Ai-je mérité d'être trempé comme ça ?
Tout commença par un agréable voyage en train après deux bonnes réunions en Lorraine. Ma femme avait pris la voiture pour montrer cette partie de l'Europe à sa soeur et sa nièce qui étaient en visite. J'avais du travail, alors je suis rentré en train.
Normalement, j'arrivais à la gare d'Épernay vers 20h30, puis j'avais décidé de rejoindre Hautvillers à pieds. J'adore la marche et cela me faisait un bon exercice (plus de cinq kilomètres !)
Mais mes plans ont commencé à se dénouer à Bar le Duc où je devais changer de train pour continuer à Épernay. Il y avait eu une panne d'électricité, alors nous avons dû prendre le bus jusqu'à Chalons en Champagne pour terminer en train.
Je suis enfin arrivé à Épernay vers 22h. Comme il faisait encore jour, j'ai quand même décidé de marcher.
La première partie de la promenade n'était pas si mal, bien que je commençais à fatiguer. Avant de quitter la ville pourtant, j'ai vu des gros nuages noir à l'ouest qui ne présageaient rien de bon. «Seigneur, protège-moi de la pluie».
En avançant j'ai vu dans la faible lumière qui restait, des endroits plus clairs sous les nuages qui touchaient le vignoble. On aurait dit de la pluie ! « Seigneur ... ? »
Elle m'est tombée dessus quand j'ai pris la départementale. Une pluie torrentielle !
« Seigneur, fais en sorte que ça s'arrête ! »
Est-il possible de se noyer sous un orage ? Heureusement il n'y avait pas d'éclairs, seulement un peu de vent, mais la misère s'est vite installée avec la forte pluie qui faisait fondre ma bonne humeur. Beurk !
Quelques voitures m'ont passé sans s'arrêter. Je crois que moi non plus, je n'aurais pris quelqu'un en stop. Les seuls que vous vous attendez à trouver dehors sous une telle pluie, à presque 23h la nuit, sont ceux qui se sont échappés de l'hôpital psychiatrique.
J'ai quitté la départementale pour monter péniblement la route sur la petite montagne où notre village d'Hautvillers est perché. Les pentes chargées de vignes qui m'inspirent tant quand le soleil brille, semblaient menaçantes et maussades dans la très faible lumière sous les nuages bas et la pluie incessante.
Si cela était arrivé à mes amis Guy, Claude, ou Scott, j'aurais bien ri. Mais j'avais du mal à trouver l'humour dans cette situation parce que c'était moi et pas eux.
Soufflant comme un boeuf pour monter la grosse colline, les chaussures bien mouillées, les vêtements trempés me collaient comme une deuxième peau. J'espérais ardemment qu'il n'y aurait pas un papi qui descendrait la colline à toute vitesse dans sa petite voiture et m'écraserait dans l'obscurité.
« T'as vu ça, Jules ? Je crois que nous avons écrasé un lapin ! » « Un lapin ! C'était plutôt un lièvre, un grand lièvre. »
En marchant, j'ai réfléchi. « Il doit y avoir une Tache de Café quelque part. » Je confesse, pourtant, que j'avais du mal à trouver un sens spirituel et profond de cette situation. Je ne voyais aucun aperçu de vérité qui changerait des vies. Je marchais simplement, trempé jusqu'aux os, grommelant et rêvant d'arriver instantanément à la maison, comme par magie.
Je suppose que ça arrive quand vous marchez à 23h. J'aurais pu être païen, athée ou grenouille et la pluie serait probablement venue. Ça veut-il dire que Dieu n'écarte pas la pluie de nous parfois ? Mais non ! Il le fait. Quelqu'un m'a raconté récemment son expérience d'avoir prié quand la pluie menaçait et la fin de cette histoire était beaucoup plus sèche que la mienne.
Ce n'est pas pourtant comme si je n'avais pas eu d'options. J'aurais pu prendre un taxi. C'est à dix minutes pour lui et à Epernay ce n'est pas si cher que ça.
Il y a deux dangers dans une telle situation : l'un est de croire qu'il n'y a jamais une signification à ce qui arrive et l'autre est de croire qu'il y a toujours une signification profonde. Parfois Dieu vous parle dans une situation donnée mais parfois « c'est la vie », qu'est-ce que vous voulez ?
Enfin, être Chrétien ne vous exclut pas toujours des ondées de la vie. Si vous êtes assez bêtes pour vous promener au beau milieu de nulle part au milieu de la nuit, vous serez mouillé de temps à autre.
Il y a des expériences beaucoup plus difficiles qu'une petite pluie sur la tête. Un frère m'avait appelé plus tôt dans la journée, sa voix pleine de douleur. Le cancer torturait son corps et il voulait que je prie. Les Chrétiens aussi passent par des moments durs.
Dieu, guérit-il ? Fera-t-il des miracles ? Mille fois OUI ! Seulement, il y a des montagnes auxquelles vous parlez et elles se jettent dans la mer (miracles) et d'autres que vous devez escalader (maturité). Dans les deux cas, la montagne ne pose plus d'obstacle après, mais dans le deuxième cas vous développez des muscles en montant.
Les deux expriment notre foi. Les deux passages suivants restent puissants et vrais :
Et ...
Mon expérience n'était pas si mal. Il est toujours bien de voir le bon côté de la vie. Je suis arrivé à la maison trempé à fond. Mais, pensez. S'il n'avait pas plu j'aurais été quand même mouillé—de transpiration. Et j'aurais pué de surcroît !
Dans mon cas, tout ce qu'il me fallait faire était de m'essuyer et le bain était fini. La sueur ne serait pas partie si facilement.