S'affranchir du regard des autres - Julia Payan

Un texte de Claude & Julia Payan

S'affranchir du regard des autres, ce n'est évident pour personne, mais encore moins pour une femme qui veut servir Dieu, et qui plus est : pas de manière "traditionnelle" ! C'est tout un parcours. Il va falloir "briser des moules" pour ne pas être brisés par eux.

S'affranchir du regard des autres

Pendant des années j'ai eu du mal à accepter qui j'étais vraiment. En effet plusieurs facettes artistiques de ma personnalité ne semblaient pas « caser » avec le contexte qui m'entourait.

D'abord dans la famille anglaise « victorienne » dans laquelle j'ai grandi, il existait un « mot d'ordre » : Il fallait être « respectable », toujours craindre ce que les gens pourraient penser. Surtout ne pas laisser libre cours à nos émotions, ne pas se permettre de fouiller nos sentiments et garder nos chagrins cachés.
On se refusait même à trop penser à ce qui faisait mal pour ne pas souffrir. Quand mon frère a disparu pendant une dizaine d'années mon père et ma mère n'en parlaient jamais.

Puis, lorsque je me suis convertie, même si nous n'avons jamais été pleinement « assimilés » avec Claude, mes années dans les milieux évangéliques, tant en tant que chrétienne, que femme et que femme de pasteur, si elles m'ont apporté de bonnes choses n'ont pas trop participé à libérer la Julia de l'intérieur autant que je l'aurais désiré.

Il a fallu que Claude et moi, un jour, las de jouer un jeu qui ne nous convenait plus, décidions de « casser le moule » pour que, progressivement et bien plus rapidement, j'apprenne à libérer et assumer pleinement plusieurs facettes de mon identité qui n'étaient rien d'autre qu'un don de Dieu.

Pendant que mon mari décidait de ne plus être le pasteur trop classique qu'il s'était efforcé d'être pendant plusieurs années, je décidais, de mon côté, de ne plus être la femme, et la femme de pasteur, trop classique que je m'étais efforcée d'être.

Mais, comment s'y prendre lorsque l'on n'a pas un exemple féminin à proximité ?

Dans mon entourage, j'ai bien cherché pour trouver des exemples de femmes pour m'inspirer, mais c'était très compliqué : femme, pasteur, artiste, musicienne et un peu clown sur les bords... Je ne voyais pas...

Heureusement j'avais un mari qui m'a toujours encouragée et qui a été toujours derrière moi dans cette quête.
Et, les années qui suivirent, nous nous sommes aidés chacun, par le regard d'amour que nous portions l'un sur l'autre, à nous libérer du regard des autres ! Mon mari m'a aidé à casser mon moule pendant que je l'aidais à casser le sien.

Souvent on case une personne dans une boite par rapport à ce que l'on pense qu'elle est où qu'elle doit être

Et chaque fois qu'on a l'impression qu'elle essaye de sortir de la boite pour exprimer une autre partie de son identité, on essaye de la recaser dans la boite comme si on se sentait menacé par elle ou encore comme si on avait un droit – que l'on n'a pas- de décider à sa place.

Des parents peuvent agir ainsi vis à vis de leurs enfants, un conjoint vis à vis de son conjoint ; et même avec les meilleurs motivations.
Mais au-dedans de moi, je n'avais pas envie d'être ce que d'autres pensaient que je devrais être ou ne pas être. J'avais envie d'être ce que Dieu voulait que je sois, ce pour quoi il m'avait créée.

S'affranchir du regard des autres

Mais pour arriver à cela, c'est un parcours pénible. Il va falloir affronter le regard des autres, de nos propres frères et soeurs selon la chair comme ceux dans l'église.

Quand vous arrivez quelque part, il ne va pas falloir essayer de toujours tout faire comme les autres. Il va falloir se différencier des autres même si on doit être la première dans un domaine à faire quelque chose de nouveau.

On devient alors, malgré nous, un exemple de liberté auquel les autres peuvent se référer pour leur propre vie.

S'affranchir du regard des autres, j'emploie cette expression non pas dans le sens qu'il ne faut plus prendre en considération les autres du tout, ce qui serait déséquilibré, mais par rapport aux attentes que les autres peuvent avoir à votre égard, des déceptions même qu'ils peuvent manifester.

Tout cela peut exercer une pression qui vous pousse à ne plus faire, ni être que ce que les autres attendent de vous, plutôt qu'à laisser s'exprimer le vrai «moi».

J'ai dû moi-même apprendre à accepter qui j'étais : une artiste avec une sensibilité prophétique.

Il a fallu que je me libère déjà moi-même en premier dans ma tête et ensuite trouver mes voies d'expression, celles que le Seigneur ma montrées.
J'avais tellement le désir de le servir avec tout ce que je suis, en étant moi-même et non la copie de quelqu'un d'autre ; et encore moins de la femme de pasteur « traditionnelle ».

J'ai décidé de servir Dieu en tant que qui je suis vraiment, avec les dons qu'il m'a donnés, sans plus essayer de me conformer à ce que l'on attendait, dans un certain milieu, d'une femme de pasteur.

Eh, vous voulez savoir ? Qu'est-ce que ça fait du bien !
Il est bien de s'affranchir du regard des autres, mais il est aussi important de pouvoir être encouragée dans ce sens par notre conjoint ou nos amis.
Notre vocation est celle de « libérateurs », n'oublions pas, dans notre zèle à vouloir libérer les autres, de nous libérer nous-mêmes !!!

Je tiens régulièrement des réunions pour les femmes. Le mois prochain environ trois cent femmes de plusieurs églises seront réunies, avec qui je vais partager, entre autres, ces mêmes réflexions contenues dans cet article.

Aujourd'hui je peux dire à ma façon : « L'esprit du Seigneur l'Eternel est sur moi, car Il m'a ointe pour porter de bonnes nouvelles au malheureuses, pour... libérer les captives ! »

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