Réforme + - Claude Payan

Un texte de Claude & Julia Payan

Je reçois pour ces temps, très fort, que cette parole de Jérémie 1 : 10, où Dieu lui dit qu'Il l'appelle autant pour détruire que pour construire, ne peut être mise en application n'importe comment si nous ne voulons pas qu'elle se retourne contre nous.
Je crois qu'il est impératif de comprendre, dirigés par l'Esprit, ce que nous sommes appelés à détruire (mentalités mauvaises, formes inadéquates, religiosité, etc.) et ce que nous devons faire très attention de ne pas détruire.
 

Nous constatons à travers nos voyages, à la fois, que Dieu est à l'oeuvre ainsi que les souffrances du peuple et de beaucoup de pasteurs. Et cela nous interpelle.

Tant de gens – allez savoir pourquoi – veulent régulièrement nous caser dans un ministère d'évangélistes. La manière dont ils le font est comme pour dire : « Contentez-vous de chanter et d'évangéliser et laissez-nous enseigner le peuple de Dieu ».

Dans certaines situations j'interpréterais même ces réflexions par : « Laissez-nous continuer à l'asservir... vous êtes bien gentils avec votre air pas trop traditionnel, mais ça c'est bon pour des évangélistes, enseigner est une affaire de gens sérieux... »

Evangéliser est la part de tout ministère et de tout chrétien, il y a donc toujours des réunions dans nos voyages consacrées à cela, mais ce n'est pas notre appel majeur.

Notre appel est d'annoncer au peuple de Dieu qu'il y a autre chose que ce que l'on a connu jusqu'à présent, quelque chose de mieux, de plus satisfaisant et puissant aussi en terme de vie chrétienne et de vie d'église.

Que des couples en Christ peuvent développer une relation toujours plus épanouissante plutôt que destructrice, pour servir dans la complémentarité.
Que revêtir l'image du chrétien un peu trop classique n'est pas une obligation pour marcher dans la sanctification. « Casser le moule » ne vous permettra que de découvrir des horizons nouveaux et meilleurs.

Bref, nous croyons en une réforme du christianisme dans ces temps, et donc de l'église par répercutions, mais dans la sagesse et selon la direction de Dieu.

Je reçois pour ces temps, très fort, que cette parole de Jérémie 1 : 10, où Dieu lui dit qu'Il l'appelle autant pour détruire que pour construire, ne peut être mise en application n'importe comment si nous ne voulons pas quelle se retourne contre nous.

10 Regarde, je t'établis aujourd'hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu abattes, pour que tu ruines et que tu détruises, pour que tu bâtisses et que tu plantes.

Je crois qu'il est impératif de comprendre, dirigés par l'Esprit, ce que nous sommes appelés à détruire (mentalités mauvaises, formes inadéquates, religiosité, etc.) et ce que nous devons faire très attention de ne pas détruire.

Je m'explique : beaucoup de gens sont saisis d'un désir de changement aujourd'hui, et c'est légitime, mais n'emploient pas les bonnes méthodes pour y arriver. Ils veulent un peu tout casser et « tirent sur tout ce qui bouge ». Ils cassent du pasteur sans arrêt et ne trouvent rien de bon dans l'église.

Certains sites de serviteurs de Dieu ne sont remplis que d'articles toujours plus négatifs les uns que les autres, tout le monde devient Babylone, tout le monde doit se repentir, tout le monde a des démons... sauf eux.

Quand on regarde de plus près leur vie personnelle, on se rend compte qu'ils veulent souvent tout changer sans s'être changé eux-mêmes. Beaucoup sont des redresseurs de tort qui ont oublié de se redresser eux-mêmes.

Lorsque l'on parle de nouveauté, de « réforme », comme pour tous les sujets il y a aura toujours ceux qui, si l'on ne veille pas (et même si l'on veille), amèneront cette vérité à l'extrême.
Ils voudront tout raser pour tout reconstruire ! Tout oublier pour ne penser qu'au nouveau ! Mépriser le passé pour bâtir le futur !

Or, ce serait un tort et manque de respect vis-à-vis de ce que Dieu a fait et révélé dans le passé que d'agir de la sorte.
Si l'on peut réformer la réforme de ceux qui sont passés avant, c'est bien parce qu'ils nous ont permis d'en arriver là où nous en sommes.
Ce qui me gêne chez certains, c'est qu'ils dénigrent parfois tout ce qui s'est fait avant eux.

C'est difficile d'amener un pasteur à réaliser qu'il faut entrer dans une nouvelle dimension, si quand on parle on lui donne l'impression que tout ce qu'il a fait est du n'importe quoi.

Réformer, c'est bâtir sur les fondements posés par d'autres dans le passé tout en allant plus loin ! C'est bâtir plus haut à partir de ce qui existe et non en niant ou en dénigrant ce qui existe.

C'est pourquoi notre attitude doit être des plus respectueuses à l'égard des aînés, et spécialement des hommes de Dieu qui nous reçoivent dans leur église.
Ou encore qui ont oeuvré avant nous dans une région (la démarche doit exister aussi dans l'autre sens, mais c'est un autre sujet).

Il y a beaucoup de choses que l'on aimerait tous voir changer, mais les critiquer et les démonter sans avoir mieux à proposer est très dangereux.

C'est même spirituellement très dangereux. Car il existe un principe biblique : quand on arrache une mauvaise plante il faut planter autre chose à la place, sinon la mauvaise plante finit par revenir avec plus de force.

Ce principe est exprimé par Jésus au sujet de ce que fait un mauvais esprit lorsqu'il sort d'une personne.
Cesser de parler de mauvaises paroles sans commencer à en en parler des bonnes verra les mauvaises revenir au galop au bout de quelques temps.

