordre d'attaquer leurs frères qui se sont de toute évidence éloignés du droit chemin.

Mais d'abord, envoyons une délégation pour essayer de les faire revenir dans la voie du bon sens.

Et voilà où l'histoire connaît un revirement bénéfique. Après avoir parlé avec les leaders de ces tribus, ils découvrent que cet autel n'a pas du tout été construit en rébellion contre Dieu. Il n'était pas destiné aux sacrifices, mais son but était de rappeler aux frères, au cas où ils l'oublieraient, qu'eux aussi ils étaient d'Israël. Bien qu'ils habitent de l'autre côté du fleuve, ils aimaient aussi Dieu.

Chacun s'est embrassé à nouveau, je suppose, et ils sont repartis dans la joie. Ce n'était pas ce qu'ils avaient soupçonné.

Avant d'arriver à des conclusions hâtives, il est bon de savoir ce qui est vraiment dans le coeur de l'autre.

Ne présumons pas automatiquement que quelque chose de différent est incorrect. Essayons de faire confiance à notre frère. Croyons qu'il veut plaire à Dieu par ses actions. Essayons de développer une réaction de confiance, au lieu d'une réaction de méfiance. Cela ne veut pas dire qu'éventuellement nous ne serons pas en désaccord, ou que nous n'allons pas trouver quelque chose que nous n'aimons pas. Mais cela signifie que nous ne voulons pas gâter la relation, en pensant tout de suite au pire, et en ouvrant notre grande bouche avant de savoir ce qui se passe en réalité.

Bien que quelqu'un fasse quelque chose d'une autre manière, cela ne veut pas dire qu'il n'aime pas le Seigneur. Ne lui attribuons pas des motifs incorrects, avant de savoir ce qui est dans son coeur.

Allons parler avec la personne, en essayant de comprendre d'où elle vient, et pourquoi elle agit de cette manière. Il est plus facile de larguer quelques bombes sur sa tête, puis de poser des questions plus tard. Mais il est difficile de recoller les morceaux d'une relation explosée aux quatre vents par nos réactions hostiles.

Dans cette situation, les deux côtés avaient raison. Ce n'est pas toujours que l'un a tort et l'autre raison.

Celui qui est le plus content de tous quand nous nous bagarrons, c'est le diable. Quand nous allons à la guerre ensemble, nous conquérons le pays.
Quand nous nous sautons à la gorge, l'un contre l'autre, le monde rigole !
Nous pouvons, quelquefois éventuellement, découvrir que nos soupçons étaient vrais. Nous faisons confiance, mais nous ne sommes pas naïfs. C'est seulement que notre première réaction est celle de la confiance. Parfois nous nous trompons, et ça fait mal, mais souvent nous avons raison en faisant confiance. Le risque que nous courons, en accordant notre confiance, vaut la peine à cause de la belle relation qui grandira de cette attitude.

Ne gâchons pas la fête par notre crainte.
Photo de David Porter
Pasteur
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