Détruire quelque chose sans rien reconstruire à la place ne va rien résoudre, bien au contraire.

Beaucoup de gens insatisfaits font tout pour faire éclater des églises, mais le problème est qu'elles n'ont pas de programme meilleur à proposer que celui qui existait, sinon un pire.
A quoi bon avoir déstabilisé des dizaines de personnes qu'on laisse ensuite dans la nature car on est incapable de s'en occuper correctement ?

Avec le recul, je me rends compte que lorsque j'étais pasteur (dans une autre vie) je n'ai pas fait beaucoup mieux que les autres.

Et je n'ai, à ce jour, pas de solution précise et concrète à proposer... donc je préfère me taire et déjà bénir ce que l'on me permet de bénir.

Il est souvent plus facile de tout casser plutôt que de chercher le chemin des coeurs et la clef qui permet de les ouvrir. Ca demande plus d'effort et surtout plus d'amour.

Maintenant, « réformer » d'accord, mais réformer... quoi ?

3 Ainsi parle l'Eternel des armées, le Dieu d'Israël : Réformez vos voies et vos oeuvres, Et je vous laisserai demeurer dans ce lieu.

Il n'y a rien à réformer si Dieu ne nous a pas montré quoi et comment le réformer. A l'époque de Malachie, les Hébreux, suite aux reproches du Seigneur, s'interrogeaient et interrogeaient Dieu à ce sujet :

6 Un fils honore son père, et un serviteur son maître. Si je suis père, où est l'honneur qui m'est dû ? Si je suis maître, où est la crainte qu'on a de moi ? Dit l'Eternel des armées à vous, sacrificateurs, Qui méprisez mon nom, Et qui dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom ? 7 Vous offrez sur mon autel des aliments impurs, Et vous dites : En quoi t'avons-nous profané ? C'est en disant : La table de l'Eternel est méprisable ! Lire la suite

Parfois les choses ne sont pas claires dans notre esprit. On ne sait plus quoi changer ni pourquoi, quoi détruire et quoi bâtir. On s'est tellement habitué à l'anormal qu'il est devenu normal.

Et quand Dieu nous parle de réforme, comme les Hébreux on répond : « Qu'est-ce qui ne va pas ? Que faut-il réformer ? »

Nous pouvons constater dans les pays francophone un corps de Christ malade. Avant de devenir un sujet de guérison pour les nations, il faut que ce corps, du moins une partie, soit lui-même guéri.

Et il en est de même pour chaque individu, il faut toujours s'assurer d'avoir réformé soi-même les choses que l'on demande aux autres de réformer.

Vous pouvez réformer autant que vous voulez toutes les structures, si votre propre coeur et le coeur des personnes avec qui vous travaillez ne sont pas réformés vous vous retrouverez de nouveau avec les mêmes problèmes et vous reconstruirez les mêmes choses que vous avez détruites. Voire pire. C'est un principe !

Nous avons tout un héritage évangélique que nous sommes appelés à secouer. Nous reproduisons souvent les schémas de nos aînés. Or, une grande majorité de nos aînés ont bien démarré pour malheureusement finir par s'empêtrer dans des schémas alourdissants ; quand ce n'est pas pour mal finir.

Certains ont fini découragés, dépressifs, ou encore aigris, reproduisant à l'égard d'autres les erreurs faites à leur encontre des années plus tôt. Il semble qu'ils n'ont pas su faire, en cours de route, les réajustements nécessaires.

Voulons-nous, par là, mépriser ce qu'ils ont fait ? Loin de là ! Nous bénéficions aujourd'hui de ce que ceux qui sont passés avant nous ont fait. Mais nous pouvons aussi bénéficier de leurs erreurs pour ne pas les reproduire.

C'est justement au moment où nous nous rendons compte que nous risquons de prendre les mêmes chemins de traverses que d'autres ont pris qu'il faut réagir.

Chaque réformateur a eu à réformer une part de l'héritage qui lui avait été légué par ses prédécesseurs. Soit parce que ce qui était bon à leur époque ne l'était plus à celle des nouveaux venus, soit parce qu'ils ont fini par s'embourber dans des terrains dont il fallait sortir l'Eglise.

Il n'y a pas eu de mouvement de réforme sans qu'il paraisse des hommes inspirés par Dieu pour amener les choses plus loin.
Un réformateur, ou revivaliste, est quelqu'un qui permet de faire passer l'Eglise d'une rive à l'autre, si je puis dire. Les réformes qu'il met en route changent la face de l'Eglise, son fonctionnement et son image.

Mais réformer, ce n'est pas tout balayer sur son passage. On ne pourra jamais se propulser dans un futur glorieux si on ne sait pas reconnaître et garder ce qui a été glorieux dans le passé.

Disons-le comme cela : Dieu ne bénira pas dans le futur ceux qui méprisent tout ce qui s'est fait dans le passé.

Quelqu'un a dit : « Le changement, c'est pour maintenant » en bâtissant son programme sur le dénigrement de son prédécesseur. Aujourd'hui il est bien embêté... non seulement il n'y a pas eu de changement, mais il y a une véritable régression.

C'est en général ce qui se passe avec les serviteurs de Dieu qui veulent tout casser et qui vont d'église en église pour tout critiquer ; au bout d'un moment, c'est eux qui régressent.

Le Seigneur ne veut pas réformer des organisations avant tout, mais un système et une manière de penser. Ne pas foncer n'importe comment et ne pas tout casser, savoir rejeter le mauvais et garder le bon, fait partie de cette « réforme équilibrée » de notre manière de penser.

Voilà une simple réflexion, mais qui peut bien nous aider en ces temps qui sont devant nous.

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